Quand la Fesci se retrouve autour de Guillaume Soro

La rencontre entre anciens fescistes qui s’est déroulée au domicile du leader de la rébellion armée (pci), vice-président du RDR ce dimanche 18 mars 2018 est tout simplement un scandale, un grossier montage, une imposture intolérable et inadmissible.

Les anciens de la FESCI ne peuvent pas donner une image aussi hideuse et méprisable de cette prestigieuse organisation à laquelle d’ailleurs ils n’appartiennent plus.

Mais pourquoi la FESCI se déplacerait-elle au domicile de Soro en particulier pour ne serait-ce que des retrouvailles ? Ne savent-ils pas qui est Soro aujourd’hui ? Quel message veulent-ils faire passer à nos jeunes frères et à la nation toute entière qui a toujours porté et soutenu notre combat à la FESCI ?

Au cas où ils l’auraient expressément occulté pour je ne sais quelle raison, je me fais l’amitié de rappeler aux initiateurs de cette réunion que Soro est aujourd’hui la honte et la négation de notre lutte.

Tous les acquis de la lutte volontariste et démocratique de la FESCI au prix de nos années d’études, des souffrances physiques voire même des tortures, des emprisonnements, du sang de certains de nos camarades, etc… ont été anéantis par Guillaume Soro un jour du 19 septembre 2002.

Depuis lors, la Côte d’Ivoire est balafrée, défigurée, dans le deuil et les lamentations permanents.

L’école ivoirienne est délabrée dans un état pitoyable, l’Université Felix Houphouët Boigny n’existe que de nom, plusieurs résidences universitaires ne sont plus fonctionnelles. Le Lycée Scientifique de Yamoussoukro n’existe plus que de nom, etc. Autant de problèmes créés par Soro et sa rébellion.

N’occultons pas la mort de nombreux ivoiriens, dont des étudiants, et anciens fescistes (Koné Morel, Gnahoua Kabila, Blackis, Adou, pour ne citer que ceux-là. Tous tombés de par son fait.

Un ex-Secrétaire General de la FESCI, le ministre Charles Blé Goudé, a été déporté à la Haye sous le regard approbateur de Soro.

Alors 20 ans après son départ de la FESCI, d’anciens membres de cette structure ne peuvent pas offrir ce spectacle à la Côte d’Ivoire en se comportant à l’égard de Soro comme si rien, absolu rien, ne s’était passé de grave dans ce pays, de son fait.

Ils auraient, au moins, pu ou dû lui demander les nouvelles, depuis ces 20 ans qu’on ne l’avait pas vu sur le chemin de l’idéologie et des principes de la FESCI, où était-il passé, qu’est-ce qu’il a fait entretemps, pourquoi l’a t’il fait et quelles en sont les retombées pour la FESCI et surtout pour la Cote d’Ivoire toute entière ? Car, la FESCI n’est pas au-dessus de la Cote d’Ivoire, la FESCI n’est pas au-dessus du sang des ivoiriens, la FESCI n’est pas au-dessus de la vie des ivoiriens.

Camarades, surtout ne donnons pas l’impression que la FESCI est une société secrète, une secte dont l’appartenance est soumise à un pacte rituel qui oblige ses membres a une solidarité même dans le mal. Non ce n’est pas vrai. La FESCI n’est qu’un mouvement estudiantin et scolaire animé d’un idéal.

Et après la FESCI, chacun de nous a pris son chemin. Le chemin qu’il pensait cadrer avec son état d’esprit et son éducation. Le chemin qu’il pensait être bien pour lui et qui, le bon sens oblige, devait l’être pour tous. Est-ce donc ce chemin qu’a pris Soro ? En tout cas c’est ce que laisse entrevoir cette rencontre.

Il faut savoir, que ce qui nous divise aujourd’hui est largement plus fort que ce qui nous a unis hier.

