Admission de la Côte d’Ivoire au Conseil de sécurité de l’ONU : Les premiers mots de Ouattara…

Le président ivoirien Alassane Ouattara
Le président ivoirien Alassane Ouattara

La Côte d’Ivoire a été élu le vendredi 2 juin 2017, en qualité de membre non permanent du Conseil de sécurité de l’ONU. Une première dans l’histoire du pays,  qui marque un nouveau pas dans son repositionnement et son rayonnement diplomatique. Le chef de l’Etat Alassane Ouattara n’a pas attendu longtemps pour exprimer ses sentiments après cet autre cette victoire ivoirienne. Ci-après, nous vous proposons l’intégralité de sa déclaration, dont copie a été transmise à La Diplomatique d’Abidjan.

« C’est avec fierté et satisfaction que j’accueille la brillante élection de notre pays en qualité de membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies, vingt-six ans après son premier mandat au sein de cette importante Organisation mondiale. Je voudrais remercier chaleureusement tous les pays qui nous ont fait confiance.

Confiance de la communauté internationale

Je salue tout particulièrement le soutien et l’extraordinaire mobilisation du Continent africain derrière notre candidature. L’entrée de la Côte d’Ivoire au Conseil de sécurité des Nations Unies marque une nouvelle étape dans notre politique de repositionnement diplomatique. Elle reflète également la confiance de la communauté internationale. En effet, le monde vient de nous confier la lourde responsabilité de contribuer au règlement des conflits complexes que connaissent de nombreux pays et de protéger l’humanité contre les menaces globales qui fragilisent la paix et la sécurité.

Engagement

La Côte d’Ivoire remplira sa mission, dans le respect de nos valeurs de paix, de dialogue et de tolérance ainsi que des principes de la Charte des Nations Unies. Conformément à ses engagements, mon pays partagera avec la communauté internationale, les leçons et l’expérience tirées de sa longue collaboration avec l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI), à qui je rends hommage, afin que les opérations de maintien de la paix connaissent encore plus de succès. »

Alassane OUATTARA
Président de la République de Côte d’Ivoire

LaDiplomatiqued’Abidjan

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La Côte d’Ivoire membre non permanent de l’Onu, et après ? Que les choses soient claires ! Je félicite le gouvernement pour l’élection de la Côte d’Ivoire, comme membre non permanent du Conseil de sécurité. Et ça s’arrête là.

Pour le reste, cette euphorie autour d’un événement pas aussi exceptionnel que cela, me laisse indifférente. Etre membre non permanent du Conseil de sécurité n’est pas une panacée politique, c’est juste un rayonnement diplomatique temporaire.

Côte d’Ivoire membre non permanent de l’Onu

De fait, que gagne un membre non permanent de l’Onu ? Rien de plus que gagnent les autres Nations membres de l’Onu, à la différence que les pays qu’il représente sont obligés de tenir compte de ses intérêts, en ce sens que c’est lui qui porte leur vote.

Dans le cas de la Côte d’Ivoire, elle a été élue, avec le Koweït et la Guinée équatoriale, pour le compte du du Groupe dit des États d’Afrique et d’Asie-Pacifique. Ils succèdent à l’Égypte, au Japon et au Sénégal.

En clair, la Côte d’Ivoire ne votera pas des résolutions en son nom propre, mais au nom de ses mandants. En définitive, ce sont les cinq membres permanents (Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni et Russie) qui restent les patrons de l’Onu. Ils ont le droit de veto, pas les membres non permanents, élus pour deux ans, non renouvelable immédiatement.

La troisième fois en 57 ans

C’est bien la troisième fois que la Côte d’Ivoire va siéger au conseil de sécurité, en tant que membre non permanent. Ce qui n’est pas le cas de la Guinée équatoriale, qui peut considérer cette élection comme historique, puisque c’est sa première fois.

Ce n’est donc pas un exploit, comme certains veulent le présenter. L’exploit, c’était quand la Côte d’Ivoire a été élue pour la première fois, en 1964, membre non permanent. Pour deux raisons, c’était vraiment un exploit.

D’abord parce qu’aucun pays africain francophone n’avait été élu à ce titre. L’Egypte (1948) et la Tunisie (1959), premiers pays africains à être élus membres non permanents du Conseil de sécurité, y sont entrés non pas en tant que pays africains, mais comme membres du siège moyen-oriental.

Le Ghana a été le premier pays d’Afrique subsaharienne, à occuper un poste non permanent, en 1962. Il a été admis pour le compte du Commonwealth. Nous sommes en 1964, quand la Côte d’Ivoire est élue, à la surprise générale, membre non permanent. Cela était un vrai exploit.

Tout simplement parce que la Côte d’Ivoire y est entrée, pour le compte du Commonwealth (deuxième raison) dont elle n’était pourtant pas membre. Par la suite, la Côte d’Ivoire a été élue, en 1990.

En Afrique, le record de participation est détenu par le Nigéria et l’Egypte qui ont siégé dix fois. Le Ghana, le Gabon et la Zambie ont siégé six fois. Le Mozambique et le Swaziland n’ont jamais siégé.

 André Silver Konan