Une justice en dessous de tout soupçon…

Procès du ministre Hubert Oulaye : Le témoignage qui accable le ministère de l’Intérieur

La première session ordinaire de la Cour d’assises d’Abidjan comptant pour l’année judiciaire 2017-2018, est ouverte depuis le 11 décembre 2017, au palais de justice du Plateau. Le ministre Hubert Oulaye (président du Comité de contrôle du parti de Gbagbo) comparait devant cette Cour d’assises depuis le lundi 18 décembre dernier, pour répondre des faits de «complicité d’assassinat de 7 Casques bleus du contingent nigérien de l’Onuci et de 8 civils» à Guiglo en 2012.
Il lui est précisément reproché d’avoir fourni, notamment au nommé Léon Pape Roger alias Didier Goulia «la somme de deux millions de Fcfa pour acheter des produits d’entretien d’armement de combattants».

Selon Maitre Ange Rodrigue Dadjé, l’un des Avocats de Hubert Oulaye, ce procès est monté de toute pièce par la Direction de la surveillance du territoire (Dst) instrumentalisée par le ministère de l’Intérieur et de la Justice d’alors. «Le ministre Hubert Oulaye est poursuivi aujourd’hui pour crimes. On lui reproche d’avoir été complice du meurtre des soldats onusiens le 6 juin 2012. Rappelons qu’en 2012, M. Hubert Oulaye était en exil au Ghana. Dans le cadre des discussions et accord entre le gouvernement et le Fpi, il est autorisé à rentrer en Côte d’Ivoire en 2014. Tout s’est bien passé pendant six (6) mois après son arrivée, mais il va se trouver qu’au sein de son parti, il y a des dissensions entre lui et M. Affi N’guessan. C’est ainsi qu’un matin, il reçoit un courrier de M. Affi N’Guessan, qui fait ampliations dudit courrier au ministre de l’Intérieur et au Procureur de la République. Ce qui nous a paru inquiétant que d’associer des autorités judiciaires et ministérielles, pour une affaire qui devait être réglée selon les textes du parti. Mais, deux jours après, suite à ce courrier, M. Hubert Oulaye est arrêté chez lui à la maison (le 4 mai 2015 : Ndlr) sans convocation préalable et il est conduit à la Dst. Mais arrivée à la Dst, fautes de preuves à charge, il fallait bien lui trouver quelque chose à lui reprocher et le charger de faits graves. C’est pourquoi, la Dst a toute de suite trouvé l’affaire de meurtre de soldats onusiens pour la coller au ministre. Puisque qu’il est de l’ouest et c’était une bonne trouvaille pour la Dst…», explique Me Dadjé.

Les témoignages qui accablent le ministère de l’Intérieur

A la suite de ces révélations faites par Me Dadjé Rodrigue, des témoignages des co-accusés du ministre Hubert Oulaye accablent les services de l’ex-ministre des l’Intérieur, Hamed Bakayoko. Précisément les témoignages des nommés Léon Pape Roger alias Didier Goulia et Brou Serge Pacôme Durand fait devant le juge d’instruction du 10ème cabinet en octobre 2015. En effet selon leurs dépositions, ces deux co-accusés dans cette affaire, mettent à nu la complicité du ministère de l’Intérieur dans la fabrication des faits pouvant conduire à l’inculpation du ministre Hubert Oulaye. Poursuivi dans ce dossier, Léon Pape Roger alias Didier Goulia a été interrogé par Kra N’dri (juge d’instruction du 10ème cabinet, au tribunal de première instance d’Abidjan-Plateau) le 22 octobre 2015, en présence de Maitre Glahou Hermann Ghislain (Greffier assermenté) et de Me Dako Zahui Toussaint (Avocat de l’accusé). «J’ai été interpellé le 14 avril 2015 au bureau du ministre de l’Intérieur ou je me suis rendu en compagnie de deux députés pour lui signifier mon intention de reprendre le service après mon retour d’exil. Je précise que je suis fonctionnaire des Douanes. Et c’est le ministre qui m’a informé que plusieurs personnes m’ont impliqué dans la commission de plusieurs faits…», témoigne cet inculpé dans son procès verbal (Pv) d’audition.
«Rappelez-vous avoir reçu du ministre Oulaye Hubert la somme de 2.000.000Fcfa ? » Interroge le juge. «Non. Ni en Côte d’Ivoire ni au Ghana, il ne m’a donné une telle somme. Jamais il ne m’a remis une somme au-delà de 50.000Fcfa. Et d’ailleurs, cela s’est passé une seule fois telle que je viens de préciser plus haut. Je voudrais ajouter qu’à la Dst, il m’a été rapporté que le ministre m’a donné la somme de 50.000 Fcfa. Même dans le bureau du Directeur de cabinet du ministre de l’Intérieur, il m’a été rapporté que le ministre Oulaye Hubert m’a donné la somme de 400.000.000Fcfa. Ce matin (22 octobre 2015) vous me parlez de la somme de 2.000.000 Fcfa. Il vous appartient donc d’apprécier la variation des différents montants…», répond-t-il au juge. «Il ressort du Pv d’enquête préliminaire que vous êtes l’homme de main de Oulaye Hubert et que le somme de 2.000.000Fcfa qu’il vous a remis était destinée à l’achat des produits  d’entretien de l’armement des combattants de l’ouest. Qu’avez-vous à y répondre ?» Insiste le juge d’instruction. «Non, je ne suis pas l’homme de main du ministre Oulaye Hubert. D’ailleurs je ne sais pas ce que recouvre cette expression. Je voudrais vous indiquer que je suis fonctionnaire des Douanes et je vis décemment. En tant que cadre de la région, je lui rends visite, je ne sais donc pas pourquoi je dois être son homme de main. Il ne m’a jamais donné la somme de 2.000.000Fcfa à l’effet d’acheter des produits d’entretien de l’armement». Réplique le co-accusé.