Camarades, la grave crise que nous traversons n’est pas une crise estudiantine. C’est une crise nationale majeure voire même internationale. Alors ne nous comportons pas comme si nous n’en n’avions pas compris les enjeux et les implications. Tout comme nous ne devrons pas ignorer que notre crise est une crise des valeurs intrinsèques, de démocratie, de souveraineté et de développement véritable.

Cette crise n’est pas encore achevée, elle n’est pas terminée, elle est toujours en cours et continue de produire ses victimes, ses prisonniers, ses morts, ses camps de réfugiés, etc, etc. avec le concours de Soro Guillaume, cadre important du régime en place.

Quelqu’un a dit : « il n’y a pas de tendances à la FESCI, mais il y a des fescistes de toutes les tendances. » C’est tellement bien résumé, qu’en effet les anciens fescistes, aujourd’hui, on en retrouve au FPI, à l’UNG, au Cojep, au Rdr, à l’Udpci, et même au Pdci pour ne citer que ces partis politiques. Donc une rencontre de cette nature aurait dû obligatoirement tenir compte de cette réalité dans notre diversité afin d’atteindre les objectifs que nous recherchions, si bien sûr ceux-ci sont ceux officiellement annoncés. Ce qui n’est pas le cas au vu des discours tenus lors de la rencontre d’hier.

Camarades, est-il encore besoin de vous rappeler que ce qui nous divise est plus important que ce qui nous a unis hier ?

Personnellement, j’ai quitté la FESCI il y’a 20 ans maintenant. Je suis aujourd’hui vice-président du FPI. En l’état actuel de la situation socio politique de la Côte d’Ivoire d’une part et n’étant plus Fesciste d’autre part, je ne vois aucun intérêt de me déplacer au domicile d’un vice-président du Rdr pour aller parler de retrouvailles entre anciens fescistes en occultant les problèmes de la Cote d’ivoire, en ignorant les problèmes des ivoiriens.

Comprenons-nous bien, je ne suis nullement contre des retrouvailles des anciens de la FESCI. J’y suis même favorable à cent pour cent, à condition qu’on se respecte et surtout qu’on respecte les Ivoiriens.

Dans l’organisation de cette rencontre, dans le lieu choisi pour sa tenue, dans les consultations préalables, et surtout dans les objectifs réels visés, soit les organisateurs ont manqué de vigilance, soit ils n’ont pensé qu’à eux, plutôt qu’à la Côte d’Ivoire, et cela est inacceptable. C’est ce que je condamne.

Je dénonce donc Ahipeaud Martial, Djue Eugene, Blé Guirao et Soro Guillaume. Ils sont les principaux responsables de cette machination et eux seuls savent en réalité ce qu’ils font et où ils tentent de conduire tous les autres avec la cagoule attrayante, séductrice de la solidarité, des retrouvailles et de l’entraide.

En tant qu’ancien de la FESCI, je ne pouvais me taire car comme on le dit souvent qui ne dit rien consent. En plus, pour le juriste que je suis, le silence est équivoque. Alors dans les deux cas, le silence n’était pas une attitude responsable face à ce qui apparait comme une escroquerie morale. Je marque donc mes distances vis-à-vis de cette initiative, dans son approche actuelle, qui n’emporte d’ailleurs pas l’adhésion de tous les anciens fescistes.

Et, puisque c’en est ainsi, je lance un vibrant appel à l’endroit de tous les anciens fescistes qui ne sont pas d’accord avec cette forfaiture afin qu’ils donnent de la voix et s’opposent à celle-ci.

Aussi, pour éviter toute confusion, avec plusieurs autres anciens, nous projetons de lancer bientôt le REGROUPEMENT DES ANCIENS FESCISTES POUR LA REPUBLIQUE, attachés au combat souverainiste et à l’idéologie du président Laurent GBAGBO, le véritable père du multipartisme en Côte d’Ivoire.

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 Pour le reste, les choses ne font que commencer, la mascarade ne passera pas.

