Les victimes sont en prison et leurs bourreaux en liberté…

LES VICTIMES SONT EN PRISON À LA HAYE ET LES BOURREAUX SONT EN LIBERTÉ À ABIDJAN ET À PARIS

I

C’est dans la nuit du 18 au 19 septembre 2002 qu’une rébellion préparée et financée par Ouattara, et dont les éléments ont été entraînés et hébergés par Blaise Compaore puis équipée par la France, a attaqué la Côte d’Ivoire, en l’absence du Président Laurent Gbagbo. Cette rébellion avec ses démembrements du MPCI, MPIGO, MJP dont les principaux chefs de guerre IB, KONÉ ZACKARIA, WATAO …disaient qu’ils ont pris les armes pour placer Ouattara au pouvoir, a fait des centaines de morts surtout dans l’ouest du pays où elle a procédé à une épuration ethnique visant les Wes, de 2002 à 2005.
Entre temps dans ses premiers elle tua un ministre d’Etat(Émile Boga Doudou), des officiers de l’armée(Colonels Dagrou Loula, Dali Oble, Zouzoua)…

Début novembre 2004, l’armée ivoirienne lance l’opération dignité pour chasser les rebelles et réunifier le pays parce que les rebelles qui partageaient désormais le pouvoir, refusaient toujours de désarmer en violation des accords de paix signés. Au cours de cette opération qui visait les installations militaires rebelles, un camp français abritant aussi des objectifs rebelles a été bombardé à Bouaké tuant, dit on 9 Français. La France prend prétexte pour détruire les avions ivoiriens et décide de renverser le Président Gbagbo par des chars. Les manifestations contre l’occupation française entre le 6 et le 9 novembre 2004, font plus de 60 morts, de jeunes civils ivoiriens manifestant aux mains nues.

Si pour les tueries de la rébellion de 2002 a 2004, une amnistie a été accordée par l’Etat ivoirien aux chefs de guerre pour avoir la paix tant recherché, par contre des plaintes ont été déposées à Paris contre l’armée française. Jusqu’à ce jour nous ne connaissons pas la suite donnée à ces plaintes par la France.

II

En novembre 2004, après le soit disant bombardement de Bouaké, Jean Pierre Raffarin alors Premier ministre de Jacques Chirac déclara: « on ne tue pas un Français impunément… ». Dans les heures qui ont suivi cette déclaration de guerre, nous apprenions que l’aviation française avait détruit tous les appareils de l’armée de l’air ivoirienne stationnés à l’aéroport de Yamoussoukro quand les MI 24 qui étaient au GATL, subissaient la barbarie des militaires français du BIMA.
Dans la logique d’une guerre, et comme en territoire conquis, 35 chars français encerclent le domicile du Président Gbagbo dans la nuit du 6 novembre. C’est à ce moment que Charles Blé Goudé appela les Ivoiriens à descendre dans la rue pour protéger le Président Gbagbo…Les manifestations des civils aux mains nues contre l’armée française du 6 au 9 novembre ont fait plus de 60 morts et plusieurs blessés… L’État a porté plainte contre la France devant les organisations internationales et jusqu’à ce jour aucune suite n’a été donnée à ces plaintes…Pourquoi? Pour nous dire « qu’on peut tuer un Ivoirien impunément mais pas un Français ».

Après cette crise des chars français, Thabo Mbeki, l’ex-président Sud Africain, a été désigné médiateur dans la crise ivoirienne. Pour ramener la réconciliation et la paix entre les Ivoiriens, il demanda et obtint l’application de l’article 48 de la Constitution qui fait de Ouattara , un candidat exceptionnel à l’élection présidentielle à venir. On pensa que les rebelles allaient désarmer parce qu’ils avaient fait de ce point, leur revendication principale. Surtout qu’à Pretoria en 2005, ils demandèrent et obtinrent la présidence et le contrôle de la CEI…Malgré tout ça, sur le terrain, du côté de l’ouest ils continuaient de tuer les IVOIRIENS. En effet, en Juin 2005, Guitrozon, petit Duekoué, dans la commune de Duekoué furent attaqués…plusieurs villageois furent tués. C’est dans cette atmosphère de « ni paix ni guerre » mais où les rebelles continuaient de tuer, que le Président Gbagbo demanda et obtint les pourparlers de Ouagadougou en 2007.

