A la lumière de l’interview de Ouattara à Paris-Match

Exclusif – Alassane Ouattara : « Les candidatures de Soro et Gbabo relèvent de la provocation »

Paris Match | Publié le 23/09/2020 à 17h08 De nos envoyés spéciaux à Abidjan, Hervé Gattegno et Caroline Mangez.

Ci-dessous quelques réflexions personnelles suite à cette interview.
Shlomit

Alassane Ouattara, le 22 août 2020.
Alassane Ouattara, le 22 août 2020. REUTERS/Luc Gnago/File Photo

Après l’effet de surprise du timbre du Jubilé Vatican/Côte d’Ivoire, voilà notre Président boosté, blindé qui exerce son charme via Paris-Match, la revue qui avait déja encensé Dominique Ouattara et ses œuvres de bienfaisance. Bien sûr ces interviews ne sont pas des déclarations d’amour de journalistes engagés, mais bien le fruit d’un service donnant/donnant, « je te flatte, tu me rémunères ». Cette Com toute naturelle et spontanée aurait couté la bagatelle de 106 300 €, soient 70 millions Franc CFA pour une double page « quadri-ouverture », selon Annabelle Ouégnin qui a posé la question au journal.


A quelques semaines de cette élection contestée où les candidats retenus Pascal Affi N’guessan et Henri K Bédié appellent à la désobéissance civique et refusent de rentrer dans le jeu « démocratique » de la CEI au service de ce candidat/Président qui ose briguer un 3 eme mandat, sans l’aval de l’Union Africaine. Les seuls juristes qu’il a su accrocher à sa suite, ce sont ceux qu’il salarie et engraisse pour les garder à sa disposition, non pour dire le droit et appliquer la justice, mais se comporter en béni-Oui-Oui.

« Sa réussite est incontestable. Cet économiste, ancien directeur général adjoint du FMI, a été aussi le seul Premier ministre d’Houphouët-Boigny. Il a connu l’exil, a échappé à des tentatives d’assassinat. Elu président, il a pu s’emparer du pouvoir en 2011 avec l’aide des Nations unies. Réélu triomphalement en 2015, il avait promis de quitter le pouvoir » et voilà que son dauphin meurt…
C’est par cette ouverture dithyrambique que le magazine français va commencer son interview. Vraiment c’est beaucoup de salamalecs pour pour nous présenter un homme qui sans com ne pèserait pas bien lourd.
Qui est Allassane Dramane, c’est un enfant repéré dans une famille pauvre, burkinabé de père et de mère, qu’on a sorti du ruisseau, à qui on a payé des études, qu’on a introduit dans le beau monde, qui a gravi les échelons, poussé, bichonné, caressé, flatté. Son doctorat en économie, personne ne sait s’il est réel ou non, c’est une vérité qui se trouve recopiée depuis l’origine, alors que personne ne l’a lu, qui ne figure dans aucune bibliothèque d’université, dont personne ne connait le sujet de thèse. Cet homme africain, comme d’autres, -la procureure Bensouda, par exemple- permet de croire que l’africain prend enfin son destin en main, que le colon s’est retiré depuis les Indépendances. Mais ce dernier est comme la mer qui se retire, à la prochaine marée, le revoilà. D’abord français, puis affaibli, il partage maintenant son pré-carré d’Afrique de l’Ouest, avec les Etats-Unis!
Rappelons-nous comment la France et les Etats-Unis ont opéré leur chantage sur Laurent Gbgabo pour qu’il quitte le pouvoir avant de lancer les opérations de guerre qui ont abouti le 11 avril 2011 à l’arrestation du Président Gbagbo.

Selon Paris-Match, « il avait promis de quitter le pouvoir… jusqu’à ce que Amadou Gon Coulibaly, son premier ministre et dauphin désigné, succombe le 8 juillet dernier à une crise cardiaque ».
Ouattara se sacrifiant pour remplacer le bien-aimé Gon Coulibaly, son disciple le plus fervent, c’est une rhétorique peu crédible. Son Premier ministre, décédé à 61 ans avait subit une transplantation cardiaque en 2012, et depuis c’était un homme fragile et en sursis. Envoyé en France, hospitalisé pour cause d’un grave Covid qui aurait pu l’emporter, ce n’était certainement pas un homme suffisamment fort pour entreprendre une campagne électorale et envisager la conduite d’un mandat présidentiel. Selon l’interviewé, il ne fallait pas « qu’une guerre de succession ne mette en péril son héritage : neuf ans d’un développement économique salué par la communauté internationale ».
Car chez les Ouattara, la politique c’est en « famille » qu’on la conçoit. Tout se traite dans le cercle très restreint des proches. Et d’ailleurs, notre Président n’a-t-il pas opté définitivement pour le couvre-chef préféré des parrains de la maffia sicilienne lors de ses déplacements ?
Il se présente pour un 3 eme mandat, mais c’est par pure abnégation, il n’a « jamais cherché à s’accrocher au pouvoir, contrairement à ses prédécesseurs ». Beau pluriel de majesté pour parler de « son » prédécesseur, puisqu’il ne peut s’agir que de Laurent Gbagbo, celui que la Procureure de la Cour Pénale Internationale a présenté comme un homme se cramponnant désespérément au pouvoir. Il ne peut décemment pas parler de son modèle Houphouët Boigny, puisque le disciple se veut encore plus républicain que son maitre !