Que Dieu bénisse la Côte d’Ivoire.

Damana Adia Pickass
Ancien de la FESCI,

• Membre de la Section du Lycée Classique 1990-1991 ;

• Ex 1er secretaire general adjoint section kwazulu natal (Yopougon) 1993 – Ex président du comité de crise de la fesci 1994 ;

• Candidat au poste de secrétaire général national de la fesci en 1995, congres qui a eu lieu dans ma chambre a yop1 rue du zouglou bloc 27/ 250A ;

• Ex 2eme secrétaire général adjoint de la FESCI nationale 1995-1998 ;

• Facilitateur et superviseur du congres de la FESCI en 2006 qui a vu l’avènement de la génération Yao Koffi Serges alias Sroukou Trême-trême ;

• Arrêté et emprisonné en 1995 à la DST et au sous-sol de l’école de Police, en plein boycott actif ;

• Arrêté en 1996, détenu au sous-sol de la sureté nationale puis a la préfecture de police, avant d’être condamne à deux ans d’emprisonnement et 10 millions d’amende ;
• – Etc

communiqué par Alexis Gnagno

Petite réponse aux soroïstes…

Pour ceux qui chaque jour inondent mon inbox et mon téléphone. Juste une petite réponse. Les temps sont certes durs. Et notre situation économique, financière ici au pays ( pré-émergeant) est compliquée et difficile à la fois. Mais cela n’est pas du tout un prétexte pour tronquer notre dignité.

Affaire de Soro-là, je suis pas du tout intéressé. Non seulement il n’est pas un leader pour moi, mais il n’est pas aussi un modèle. Sa percée fulgurante sur cette scène politique ivoirienne, son intrusion et la manière dont il s’introduisit n’est pas le modèle tant souhaité. Soro a décimé tout ce qui m’est cher…

Sa politique…

Quand tu lis son propre livre « Pourquoi je suis devenu », tu comprends bien que lui Soro a prit les armes pour « venger » le nord martyrisé, humilié par le sud. Il s’est donc porté comme digne défenseur, voir même protecteur de ses parents. Chose normale pour un fils qui aime bien ses parents.

Alors, quelle attitude nous autres devions adopter face à lui Soro Guillaume, leader d’une rébellion qui a décimé tout chez nous? Parents assassinés. Hameaux et villages entièrement décimés. Coutumes et us vilipendés et en voie de disparition puisque forêts sacrées occupées.

On n’aura pas les armes dont il a disposé pour semer toute cette désolation. On n’a pas non plus cette coutume du maquisard « Che ». Nous ne rêvons jamais verser un sang d’un frère ivoirien. Mais nous pouvons au moins nous rappeler de ces crimes de chez nous, restés impunis. Ces crimes de nos parents sans défense, tombés sous nos yeux. Ces sœurs violées, humiliées.

A Duekoue par exemple, j’ai tout vécu. De la 6ième en 2000 puis la troisième et le bac, j’ai tout vu. J’ai bien vu le ministre Kahé pleurer à chaudes larmes devant l’ex-première Dame, Simone Ehivet pendant les tristes événements de Guitrozon. C’est sous nos yeux, très petits, que Yrozon est parti en fumé. Y compris Fengolo et petit Duekoue. Nos parents étaient comme des « laissés pour compte » dans notre propre pays.

A Duekoue par exemple, ma génération a été décimée. Notre lycée a été fermé en 2002. Beaucoup d’entre nous n’ont pas pu venir sur Abidjan. Aujourd’hui, abandonnés et devenus des bandits, drogués et des prostituées. Nous sommes éparpillés ça et là aux quatre coins du monde. Nos villages n’ayant plus leur splendeur d’hier.

