Crise sanitaire à Mayotte

On ne se rend pas compte de l’hécatombe qui s’annonce à Mayotte. Alors histoire de relativiser un peu les angoisses du confinement en Métropole, je vais vous décrire ce qui se passe ici. Accrochez-vous ça pique.
Pour commencer, l’île ne possède qu’un seul hôpital pour 300 000 habitants recensés (Il y en a au moins 400 000 en vérité). Cet hôpital ne possède que 16 lits en réanimation. Autant dire que si nous sommes malades, ce n’est sûrement pas le service public qui viendra nous sauver
54% de l’habitat est insalubre. Ce qui rend le confinement quasi incontrôlable, notamment dans les bidonvilles. Résultat : La pandémie progresse à un rythme accablant. Nous sommes passés de 11 à 21 cas en une nuit. Trois médecins sont dans le lot.
Le terrain sanitaire est idéal. 29% des habitations n’ont pas l’eau courante. Le gel et les masques sont absents. Pire encore : Mayotte traverse déjà une épidémie de dengue particulièrement grave. Elle n’épargne aucun territoire sur l’île.  55% de la population a moins de 20 ans. Dans le lot, 10 000 à 15 000 jeunes sont livrés à eux-mêmes sans famille ni foyer. Ils provoquent des émeutes depuis 4 mois. Comment vont-ils se confiner et subvenir à leurs besoins dans les semaines à venir ?
L’île est située à 70km des Comores, classé parmi les pays les plus pauvres au monde. La santé est l’une des premières raisons de l’exil de ses ressortissants à Mayotte. La pandémie a aussi démarré chez eux. De quoi craindre de nouvelles arrivées incontrôlables. Dans ce climat anxiogène, Mayotte a été secouée par un séisme de magnitude 5.8 ce samedi. Un volcan sous-marin est toujours en formation à 50km de l’île. Déjà stressé par la pandémie, je vous laisse imaginer l’angoisse quand vous êtes réveillés par des secousses

Mayotte a déjà vécu des pénuries durant la grève contre l’insécurité de 2018, et même avant. Vous angoissez pour savoir si vos supermarchés seront prochainement approvisionnés, nous angoissons pour savoir si cet approvisionnement sera acheminé à 8 000 km de Paris

Si le #COVID19 19 est un révélateur des écarts sociaux en France, il est également un révélateur de l’écart entre la métropole et ses Outre-mer. Là où vous manquez de gel, Mayotte manque de savon. Il y a urgence. Il ne nous reste que quelques jours pour éviter l’hécatombe. J’ajoute qu’une solution immédiate pourrait être prise : Utiliser les minarets de l’île pour que l’appel à la prière quotidien soit suivi d’un appel à rester chez soi. Ça serait plus efficace qu’un pdf de la préfecture ou de l’ARS… Afin de ne pas être contaminé d’avantage, les comores doivent fermer leurs frontières, parce que Mayotte appartient à l’un des pays les plus contaminés au monde. Ils ne peuvent pas se permettre cela.

Cyril Castel