À l’issue de ces pourparlers un accord politique connu sous l’appellation d’Accord Politique de Ouagadougou (APO) fut signé. Cet APO donna le poste de premier ministre au Chef rebelle Soro, poste qu’il doit occuper jusqu’aux élections. En contrepartie ses rebelles doivent désarmer pour que les armes fassent place aux meetings…Pour demander aux Ivoiriens et surtout aux jeunes d’accepter cet APO, Blé Goudé organisa des tournées, dites « tournées de la paix » dans plusieurs localités du pays. En juillet 2007, nous arrivons à la cérémonie officielle de la paix, avec l’organisation de la « flamme de la paix » à Bouaké, capitale de la rébellion. À l’image de la flamme de la paix organisée en 1991 au Mali, des fusils furent incinérés symboliquement dans un stade de Bouaké, plein à craquer ce jour là…C’est au retour de cette cérémonie que l’ex Secrétaire Général de La FESCI, KUYO Serges trouva la mort dans un accident de voiture à Lolobo, près de Yamoussoukro, comme pour sacrifier à un rituel, conjurer définitivement un mauvais sort…

Avec l’APO, mais surtout après la cérémonie de Bouaké, on nous demanda, pour donner réellement une chance à la paix de ne plus désigner Soro et ses tueurs par le terme « rebelles » mais de les appeler ex-rebelles. Ils devraient désarmer intégralement sous la supervision de l’ONUCI en vue de la préparation de l’élection présidentielle…

III

Le Président Gbagbo qui, ayant constaté que le G7 (coalition rébello-civile) et le RHDP (coalition civile soutenant la rébellion) avaient plombé tous les accords de paix, a décidé de dialoguer directement avec ceux qui ont pris les armes sous l’égide d’un de leurs parrains, Blaise Compaoré. L’Accord Politique signé à Ouagadougou avait prévu plusieurs points importants qu’il fallait exécuter pour arriver sereinement à l’élection présidentiel. Entre autres points saillants:

-désarmement des milices du MPCI, MPIGO, MJP(rebelles);
-démantèlement des milices( MPIGO, GPP) soutenant le pouvoir de Gbagbo;
-intégration des éléments rebelles dans l’armée.

Le Président Gbagbo voulant la paix a fait exécuter tous les points que lui demandait l’APO. De leur coté, les rebelles refusaient de désarmer. Pourquoi? On le saura plus tard.
En effet, pendant que les rebelles refusaient de désarmer malgré les sites préparés et équipés par le Centre du Commandement Intégré(CCI), le Directoire du RHDP, le gouvernement Français, l’ONU, les États Unis pressaient le Président Gbagbo afin d’organiser l’élection présidentielle. En 2010, l’ex-ambassadrice étasunienne Wanda Nesbit, reçue par le Président pour ses adieux à la Côte d’Ivoire, demanda au Président « d’accepter d’aller à l’élection pour son bien… »
La France de son côté s’était mise à la disposition du gouvernement ivoirien pour l’aider à confectionner les cartes d’identité et d’électeurs à travers la structure SAGEM. L’ONU, de son côté, avait rassuré de superviser l’élection pour son bon déroulement. En 2010, justement, son Secrétaire Général Ban Ki Moon est arrivé en Côte d’Ivoire pour faire signer une charte de respect des résultats des urnes par les différents candidats. Cette charte stipulait que le vaincu devrait reconnaître sa défaite et le vainqueur devrait respecter le vaincu...Toute la logistique a été mise en place par la communauté dite internationale pour l’élection sauf contraindre les rebelles de désarmer comme le stipulait l’APO qui exigeait le « désarmement avant l’élection ».

Malgré toutes les dispositions prises par la France pour Ouattara, son candidat, Gbagbo, le fils et candidat du peuple ivoirien a été déclaré vainqueur, à l’issue des premier et deuxième tours, par le conseil constitutionnel ivoirien. Ouattara fort de ses soutiens français et internationaux va, à partir de son QG du Golfe où, d’ailleurs, Youssouf Bakayoko de la CEI l’avait déclaré « vainqueur », se proclamer Président de La Côte d’Ivoire. C’était le scénario parfait prévu par la France pour entrer officiellement en Guerre contre la Côte d’Ivoire et le Président Gbagbo. Mais comment s’y prendre pour que son jeu trouble ne se sache pas? Nicolas Sarkozy, nonobstant la notion de Non ingérence dans les affaires intérieures des États, va donner de la voix. En effet depuis La Roumanie où se tenait le sommet de la Francophonie, le Président français va intimer l’ordre au Président Gbagbo de « quitter le pouvoir… ». Obama de son côté, sous l’influence de Suzanne Rice, représentante des USA à l’ONU et amie de Adama Toungara du RDR, va téléphoner à Gbagbo pour lui demander de quitter le pouvoir pour un poste d’enseignant dans une université américaine.

Déjà à partir du mois de décembre les rebelles qui n’étaient pas désarmés et qui s’étaient dissimulés partout dans la ville d’ABIDJAN vont se constituer en « commando invisible » pour commettre des tueries massives sur les populations civiles.
De leur côté Ouattara et le RHDP vont créer leur république en nommant un gouvernement. Le 16 décembre Soro Guillaume, Chef rebelle du MPCI et premier ministre du « gouvernement ouattara », demande à leurs hommes armés d’accompagner leurs militants dans une marche insurrectionnelle à la RTI pour installer leur nouveau DG, Brou Aka Pascal, qu’ils avaient nommé. De décembre 2010 à Janvier 2011, le commando invisible tue plusieurs civils et vide Abobo de tout ce qui pouvait être partisan ou Proche du Président Gbagbo. À l’extérieur, la France s’organise pour aider Ouattara à faire la guerre et prendre le contrôle de l’appareil de l’Etat ivoirien.

