Venance Konan se fourvoie

Sortie hasardeuse sur la possible libération de Gbagbo

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Surprenants, que les propos de Venance Konan, Directeur général du groupe Fraternité Matin, relativement au sort de Laurent Gbagbo à la Cour pénale internationale : « Je ne crois pas que la CPI puisse se déjuger comme cela. S’il est libéré, ses partisans vont d’abord danser de joie: Selon eux, une libération prouvera l’innocence de Gbagbo, montrera qu’il a été accusé à tort, qu’il a été victime d’un complot de la France et que c’est lui qui a gagné les élections. Ils ne reconnaîtront jamais Ouattara, qu’ils considèrent illégitime. Il est possible que cela donne lieu à une nouvelle crise plutôt qu’à une réconciliation…J’imagine déjà l’émeute qui se produira à son retour au pays. Et où ira- t-il? Tout cela semble compliqué. »

Ces propos de Venance Konan posent plusieurs problèmes à son propre niveau.

D’abord, il a peur d’un retour de l’ancien Président en Côte d’Ivoire. En vérité, craint-il pour le pouvoir de Ouattara ou pour le sien personnel, savoir son poste de Directeur général de Fraternité Matin ? Quand on relit les écrits du même auteur sur l’actuel chef de l’Etat ivoirien, Alassane Ouattara, alors opposant, on comprend qu’il est plus attaché à son intérêt personnel qu’à l’idéologie d’un Maître. Voici ce qu’il écrivait sur le même Ouattara dans le quotidien Fraternité Matin du 04 septembre 1998 : « Monsieur Alassane Ouattara est donc candidat à l’élection présidentielle de l’an 2000. Parce qu’il est ivoirien et éligible .contrairement à 1995 où il avait reconnu ne pas être éligible. Qu’est ce qui s’est donc passe? Pour ce que nous savons, rien n’a changé au niveau des conditions d’éligibilité. C’est donc au niveau de monsieur Ouattara que quelque chose a changé .Lors du congrès de son parti, il a affirmé haut et fort qu’il est ivoirien. Et Balla Keita l’a confirmé. Il a déclaré dans <le jour>que monsieur Ouattara est bien ivoirien, originaire de Kong. D’ailleurs, au moment où monsieur Ouattara devait être nommé premier ministre, le président Felix Houphouët-Boigny l’avait envoyé, lui Balla Keita, annoncer aux habitants de Kong que Monsieur Ouattara était originaire de chez eux. Un bien drôle d’ivoirien que cet Ouattara, que Balla Keita est obligé d’aller présenter aux gens de son village pour qu’ils sachent qu’il est effectivement de chez eux. Et seulement au moment où, il va être nommé premier ministre. Il n’avait donc jamais mis les pieds dans son village auparavant ? »

L’auteur d’une telle réflexion contre Ouattara, ne peut pas être son inconditionnel, au point de s’inquiéter tant pour son pouvoir, si ce pouvoir ne garantit pas le sien, son fauteuil de Dg de Frat-Mat. Parce qu’il croit que Laurent Gbagbo serait un revanchard et qu’à son retour, si le sort le replace au pouvoir, alors lui Venance Konan, serait « cuit », limogé automatiquement.

Venance Konan dans le plan commun

Deuxièmement, Venance Konan étonne par ses propos sur Laurent Gbagbo et sur la Cpi. Homme de droit qu’il est avant d’être journaliste, on ne peut pas comprendre qu’il pense que « « Je ne crois pas que la CPI puisse se déjuger comme cela. S’il est libéré… »

En disant cela, on imagine Venance Konan convaincu que la Cpi n’a pas emprisonné Laurent Gbagbo pour le libérer ensuite, c’est-à-dire pour prévoir l’éventualité de son innocence et de sa remise en liberté. Dans son entendement ou son souhait, ce serait donc pour l’ancien chef de l’Etat ivoirien, un voyage non-retour à La Haye. Un procès où le droit n’aurait pas sa place. Et serait tant mieux ! Sinon, la Cpi se serait « déjugée ». Comme si la recherche de la justice, c’était uniquement la condamnation du prévenu, et non aussi l’établissement de la vérité et de son innocence. Et puis, en quoi cela lui ferait si mal de voir les partisans de Laurent Gbagbo se réjouir après 6 ans d’emprisonnement à la Cpi ? Ne connaitrait-il pas, lui, Venance Konan, le même état d’esprit, s’il se trouvait dans leur cas ? Le pourfendeur d’hier de la politique de l’opposant Ouattara s’inquiète à l’idée que « S’il (Gbagbo, Ndlr) est libéré, ses partisans vont d’abord danser de joie : Selon eux, une libération prouvera l’innocence de Gbagbo, montrera qu’il a été accusé à tort, qu’il a été victime d’un complot de la France et que c’est lui qui a gagné les élections. Ils ne reconnaîtront jamais Ouattara, qu’ils considèrent illégitime. Il est possible que cela donne lieu à une nouvelle crise plutôt qu’à une réconciliation… »

Mais si c’est vrai, si c’est effectivement de cela qu’il s’agit, parce que Ouattara est au pouvoir depuis 6 ans, comme des habitudes sont installées, et que ce pouvoir tient du système capitaliste et de l’impérialisme français, ne devrait-on pas reconnaitre qu’on s’est trompé ? Parce qu’on aurait honte ? Honte d’avoir fait du tort à un homme, à un peuple, à une nation ? Comme il est dans la jouissance d’un système, cela peine le Dg de Frat-Mat de ne pas voir se perpétuer la version erronée, mais si nutritive de l’histoire de notre pays. Où serait alors l’esprit d’équité qui caractérise l’intellectuel, l’homme de droit ? Où ? Venance Konan conclut l’expression de sa terreur en disant : « J’imagine déjà l’émeute qui se produira à son retour au pays. Et où ira- t-il? Tout cela semble compliqué ».

Voilà ! Donc pour lui, même si Laurent Gbagbo a raison, même s’il a gagné son procès, il ne devrait pas rentrer dans son pays. Parce qu’il y aurait des gens qui, bien que dans le tort, s’opposeraient à son retour. Des intrigants que l’on laisserait créer l’émeute (grande foule avec cris et bagarres), et non une meute (grande foule, joyeuse, sans histoire). « Et où ira- t-il? » se demande-t-il. Où irait vivre l’ex-prisonnier ainsi blanchi ? Où ? S’interroge le journaliste ? Comme si Laurent Gbagbo était un Sans-domicile-fixe (SDF) ou un Sans-région-fixe (SRF) en Côte d’Ivoire. Ou comme si la République ne pouvait pas protéger un de ses fils réhabilité par la justice internationale. Mais on comprend que tous ces mots de Venance Konan sont des consignes. Des mots d’ordre à tous ceux qui vivent de l’imposture pour mener des actions libérales contre le retour de Laurent Gbagbo sur sa terre natale. On pourrait dire que Venance Konan se fourvoie dans cette sortie de route. Mais on se rend compte qu’il est en réalité dans le plan commun avec le régime et la France impérialiste contre Laurent Gbagbo et le peuple ivoirien, pour la préservation de ses propres intérêts. La vérité dans ce dossier ne l’intéresse pas. Seule la tranquillité de ses intérêts le préoccupe. Dommage…

Germain Sehoué
gs05895444@yahoo.fr