Assassinat de Yves Lambelin et ses compagnons, au Palais présidentiel : révélations de témoins

Appel à témoins, pour Yves Lambelin et ses trois compagnons, un mois après leur disparition

L’assassinat de Yves Lambelin et ses trois compagnons au Palais présidentiel du Plateau, le 4 avril 2011, une semaine avant la chute de Laurent Gbagbo, ne fait plus aucun doute. Le mercredi 22 février, deux témoins cruciaux de ce quadruple crime, jusque-là non élucidé, ont fait des révélations qui donnent froid dans le dos.

Les deux témoignages sont ceux de Léopold Okou Modi. Celui-ci était chef des opérations de la Garde républicaine, au moment des faits. Quant au commissaire Osé Logué, il était officier de liaison de police à la Garde républicaine.

Les deux hommes étaient en service au Palais présidentiel, ce jour-là. Voici leurs témoignages, à l’audience du palais de justice de Yopougon. Devant les juges, ils comparaissent en compagnie du Général Bruno Dogbo Blé. Celui-ci étant le principal accusé dans cette affaire. De fait, au moment des faits, il était le commandant de la Garde républicaine.

Assassinat de Yves Lambelin: le récit

Colonel Okou Modi: « Ce jour-là, le Général Dogbo Blé m’a dit qu’il aurait appris que certaines personnes dont des blancs étaient arrêtées et envoyées au Palais. Il m’a demandé donc de les lui envoyer si ces personnes étaient réellement au sein du Palais présidentiel.

Après quelques renseignement pris, je me suis rendu compte qu’il y avait quatre personnes. Précisément deux blancs, un métis et un noir qui y étaient présents. Ceux-ci étaient entourés par des militaires et des personnes que je ne connaissais pas (des miliciens ou des mercenaires, NDLR).

 

Ils les ballonnaient. Cela m’a donc énervé. Alors je les ai pris pour les mettre dans l’arrière cour du Palais présidentiel. Non sans prendre le soin de demander à deux des personnes qui les entouraient de veiller sur eux. Juste le temps que j’aille à mon bureau pour revenir. A mon retour, j’ai constaté que ces quatre personnes étaient mortes. Elles étaient étendues sur le gazon.

Quand j’ai informé le Général Dogbo Blé, il m’a demandé de faire enlever discrètement les corps. C’est cet ordre que j’ai exécuté. Puisque c’est le Général qui est responsable de tout ce qui se passe dans le camp. J’ai donc demandé au commissaire Osé Logué, d’aller mettre les corps discrètement à l’infirmerie de la Garde républicaine. Celle-ci jouxte la maison de la presse ».

Quadruple exécution sommaire

Commissaire Osé Logué: « Le colonel Okou Modi m’a demandé de l’aider à enlever les corps des quatre personnes tuées discrètement. J’ai donc amené les corps à la première compagnie de la Garde républicaine. A peine arrivé dans le camp avec les corps, des personnes en treillis (les miliciens ou les mercenaires) sont arrivées à bord d’une voiture de type 4X4.

Ils m’ont dit qu’ils venaient du Palais présidentiel. Et qu’on leur a demandé de ramener les corps au Palais présidentiel. Je leur ai donné les corps, sans avertir le colonel Modi. Quand je retournais à mon bureau au Palais présidentiel, cette voiture nous a suivis jusque dans l’enceinte du Palais. Après quoi, je n’ai plus eu de leurs nouvelles. Je ne sais donc pas où ils ont mené les corps ».

Les auditions continuent. D’autres révélations sont attendues. Les avocats de la défense ont tenté de faire croire que les quatre victimes pourraient avoir été tuées, à la suite d’un bombardement du Palais. Une thèse non confirmée par le colonel Okou Modi. Qui a précisé que les avions de Licorne lâchaient des bombes explosives.

Celles-ci auraient déchiqueté les corps. Or, soutient-il, « les corps ne présentaient pas de blessures ouvertes ».