Tout ça, à cause de cette envie de Soro de venger le nord qui souffrait [selon lui]. C’est normal pour un fils qui aime ses parents. Et nous autres alors ? Devrions nous abandonner l’amour de nos parents pour suivre celui qui est à la base de tous nos maux?.. Est-ce insensé, ignoble d’avoir cet amour pour ses parents, comme Soro l’avait pour ses parents pour lesquels, il a dû piétiner les nôtres pour leur octroyer le boubou tant rêvé?…

Mon grand-père, mes amis étudiants Glé Rodolphe, Guei Bombet..Tous tombés et à jamais enterrés, réclament justice..

Dès leur arrivé au pouvoir, nous avons bien rêvé d’une justice pour Nahibly, pour Guitrozon, Carrefour… Mais jusque-là, rien n’y fit. Au contraire, les auteurs des crimes odieux, inoubliables ont été promus à des postes de responsabilité..

Je pouvais bien suivre Soro, mais je ne crois pas en sa sincérité et en son amour pour nous autres. Ses intentions soudaines ou sélectives le poussent à polir pour ses visées électoralistes, son image souillée.

L’amour qu’il eut pour ses parents qui l’a poussé à faire sa rébellion pour piétiner les nôtres, ce même amour pour mes parents me pousse aussi à ne pas suivre leur bourreau ….

Les temps sont certes durs. Mais quand la famine emporte des alevins dans une rivière, certains d’entre eux arrivent à faire quand-même le tri entre la nourriture et l’appât au bout de l’hameçon.
Olivier Gnongoue

Soro aurait remis aux anciens Fescistes la somme de 2 millions chacun. En échange, Il solliciterait leur soutien pour sa candidature en 2020. La politique alimentaire fait son chemin.

LES ANCIENS, FESCISTES OU BROUTEURS POLITIQUES ?

Je regarde le monde politique ivoirien et je vois une arène de simulateurs et de dissimulateurs. Un monde rempli de brouteurs politiques.

J’appelle brouteurs politiques, des hommes politiques sans ligne directrice intérieure, sans conviction, sans encrage idéologique, sans culture politique solide qui changent de parole au gré de leurs intérêts financiers. Ils sont prêts à piétiner leur conscience politique, à mettre leur conscience morale à l’encan, tant qu’ils peuvent gagner des millions ou conserver un poste qu’ils n’ont pas forcément obtenu par le mérite. Avec ces gens-là, il est impossible d’inscrire quoi que ce soit dans la durée. Et quand on leur reproche leur propension à l’adultère politique, leur penchant quasi pathologique à se draper, sans gêne, dans les habits du caméléon politique, ils se justifient, l’air sérieux, en citant Houphouët-Boigny: « La politique, aurait-il dit, est la saine appréciation de la réalité du terrain… ».

A cause d’eux, je n’aime plus cette pensée parce qu’ils l’ont travestie et tronquée. Je doute fort que le vieux sage ait fait l’apologie de l’immoralité en politique. C’est pourquoi, vouloir faire de sa pensée politique, certes réaliste et pragmatique, le principe cardinal du broutage politique est un sacrilège.

Il n’y a pas si longtemps, l’ex chef rebelle Guillaume Soro, l’auteur du livre « pourquoi je suis devenu rebelle ? », l’homme dont la Rébellion a massacré de milliers d’étudiants à Bouaké et à Abidjan, recevait à plusieurs reprises les anciens Secrétaires Généraux de la FESCI à son domicile privé. Pour quels résultats ? Selon des sources bien introduites, Soro Guillaume aurait sollicité le soutien des anciens Fescistes pour sa candidature aux élections présidentielles de 2020.

Où sont, aujourd’hui, ces valeureux patriotes (Eugène Guhé, Digbopieu,…) qui claironnaient leur soutien total et éternel au Président Laurent Gbagbo ?

Sommes-nous tous génétiquement condamnés à vouloir le plaisir sans conscience ? A rechercher la richesse sans travail ? A faire les affaires sans éthique ? Et à pratiquer la politique sans principes ni convictions ?
Dans tous les cas, le peuple a toujours le dernier mot !

