Syrie, les dernières analyses

Les détails de l’attaque israélienne sur la Syrie au cours de laquelle des objectifs militaires iraniens ont été détruits et un Il20 russe avec 15 membres d’équipage abattu, commence à être connus. Mais d’un autre côté, le jeu diplomatique qui environne cette confrontation israélo-irano-syrienne à l’intérieur de la guerre menée contre Assad par les occidentaux, apparaît quant à lui de plus en plus trouble.

Un ancien Commandant de base aérienne française rappelait sur RT en citant Clemenceau que les plus gros mensonges étaient prononcés « avant les élections, pendant la guerre et après la chasse ».

Les déclarations officielles, entre la colère rentrée de Poutine et les larmes de crocodile de Netanyahou, n’échappent pas, elles aussi, au jeu hypocrite du théâtre du Grand échiquier.

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CÔTÉ MILITAIRE :

Ce que l’on sait :

– La frégate française « Auvergne » n’a pas réellement tiré de missiles mais fait des simulations de tir juste avant l’attaque israélienne.

Ces tirs de simulation ont été détectés par les radars de la défense syrienne qui a alors concentré ses ressources vers la frégate, au moment où les chasseurs israéliens effectuaient leur vol d’approche au large des côtes libanaises.

Impossible que ce soit un hasard, surtout sur un théâtre d’opérations où les forces occidentales sont en coopération et communication permanente.

Et ce tandem israélo-francais est d’ailleurs une réalité qui a donné lieu à des exercices conjoints en Méditerranée autour de la coordination d’attaques communes (par exemple en juin dernier à Toulon)

– Les 4 F16 israéliens qui ciblaient des objectifs du Hezbollah en Syrie (dont des gros porteurs logistiques aériens) ont caché leur hippodrome de tir derrière celui de l’il20 russe dont la signature radar attirerait les missiles S200 syriens dans leur phase finale au moment où le guidage thermique est engagé.

Là aussi le hasard est impossible surtout dans un conflit comme la Syrie où les forces en présence sont dans une communication et une surveillance mutuelles permanentes. La présence détectée d’un troisième larron, un chasseur de la RAF britannique, confirme l’exécution d’une opération combinée occidentale.

Ce que nous avons en fait, c’est une opération franco-israélienne et probablement britannique illégale qui a réussi à contourner le bouclier défensif russo-syrien par la ruse la traitrise et une confusion organisée.

Les F16 qui n’étaient que 4 après avoir longé les côtés libanaises ont tiré sans survoler le territoire syrien, touchant leurs objectifs malgré un nombre important de missiles interceptés puis, ils sont rentrés tranquillement vers leur base.

Reste le crash de l’avion russe et ses 15 victimes.

Qu’il ait été le fruit d’un tir fratricide syrien ou d’un tir intentionnel israélien, la responsabilité de Tel Aviv reste intacte dans cet acte de guerre.
En effet mise en garde plusieurs fois par Moscou, Tsahal, qui reconnaît avoir réalisé plus de 200 attaques en territoire syrien depuis la guerre, a maintenu son bombardement illégal, mis en danger sciamment un avion russe, prévenant son État Major seulement une minute avant le bombardement (pour utiliser l’avion comme bouclier le plus longtemps possible le bouclier radar de l’avion)

CÔTÉ POLITIQUE

Sur ce théâtre d’opérations syrien plusieurs conflits se superposent, et dans les domaines politique économique ou même religieux : Israël/Syrie, Turquie/Kurdes, Arabie Saoudite/Iran, Liban/Israël, Chiites-Sunnites, etc…) sur lesquels viennent se rajouter d’autres acteurs (Russie, Chine, USA, UE)

Or, les acteurs comme leurs intérêts dans la région sont rarement compatibles voir divergents, malgré les alliances et partenariats de circonstances.

Mais c’est surtout la confrontation entre une logique de guerre à court terme (USA and Co) et une logique de paix à long terme (Russie) qui jette ce conflit dans une impasse.

Ainsi à Idlib ou les accords récents ont certes retardé l’offensive syrienne et sa réaction en chaîne occidentale, mais qui permettent de maintenir en Syrie des groupes terroristes et donc bases américaines d’occupation.

Ici aussi, Moscou a crédité la version du tir fratricide syrien pour la perte de son avion et tout en pointant du doigt l’attaque israélienne, ne riposte pas contre cette dernière (tout comme le chasseur russe abattu par les turcs il y a 3 ans).

Et on peut observer la même stratégie de l’autruche vis à vis de l’Ukraine et des accords de Minsk qui finalement ne font que retarder une guerre inévitable sans résoudre le blocage d’un paix illusoire.

A force de courber le dos on finit par tendre son cul ! Surtout devant des adversaires qui ne respectent aucune règle…

Mettre les points sur les i, comme le fait depuis des années la diplomatie russe, ne suffit pas. Il faut savoir aussi mettre les poings sur les yeux.

Car ici, l’opération menée par Tsahal est une humiliation militaire et un camouflet politique, qui ne peuvent rester sans réponse.

Erwan Castel