André Silver KonanAndré Silver Konan

petit rappel, ce journaliste n’est pas de la presse bleue…L’homme aux selfies est aux ordres et même devance les ordres…

Procès des disparus de Novotel : ‘’ Dogbo Blé m’a demandé de retirer discrètement les 4 corps du Palais’’ (Colonel Okou Modi)

Côte
Abidjan (Côte d’Ivoire) – Poursuivi avec neuf autres personnes pour ‘’ enlèvement, séquestration, complicité d’assassinat, assassinat et disparition de cadavres’’, le colonel Léonard Okou Modi a cité, mercredi devant la Cour, son co-accusé, Dogbo Blé, de lui avoir ‘’demandé de retirer discrètement les 4 corps’’ du périmètre du palais présidentiel.

C’est l’ex-chef des Opérations de transmission de la Garde Républicaine, le colonel Léonard Okou Modi, qui a ouvert le ballet des interrogatoires des accusés après que le président de la Cour, Mourlaye Sissoko, a prononcé le ‘’rejet’’ des exceptions sur la ‘’compétence’’ de sa juridiction et la ‘’nullité’’ de l’arrêt d’accusation soulevées, la veille, par la Défense et ordonné la ‘’poursuite’’ des débats.

Faisant le récit des faits qui lui sont reprochés, le colonel Okou a expliqué à la barre que, ce avril 2011, ‘’de ma position, j’ai vu des mouvements d’hommes à travers les vitres de mon bureau au Palais présidentiel , deux blancs, un métis et un noir aux mains de personnes qui les malmenaient’’, d’apprendre plus tard que ‘’ces quatre personnes ont été retrouvées mortes’’, sans donner des précisions sur les circonstances de leur décès.

C’est que, selon l’accusé, lorsque ces quatre personnes encore en vie dans l’enceinte du Palais ont été‘’découvertes’’, il a enjoint le Capitaine de Police Osée Logué de les‘’interroger’’ sur les motifs de leur présence au Palais.

‘’Le capitaine n’a pu faire cet interrogatoire, puis on est venu me dire qu’elles ont été retrouvées mortes à l’arrière-cour du palais’’, a déclaré le colonel Okou Modi selon qui ‘’ le général Dogbo Blé informé de la situation m’a demandé de faire retirer discrètement ces corps du Palais’’.

Appelé à la barre le Capitaine de police Osée Logué a affirmé avoir obéi aux ordres du colonel Okou pour‘’enlever ces corps avec l’aide de 9 personnes pour les envoyer à la première compagnie où les services de la Croix Rouge devraient venir les récupérer’’.

A la question du juge de savoir pourquoi il n’a pas fait l’interrogatoire de ces personnes supposées‘’suspectes’’ dans l’enceinte du Palais, l’accusé a répondu en ces termes : ‘’quand j’ai ouvert la porte pour aller vers eux pour le faire,il y a eu des rafales de bombardement sur le palais, alors j’ai cherché à me protéger car ça tirait de partout’’.

C’est après l’accalmie des bombardements que‘’les quatre personnes ont été découvertes mortes’’, a-t-il insisté. Sur le ou les auteurs de ce crime, comme le colonel Okou, il n’en sait rien. ‘’ Quoi que je suis policier, depuis 28 ans, je n’ai jamais tiré sur quelque individu que ce soit’’, a-t-il juré à la barre.

Huit militaires dont le général Dogbo Blé, ex-commandant de la Garde républicaine et deux civils sont poursuivis en assises, pour avoir non seulement «enlevé» le 4 avril 2011,à l’hôtel Novotel au Plateau, mais aussi «séquestré et assassiné», l’opérateur économique français Yves Lambellin, ainsi que le directeur de l’hôtel Novotel d’Abidjan, Stéphane Frantz Di Rippel, le Béninois Raoul Adeossi et le Malaisien Chelliah Pandian, directeur général de l’entreprise Sania, filiale du groupe Sifca.

HS/ls/APA, abidjan.net