Selon des témoignages d’officiers français rapportés par le journal Aujourd’hui dans son numéro 1077 du 18 Mars 2016, « la France ne voulait pas s’afficher officiellement ». Pourtant c’est « Paris qui a fourni tous les moyens à ouattara jusqu’au paiement des factures de l’hôtel du Golfe, afin qu’il s’impose à Gbagbo« , raconte le Colonel Geoffroy de Larouziere, commandant le 16e BC…
Nicolas Sarkozy donne mission à la DSGE de prendre les choses en main. Ainsi le français Canal+Horizon et l’américain Intelsat sont mise à contribution pour créer TCI. Parce que, selon le Général Castre « Ouattara devient une priorité stratégique » pour Sarkozy et « doit s’afficher avec ses pairs africains à l’international… ». Pour le « Coacher personnellement, Sarkozy appelait Ouattara une ou deux fois chaque deux jours… », soutient le Colonel Hintzy. Quant au Colonel Hery, son rôle était de débaucher, retourner les officiers ivoiriens, parfois sous la menace…C’est donc sur conseil de Sarkozy que Ouattara décréta l’embargo sur les médicaments, La fermeture des banques françaises en Côte d’Ivoire…en février 2011, la création des FRCI en Mars 2011.

À partir de Mars 2011, La nouvelle armée de Ouattara, qui était en réalité les anciens éléments rebelles non désarmés et les FDS qui ont tourné dos à la république va commencer à prendre les villes de la zone gouvernementale qui échappaient jusque là à leur contrôle: Bondoukou, Abengourou à l’est sont les premières à tomber…Daloa, Gagnoa, Lakota, Divo… vers fin Mars tomberont…Dans leur progression vers le sud, Duekoué a été de tout temps une barrière pour les rebelles. Avec l’aide militaire de l’ONUCI, les FRCI vont massacrer tous les Guerés de Duekoué carrefour, le 28 Mars 2011, pourtant ils avaient trouvé refuge à l’Eglise catholique.… À ABIDJAN où ils étaient finalement arrivés, les FRCI ont été repoussées par les FDS restées loyales…à la république. C’est alors que l’armée française va faire le travail pour les FRCI en bombardant toutes les positions FDS, la résidence du Chef de l’Etat, Laurent Gbagbo, qui sera kidnappé par elle le 11 avril 2011 et remis à Ouattara, l’ennemi, non sans avoir au passage tué assez de jeunes ivoiriens qui étaient autour de cette résidence…

Après le 11 avril, et La « victoire »militaire de Ouattara, on pensait que, ayant atteint leur objectif, les FRCI et les supplétifs Dozos allaient déposer les armes. Que nenni. En effet de mai 2011 à juillet 2012, ils vont continuer de tuer sous forme de représailles des vainqueurs, les Godiés, les Bhetés, les Guerés. Ainsi en mai 2011 ils vont tuer plusieurs villageois Dans les villages godiés de Adebem, Godjiboue…Dans les villages Bhetés d’Okrouyo, de Mabehiri faisant des fosses communes….En juillet 2012, le Camp de réfugiés de Nahibly (Duekoue) allait être ravagé par les tueries des FRCI sous l’œil vigilant de l’ONUCI.

Aujourd’hui encore, aucune de ces nombreuses affaires n’est instruite. Pire c’est seulement le Président Gbagbo, son ministre Blé Goudé qui sont à la CPI et qui font l’objet d’un procès en ce moment. Quant à Simone Gbagbo, DOGBO Blé, Vagba Fauxsignaux, Abehi, Seka Anselme, Bai Patrice… et plusieurs Ivoiriens, ils sont détenus et jugés depuis plus de 5 ans…Est-ce à dire que c’est Gbagbo et ses proches qui ont tué leurs propres partisans? Est-ce à dire que c’est Blé Goudé qui a tué Désire Tagro et le Colonel Babri Gohourou en 2011?

Entre temps, tous ceux qui étaient les com’zones, les chefs de guerre de 2002 à 2011, ont été gradés et promus dans la haute hiérarchie de l’armée FRCI en Côte d’Ivoire.
Du coté de Paris aucun militaire impliqué dans les faits, pourtant avérés, n’est poursuivi…

C’EST POURQUOI NOUS SOMMES DÉTERMINÉS À DIRE QUE LES VICTIMES SONT EN PRISON ET LES BOURREAUX EN LIBERTÉ
Excellence Zadi