Armando le Grand, cyberactiviste, gbagboïste, militant de l’AIRD

J’exprime mon désarroi face à cet accoutrement, fait de rencontre qui nous rappelle l’univers des machettes qu’affectionnaient la FESCI et ses dirigeants successifs ! Faut-il croire encore que nous rentrons dans une autre phase de guerres aux couteaux contre notre Peuple? Somme toute, sachez qu’un autre monde est en route vers une Côte D’Ivoire réconciliée cette fois dans la compréhension des IVOIRIENS UNIS dans un moule commun pour vivre ensemble; je crois savoir pour sûr que dans ce nouveau monde riche en savoir, l’intrusion des porteurs de machettes n’auront pas de résidence sur notre terre d’Eburnie !

L’oubli est facile à prononcer, mais difficile à consommer. Que Dieu aide la Vérité Éternelle pour réveiller la conscience du peuple Ivoirien.
Abou Cissé

Pour mémoire…

 Aujourd’hui c’est la fête chez les fescistes, mais il ne faudrait pas oublier:
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BOUAKE, LE MASSACRE QUI HANTE GUILLAUME SORO

Aujourd’hui, certains rebelles ont pignon sur rue et paradent car l’impunité leur est assurée malgré leurs crimes largement documentés alors que les partisans du président Gbagbo , réels ou supposés, sont arrêtés et emprisonnés avant même de connaître les raisons de leur arrestation. Il y a ainsi aujourd’hui des gens qui sont en prison sans connaître les raisons de leur détention. Et cela dure depuis pas mal d’années.

je suis donc allé exhumer dans les archives ce rapport d’Amnesty International de février 2003, qui parle du massacre des gendarmes de Bouaké et qui accuse clairement le MPCI de Soro Kigbafori Guillaume, pour vous en livrer cet extrait significatif ci-dessous .

 » A Paris, le 29 janvier 2003, au lendemain de la signature des accords de Linas-Marcoussis destinés à apporter une solution politique au conflit qui déchire la Côte d’Ivoire depuis près de cinq mois, Amnesty International a pu évoquer ces informations ( sur le massacre de Bouaké) lors d’une rencontre avec certains des principaux responsables du MPCI, y compris le secrétaire général de ce mouvement, Guillaume Soro Kigbafori . »

 » Les responsables du MPCI n’ont pas nié sur le fond les informations recueillies par Amnesty International tout en précisant qu’ils n’étaient personnellement pas au courant de ces faits. »

Il s’agit donc, selon cette organisation, de quelque chose que Soro Guillaume et  » Les responsables du MPCI n’ont pas nié sur le fond. ». Et Amnesty International raconte.
 » A Bouaké, le 06 octobre 2002, une soixantaine de gendarmes accompagnés d’une cinquantaine de leurs enfants et de quelques autres autres civils ont été arrêtés dans leur caserne par des éléments armés du Mouvement Patriotique de Côte d’Ivoire (MPCI) qui avaient pris la deuxième ville du pays depuis le 19 septembre 2002.
Ces personnes ont été conduites à la prison du camp militaire du 3 ème bataillon d’infanterie. Ce même soir, des éléments armés du MPCI sont entrés à plusieurs reprises dans la prison et ont tiré en rafales, tuant et blessant des dizaines de détenus.

Les survivants sont restés deux jours avec les blessés et les cadavres en décomposition sans recevoir de nourriture.
Certains ont été contraints de transporter les cadavres et de les enterrer dans des fosses collectives, et une dizaine d’entre eux ont très vraisemblablement été tués sur les lieux mêmes du charnier après qu’ils eurent enterré leurs camarades. »

 » Ces informations ont été recueillies par des délégués d’Amnesty International auprès de quelques-uns des survivants de ce massacre au cours d’une mission d’enquête menée dans la zone tenue en décembre 2002. Elles ont été recoupées avec les témoignages d’autres survivants qui avaient été libérés et avaient pu rejoindre les zones sous contrôle gouvernemental. ». Il s’agit donc de témoignages authentiques.

