Trésors coloniaux : après le Bénin, la Côte d’Ivoire demande restitution à la France

 15 Nov 2017   Le cran



Ce 15 novembre 2017, Sa Majesté Assemien Nogbou, Roi d’Ebrah et président de l’Association Nationale des Rois de Côte d’Ivoire (ANARCI), a adressé au président Macron une demande de restitution.

Lire: Lettre du roi d’Ebrah au président Macron

En effet, de nombreux biens culturels ont été pillés pendant la Colonisation, et se trouvent aujourd’hui au musée du Quai Branly.

Une exposition avait d’ailleurs été inaugurée en 2015, sur « Les Maîtres de la sculpture de Côte d’Ivoire ». La plupart de ces objets magnifiques ont été acquis par la France au début de l’époque coloniale. L’origine de ces biens et les modes d’acquisition n’étaient guère précisés, mais il y a quelque raison de penser que certains d’entre eux ont pu être acquis de manière illégale. Dans sa lettre au président Macron, Sa Majesté déclare :

Nous souhaitons engager un dialogue avec vous et vos services sur la base des inventaires nationaux français, qui ont été récemment réexaminés, afin de déterminer l’origine des biens issus de notre pays, et d’envisager leur restitution le cas échéant. Certains objets ont pu être acquis légalement, et les documents que vous détenez le prouveront aisément. D’autres non, et c’est de cela que nous souhaitons discuter.

Le représentant des rois de Côte d’Ivoire a également souligné l’enjeu de cette restitution, qui est une question de justice, de culture, mais aussi de développement économique. En effet, comment développer le tourisme culturel en Côte d’Ivoire quand une bonne partie du patrimoine culturel a été emporté ?

La requête de Sa Majesté Assemien Nogbou s’inscrit naturellement dans le cadre de la campagne du Cran pour la restitution des trésors africains, pillés pendant la Colonisation.

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On s’en souvient, interpellés par Louis-Georges Tin, le roi d’Abomey (2015), puis le président du Bénin (2016) avaient formulé une demande officielle de restitution aux autorités françaises, qui ont proposé de mettre en place une commission, laquelle n’a toujours pas vu le jour à cette heure.

Par ailleurs, en 2016, Sa Majesté Tchiffi Zié, secrétaire permanent de United Kingdoms of Africa, avait également fait adopter une résolution déclarant : « soutenons la démarche introduite par le Cran en vue d’atteindre ces objectifs de restitution concrète, de retour des biens et mobiliers arrachés à nos patrimoines ».

Travaillant avec les monarques africains, le président du Cran a déclaré : « On parle souvent des biens mal acquis des présidents africains, mais la France a des biens encore plus mal acquis, pillés à l’occasion des massacres coloniaux. Nous ne pouvons que saluer la démarche historique de Sa Majesté le roi d’Ebrah qui, au nom de tous les monarques de la Côte d’Ivoire, a introduit une demande de restitution. Le président Macron, qui a reconnu que la Colonisation fut un crime contre l’humanité, doit désormais s’engager dans la voie de la vérité, de la justice et de la restitution ».

Louis-Georges Tin
Président du Cran Le-Cran.fr