Les élections auront lieu à la date prévue, pas question de repousser les élections comme l’exige la Cour Africaine des Droits de l’Homme …Le respect de la Constitution, c’est de garder les élections à la date prévue.  » La date du 31 octobre est donc inscrite dans le marbre ».

« la légitimité c’est le respect du droit ». Il explique que Guillaume Soro ne pouvait être candidat. Sa place n’est pas « dans la campagne électorale mais en prison ». Il est poursuivi pour déstabilisation du régime. « Les preuves contre lui sont accablantes ». Évidemment il s’agit du Soro dernière cuvée millésimée, car le dauphin qui menait la rébellion avec les com’zones pour aider Ouattara à prendre le pouvoir, il ne peut l’accuser sans s’accuser lui-même, lui le donneur d’ordres et son épouse qui selon IB était celle qui payait les salaires des militaires retournés et mercenaires rebelles.

Quant à Laurent Gbgabo blanchi par la CPI il y a 18 mois, libre sans l’être puisqu’il ne peut rentrer chez lui. « Il faut attendre le verdict en appel devant la CPI, car pour l’instant il est en liberté sous condition. Ensuite, des dispositions seront prises quant à son retour, sachant qu’il est condamné à vingt ans de réclusion pour crimes économiques ». Celui qu’il appelle d’abord un frère et un ancien Président d’un pays qui reste le sien, Ouattara à peine menaçant rappelle que LG fait l’objet d’une peine de prison de 20 ans pour crimes économiques. Si la CPI n’a pu rien trouver pour condamner Gbgabo, et comme cela a été brillamment démontré, le seul crime que Ouattara met sur son dos, le fameux « casse de la BCEAO », c’était afin de pouvoir payer les fonctionnaires, qui grâce à une bonne gestion de l’économie, malgré l’embargo sur les médicaments, malgré les pressions exercées sur les banques. Aucune somme n’a été mise de côté, tout a été transparent, la comptabilité existe et la BCEAO n’a jamais porté plainte. Ouattara qui a bénéficié d’un prêt de la France pour payer les fonctionnaires trois mois, n’a pas eu besoin de les rémunérer, étant donné que sous la présidence Gbagbo ils avaient reçu leur salaire. Et aucun fonctionnaire n’a été payé deux fois ! Donc le seul crime économique est imputable à d’autres. La décence ne nous permet pas de citer un nom, un clan, une famille !!!
beaucoup de semi-vérités et de mensonges par omission. Laurent Gbgabo est libre de voyager, mais pour rentrer au pays, il faut un passeport. Le diplomatique lui ayant été refusé, c’est un passeport ordinaire qu’il a demandé en personne à l’ambassade de Côte d’Ivoire à Bruxelles. Embarras des émissaires. Le temps passe, mais le passeport n’est toujours pas délivré, La réponse? elle nous vient d’Abidjan: lenteur administrative !
Finalement la cour Africaine des Droits de l’homme se prononce le 25 septembre, et donne raison à Laurent Gbagbo. Il faut le réintégrer sur la liste électorale. Mais Ouattara se cabre, « cette décision est nulle et non avenue ».

la suite va dépendre de la mobilisation ou non de l’opposition. Com contre réalité. Déni contre réalité. Il est plus que temps de réagir ! Et surtout de ne pas compter sur une solution inspirée de l’extérieur, ces chers amis occidentaux qui vous veulent tant de bien qu’ils garderont Laurent Gbagbo bien au chaud en Europe, sans billet de retour. Et n’aideront KKB ou Affi, ou même Ouatatra qu’en étant sûrs d’avoir misé sur le bon toutou docile, qui ne fera pas de vagues, et qui n’aura pas trop de vague à l’âme pour continuer le désossage de la Côte d’Ivoire après les élections, si celles-ci devaient être maintenues.