 » A Bouaké, au cours de leur mission d’enquête, les représentants de notre organisation ont officiellement demandé à des responsables de l’aile militaire du MPCI de visiter les fosses collectives où auraient été enterrés des gendarmes. Les autorités du MPCI ont répondu qu’elles ne connaissaient pas le lieu exact de ces fosses et que celles-ci ne contenaient que des corps de gendarmes tués au combat. » Faux !

L’un des gendarmes survivants raconte ici les circonstances de leur arrestation le 06 octobre 2002 :

« Nous avons entendu des coups de feu vers 03-04 heures du matin dans la nuit du 18 au 19 septembre. Nous avons sifflé le rassemblement pour protéger la caserne d’une attaque. Nous avons appris par la radio que les « zinzins « et les « bahéfoués » ( les militaires engagés sous la période de transition dirigée par le général Guéï qui avaient appris leur prochaine démobilisation ) s’étaient révoltés.

Toute la journée du 19 septembre, nous sommes restés sur nos gardes mais nous n’avons pas été attaqués, alors nous sommes restés à l’intérieur de nos barrières.

Le 20 septembre, des 4×4 se sont approchés de la clôture et des éléments armés se trouvant à bord de ces véhicules ont tiré en l’air. Nous n’avons pas répliqué parce que nous n’avions pas assez d’armement. Nous avons décidé de mettre un drapeau blanc sur la clôture et de ranger nos armes. Nous sommes ainsi restés dans notre caserne jusqu’au 06 octobre vers midi. »

Les gendarmes seront arrêtés par des rebelles qui les soupçonnaient d’être des infiltrés après la tentative de reprise de la ville de Bouaké par les forces loyalistes, tentative qui finira par échouer et dont l’histoire se chargera de démêler les complicités diverses qui ont conduit à cet échec.

« Nous avons dû marcher durant plus d’une heure sous les huées de la population. Vers la préfecture de police, il y avait un attroupement qui criait :  » Egorgez-les, tuez-les .Des gens nous ont lancé aussi des pierres et nous ont frappés. », raconte un gendarme.

Vers vingt heures ce jour-là, c’est le début de l’horreur. Un massacre prémédité, froid.

 » Deux hommes sont entrés dans la prison dont un dozo et un autre en tenue militaire. Ils sont restés sur le seuil de la porte d’entrée et nous ont lancé des menaces agressives. Puis soudain, contre toute attente, le dozo a envoyé une rafale de Kalachnikov, touchant tous ceux qui étaient devant lui. Certains détenus étaient assis, d’autres couchés par terre, beaucoup ont été touchés. », raconte un rescapé.

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Les rebelles reviendront ce jour-là à 22 heures. Ils reviendront encore le jour suivant, les jours suivants. Je vous épargne les autres détails de ce massacre qui sont nombreux, précis et poignants.

J’ai décidé d’écrire sur cette affaire parce que ce qu’il faut retenir de cet épisode sanglant de l’histoire de notre pays, c’est que même si nous ne connaîtrons certainement jamais les exécutants, tous les exécutants de ce massacre, nous en connaissons les responsables dont le plus connu reste Soro Kigbafori Guillaume qui essaie aujourd’hui en vain de se refaire une virginité.

Après avoir troqué son treillis de chef rebelle contre le costume de ministre puis celui de premier ministre, il porte aujourd’hui le costume de  » président de l’Assemblée Nationale du régime Ouattara « , et se trouve en pleine construction d’une apparence qu’il essaie d’agrémenter de lunettes pour se donner un air d’intellectuel inoffensif. Mais l »histoire est têtue, surtout quand elle a été écrite dans le sang de personnes désarmées, et donc inoffensives. « On n’enterre pas l’histoire avec une pelle » écrivait un jour un jeune homme que j’aime bien. Et il a bien raison.

Publié en 2015 par Alexis Gnagno