Un historique témoignage, à charge, libératoire.

le point de vue de notre juriste.
Point définitif des 8 jours d’audition de Mangou :

Ainsi, alors qu’ils étaient nombreux, les ivoiriens, à se convaincre, de bonne foi, qu’en conséquence de la teneur des dépositions de ses plus proches collaborateurs l’ayant précédé, l’ex-chef d’état-major des forces armées ivoiriennes se raviserait de son choquant projet de comparaître devant la CPI, ès-qualité témoin à charge contre GBAGBO Laurent, le monde entier vient finalement de considérer, pendant 8 jours, son excellence, Monsieur Philippe MANGOU, dans sa posture d’accusateur «important».

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Le cœur visiblement chargé contre le Président Laurent GBAGBO, contre certaines personnalités civiles proches de lui, et, contre tous les officiers militaires ayant, jusqu’à ce jour, montré une loyauté éprouvée à son égard, «le témoin à charge important» s’est littéralement vidé de son venin, avant de repartir, l’âme, assoiffée de « vérité », restaurée, la conscience légère, de la salle d’audience de la Cpi, en direction de ses douillets bureaux diplomatiques librevillois.

Aussi lorsqu’on convient, avec l’ancien Chef d’état-major des armées de Côte d’Ivoire, de ce qu’il était devant cette Cpi, en tant qu’un «témoin à charge important», peut-on résister à la tentation de dégager l’impact de sa déposition, soit sur la consolidation des imputations contenues dans le document des charges (DNC) ou soit, de la vacuité de sa cognée ?

Dans l’intérêt d’une meilleure intelligence de notre démarche, et surtout, d’une saine appréciation de cet impact de la déposition de Mangou, importe-t-il de rappeler, dès l’abord, l’assiette des crimes pour lesquels la Cpi recherche, depuis presque 7 ans, l’indémontrable responsabilité pénale du Président Laurent GBAGBO et de son dernier ministre de la Jeunesse, Charles BLÉ Goudé.

En effet, il est reproché au Président Laurent GBAGBO d’avoir, dans la perspective des présidentielles de 2010, pensé une politique visant l’extermination des ressortissants du Nord, tous musulmans, en vue de la confiscation du pouvoir.

Que dans la foulée de la crise post-électorale, une telle politique aurait donc abouti, principalement, au massacre des militants, aux mains nues, du RHDP, lors de leur marche pacifique sur la RTI, le 17 décembre 2010, au bombardement du marché Siaka KONE d’Abobo, fréquenté exclusivement par les partisans de Dramane OUATTARA, et au massacre des 07 femmes marcheuses d’Abobo.

Il est en outre prétendu qu’une telle politique a instrumentalisé des milices, des mercenaires et une armée tribale, parallèle à l’armée républicaine.

Mais, n’ayant pu formellement établir la responsabilité du Président Laurent GBAGBO, au terme de l’audition d’une soixantaine de témoins, spécialement cooptés par l’Accusation, la mise à contribution de l’ex-CEMA, en vue des déclinaisons militaires d’une telle politique criminelle, apparaissait cardinale.

Aussi tous les observateurs ne se sont-ils pas surpris de constater cette inutile hargne avec laquelle Monsieur MANGOU a engagé les hostilités, en sorte qu’à ce jour, nul ne saurait soupçonner l’homme d’avoir tenu le moindre compte du commerce avantageux, pour lui, qu’il a antérieurement eu avec le Président Laurent GBAGBO et ses partisans, pendant une dizaine d’années.

Mais, pour l’essentiel, et sur les points techniques, Monsieur MANGOU a-t-il vraiment opéré le miracle tant attendu de lui, par ses mandants ?

En effet, dans ses premières dépositions, Monsieur MANGOU avait soutenu, sans ambages, que les FDS, sous sa responsabilité directe, avaient opéré, pendant toute la crise, très loin de la sphère géographique de la Commune d’Abobo, et ne peuvent donc être impliquées, ni dans le bombardement du marché Siaka KONE, ni dans le massacre des 07 marcheuses pacifistes d’Abobo.

Par ailleurs, avant cela, Monsieur MANGOU avait d’ores et déjà, également dégagé la responsabilité des FDS dans les meurtres qui auraient été commis à l’occasion de la marche-installation d’un nouveau D.G à la RTI, le 17 décembre 2010, n’ayant protégé, ce jour, que le patrimoine de la Rti.

Quant à l’existence d’une unité de mercenaires qu’encadrerait, selon Mangou, le Capitaine SEKA Seka, l’avalanche des questions de la défense, a fini par contraindre l’homme, à confesser qu’il n’en était rien ; Mangou ayant lui-même fini par admettre son incapacité, par le seul moyen du faciès, à identifier formellement chaque élément des dizaines de milliers de militaires de l’armée ivoirienne, alors surtout que l’homme a également avoué, n’avoir eu le moindre contact avec les dernières recrues de cette armée.

Cependant, pour entièrement évaluer la prestation de sieur MANGOU, au plan technique, il importe de noter que le juge-Président n’est pas fortuitement revenu sur des points précis, propres à apparaître comme des caractéristiques résiduelles du plan commun, agité.

En effet, dans ses envolées rageuses des débuts de son audition, Monsieur MANGOU avait laissé clairement transparaître l’existence d’une armée parallèle «bhété», au niveau d’une Garde Républicaine mexicaine, dirigée par un «indiscipliné bhété», dénommé DOGBO Blé, d’une part, et une unité composite, primitivement destinée au seul maintien de l’ordre, CECOS, dotée finalement d’armes de guerre, et échappant à son total contrôle, du fait de l’autonomie que se serait indûment adjugée son chef GUIAI Bi Poin, d’autre part.

Mais, terriblement redressé par la charge de la défense, sur l’occurrence, Mangou s’est ultimement et subtilement rebiffé, déroutant soudainement le juge-Président qui attachait du prix à ce dernier filon. Aussi Mangou, après avoir honnêtement attesté qu’il n’avait jamais vu les puissantes armes supposées, dont son prédécesseur, GUIAI Bi Poin avait, au demeurant, contesté l’existence, a-t-il fini par justifier le personnel, prétendument pléthorique, de la Garde Républicaine dirigée par le général DOGBO Blé.

Dès lors, le deuil de tous les éléments agités, pour simuler la mise en place, par le président Gbagbo, d’une certaine politique ayant pour desseins, l’extermination des ressortissants du Nord, tous musulmans, est à jamais consommé.

C’est pourquoi, même si l’entreprise de Mangou porte la marque d’une parfaite auto-crucifixion, il faut impérativement observer que cette comparution très hostile, est des plus salvatrices, en ce qu’elle lave, définitivement et proprement, le Président Laurent GBAGBO de toutes souillures criminelles, sans possibilité d’invoquer le moindre état d’âme chez ce Mangou, qui lui aurait profité.

Ainsi s’écrit toujours l’histoire d’un grand pays.

Tchedjougou OUATTARA
Roger Dakouri Ledj