De même pour Brou Serge Pacôme Durand, également co-accusé dans le dossier. Il a été interrogé sur les faits par le même juge d’instruction le 22 octobre 2015 (10h16). En présence du même Greffier et de son conseil, Me Koné Katina Arsène, son Avocat. «Je ne connais pas le ministre Oulaye Hubert. Je ne connais pas Léon Pape Roger alias Didier Goulia. Je ne les ai jamais rencontrés en dehors d’ici. J’ai été interpellé le 8 mars 2012 à Marcory…», objecte l’accusé. Il répondait ainsi à une question du juge relative au ministre Oulaye et Léon Pape Roger alias Didier Goulia.  «Le nommé Brou Serge Pacôme Durand alias Tone (détenu à la Maca), l’un des assaillants, a cité Léon Pape Roger alias Didier Goulia, homme de main de Hubert Oulaye, comme étant le responsable de la zone de l’ouest chargé du recrutement des mercenaires libériens et de l’achat d’armes aux fins d’installer une rébellion. Il a également reçu de la part du ministre Hubert Oulaye le somme de 2.000.000Fcfa pour l’achat de produits d’entretien pour l’armement des combattants’’ et recueillons ses observations», lui rapport le juge d’instruction. «Je tombe des nues. Je ne sais pas où l’agent enquêteur a pris toutes ces informations. Comme je l’ai dit plus haut, je n’ai jamais vu ni le ministre, ni Léon Pape Roger. Jusqu’à ce matin (22 octobre 2015) je ne les ai jamais rencontrés…», s’étonne-t-il.

Pourtant nulle part, il n’existe dans aucun document de cette enquête, en tout cas, ans ceux qui sont présentés par le parquet général dans le cadre de ce procès, une trace de cette déclaration. C’est justement fort de l’inexistence de ces documents importants pour la manifestation de la vérité que les Avocats de la Défense les ont exigés. Sinon, ils se retirent du procès. En effet, Me Dadjé et ses confrères avaient quitté l’audience le mardi dernier. Parce qu’ils ne disposent pas de documents produits par le parquet général. Notamment le rapport de synthèse de la Direction de la surveillance du territoire (Dst) produit par l’Accusation, mais dont ne dispose pas la défense. De plus selon Me Gohi Bi,  «le rapport d’une synthèse n’est pas un procès-verbal d’audition», qui lui non plus ne figure pas au dossier non plus.

LeTempsInfos.com

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#Assises2017 CONTRE OFFENSIVE : HUBERT OULAYE MET LE TRIBUNAL SUR « UN PIED » ET DÉTRUIT LES 3 MENSONGES LA FAMEUSE NOTE DE SYNTHESE DE LA #DST

Ministre HUBERT OULAYE au procès d’hier:

«C’est à la Dst que j’ai été informé que des agents auraient été assassinés. La DST peut pister toutes mes communications. Si j’ai communiqué avec un Libérien, pourquoi n’ai-je pas communiqué avec un contact ghanéen? Je note, en lisant la note de synthèse de la Dst, que ce sont des mensonges que la Dst n’a fait qu’aligner.

Cette note de synthèse est truffée de mensonges. La note indique qu’il y a un aérodrome à Taï. M. le président, je voudrais rappeler à la Cour que j’ai été président du Conseil général de Taï. Il n’y a pas d’aérodrome à Taï. C’est le premier mensonge.

Dans le document, on parle de Mao Glofiéi qui serait mêlé à cette attaque. Mais Mao était en prison en 2012. Alors comment peut-il être en contact avec un Libérien au Libéria?

Troisième mensonge, selon le document de la Dst, j’aurais remis deux millions à un certain Goulia, pour la remettre à un jeune Libérien. Mais le concerné lui-même, dans son audition, a soutenu n’avoir jamais reçu une telle somme de ma part et a soutenu ne connaître ni d’Adan, ni d’Eve, ce Libérien»,

Sur cette déposition, le co-accusé Guiré Danhoué Maurice est admis dans la salle d’audience pour son interrogatoire. Sur des questions de forme, Guiré Danhoué Maurice déclare à la Cour qu’il était un ex-membre de groupe d’autodéfense. Il soutient ne pas connaître le ministre.

«C’est pendant mon arrestation que j’ai appris que j’aurais déclaré que Hubert Oulaye aurait remis de l’argent à Goulia. Je n’ai jamais dit cela. Le juge d’instruction ne m’a jamais posé cette question. Je ne me reconnais pas dans cette déclaration. J’étais déjà en prison quand l’attaque a lieu. Je n’ai jamais participé à cette attaque»,

Procès reporte le 26 décembre pour les plaidoiries de la défense et les réquisitions du parquet.

Avec Dezogno Louoba
Léo Côte D’Ivoire IV/