Pour essayer de comprendre les convulsions du Cameroun (1ère partie)

POUR ESSAYER DE COMPRENDRE CE QUI SE PASSE EN CE MOMENT AU CAMEROUN, CE PAYS FRÈRE QUI NOUS EST CHER, PRENONS LE TEMPS DE LIRE CET ARTICLE.

Depuis quelques temps, le Cameroun est confronté à un problème qui, s’il n’est pas réglé, par le dialogue, risque d’entraîner ce pays dans un trou sans fond. Notre sœur Mona Zerey depuis un certain temps, tire notre attention sur ce problème. Et avec la collaboration technique de notre frère Leonce KoudouGbagbo , elle nous propose de lire cet article réalisé en janvier 2017. L’auteur essaie à sa manière de faire la genèse de ce que les gens appellent en ce moment « le problème anglophone au Cameroun »

« LE PROBLÈME ANGLOPHONE POURRAIT DEVENIR LE NOUVEAU BOKO HARAM

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Par David ABOUÈM À TCHOYI,
Ancien gouverneur du Sud-Ouest, puis du Nord-Ouest.

L’article paru dans Cameroun.info du 10 janvier 2017, étant long, pour faciliter la lecture, nous l’avons fractionné en plusieurs parties. Aujourd’hui nous vous proposons la PARTIE I

« Interpellé sur un plateau de télévision le soir du 31 Décembre 2016 sur la « question anglophone », je me suis rendu compte que ce problème était brouillé par de nombreuses idées fausses. J’ai donc estimé devoir écrire un article pour restituer ma part de vérité. En toute humilité, sans aucune prétention à l’exhaustivité ni, encore moins, au monopole de la vérité. C’est de l’étranger que j’ai suivi, non sans tristesse, les événements qui secouent depuis quelques temps les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest. Il ne m’a pas été possible d’accéder aux différentes informations ni à toutes les réactions officielles relatives à ces tristes événements. Mais j’ai une connaissance à la fois directe et intime des problèmes de ces deux régions, auxquelles m’attachent d’ailleurs des liens aussi forts que tendres : j’y ai passé une dizaine d’années de ma carrière administrative.

Existe-t-il un problème anglophone au Cameroun ? Oui, assurément. Du moins si l’on entend par « anglophone » les populations originaires du Nord-ouest et du Sud-ouest, celles qui y vivent ou qui y ont vécu, qu’elles parlent anglais ou non, qu’elles soient autochtones ou non, qu’elles y soient installées ou non. C’est effectivement comme cela que la plupart des Camerounais perçoivent l’ « anglophone » au Cameroun. Même ceux qui disent qu’est « anglophone  » quiconque parle la langue anglaise ne citent que les ressortissants du Nord-ouest et du Sud-ouest lorsque, appelés à réfuter certaines revendications, ils en viennent à énumérer des postes occupés par des anglophones. Pourtant, tous les membres du gouvernement actuel s’expriment, sans difficultés, en anglais. Seraient-ils donc, tous, des anglophones? Pour souci de simplification, j’utiliserai le mot « francophone » pour désigner les Camerounais originaires de l’ancien Etat sous tutelle française.

Eruptions

L’on peut rester sourd à des appels, fermer les yeux devant l’évidence, se claustrer dans le déni, ou même penser comme le premier vice chancelier de l’université fédérale du Cameroun qui, répondant à cette question en 1964, eut cette phrase mémorable : « il n’y a pas de problème anglophone ; tous les anglophones apprennent très vite le français ». Mais c’est nous tous qui, très vite, pourrons être rattrapés par les réalités.

« Ce n’est pas, non plus, un problème de vivre ensemble. N’est-ce pas cette région qui accueillit à bras ouverts des milliers de Camerounais fuyant l’indigénat et les travaux forcés? C’est elle aussi qui donna refuge à de nombreux upécistes traqués par les forces coloniales. Des milliers d’hommes et de femmes venus de pays africains y vivent et y prospèrent, en toute harmonie ».

Alors, quel est le problème ? Comment se pose-t-il ? Pourquoi ces éruptions récurrentes dans ces deux régions, parfois à partir de faits anodins, comme si le feu couvait sous la cendre, n’attendant que l’occasion d’éclater avec fureur ? Parce qu’il y a, manifestement, un problème anglophone au Cameroun. Ce n’est pas un problème entre anglophones et francophones : il n’y a jamais eu de conflit opposant les compatriotes des deux rives du Mungo, sur la base des différences linguistiques.
Ce n’est pas le rejet de ce qui vient du Cameroun francophone : aucune communauté du Nord-ouest ou du Sud-ouest ne s’est jamais opposée à la pratique, sur son territoire, des cultures et traditions Bassa, Beti, Bamiléké, Peuhl, Sawa… ou d’autres communautés de l’ex Cameroun Oriental.

Ce n’est pas, de la part de nos compatriotes de ces deux régions, une manie obsessionnelle et une volonté maladive d’exalter l’héritage colonial anglo-saxon, ou de s’y cramponner pour en exiger la prise en compte. Ce n’est pas, et c’est très important, une volonté de porter atteinte à l’unité nationale, si l’on excepte les manifestations extrémistes sur lesquelles je reviendrai, comme celles appelant à la sécession. A l’époque de l’Etat fédéral, le Cameroun n’était pas moins uni qu’aujourd’hui. Le sentiment national était même plus fort à cette époque, peut-être parce que nous venions de reconquérir notre liberté.

Quel est-t-il donc, ce problème ?

Six facettes me viennent à l’esprit:

1- La critique de l’Etat centralisé.
2- Le transfert des centres de décision de Yaoundé, loin des populations et de leurs problèmes.
3- Le non-respect des engagements relatifs à la prise en compte, de manière équitable, des cultures et traditions institutionnelles, juridiques, administratives…héritées des anciennes puissances administrantes.
4- Le non-respect des promesses solennelles faites pendant la campagne référendaire.
5- Le changement du nom de l’Etat : remplacement de « la République Unie du Cameroun » par « la République du Cameroun ».
6- Le non-respect du bilinguisme dans le secteur public, bien que la Constitution fasse du français et de l’anglais deux langues officielles d’égale valeur.
Je vais passer en revue, de manière cursive, ces différentes facettes. »

Demain la suite.

NB : J’INVITE TOUT SACHANT CAMEROUNAIS À VENIR NOUS AIDER À COMPRENDRE SI LA POSITION DE DAVID ABOUÈM À TCHOYI EXPLIQUE RÉELLEMENT LES PROBLÈMES DE FOND. NOUS FAISONS PAS L’APOLOGIE D’UNE SÉCESSION AU CAMEROUN. BIEN AU CONTRAIRE. POUR LE FAIT QUE NOUS SOMMES IVOIRIENS VICTIMES DE LA NÉO COLONISATION, ET QUE LE CAMEROUN NOUS SOUTIENT IL EST DE NOTRE DEVOIR DE JETER UN ŒIL INTÉRESSÉ SUR LES PROBLÈMES DU CAMEROUN. ALORS…
Excellence Zadi
#REZOPANACOM