Selon l’AFP,accord entre mutins et gouvernement
Un accord final a été trouvé vendredi soir entre des militaires mutins et le gouvernement ivoirien, au terme d’une journée de tension émaillée de tirs dans des casernes à travers le pays qui a vu les négociations traîner en longueur.
« Un accord a été trouvé à Bouaké (centre) entre le chef d’état-major, le ministre de la Défense et les militaires » mutins, a affirmé une source proche de la présidence à l’AFP.
Sur place, les militaires mutins ont laissé éclater leur joie. « Nous sommes contents. On a trouvé un accord », ont affirmé plusieurs soldats à l’AFP, sans vouloir révéler le contenu de celui-ci.
« Les militaires ont accepté de rentrer dans les casernes et les tirs ont cessé pour cette raison à Bouaké », a affirmé une source locale dans la deuxième ville du pays, épicentre de la crise, où avaient lieu les négociations entre les mutins et le ministre de la défense Alain-Richard Donwahi.
Selon cette source, les mutins ont obtenu une prime de 5 millions de francs CFA (7.622 euros).
Les soldats s’étaient rebellés la semaine dernière à Bouaké et le mouvement avait fait tache d’huile, avec des tirs de solidarité dans le pays. La même situation s’est reproduite vendredi alors que le ministre s’était rendu à Bouaké pour finaliser un accord annoncé samedi dernier.
Mais les discussion se sont avérées plus complexes que prévues et le ministre, arrivé sur place à 14h00 (locale et GMT), n’est sorti de la table de négociations que vers 22h00.
La tension est montée tout au long de la journée, certains craignant que le ministre soit pris en otage et que le pays bascule dans une mutinerie généralisée.
Le ministre a quitté Bouaké par les airs en fin de soirée et il n’y a pas eu de victimes.
En début de soirée, les mutins, visiblement mécontents, avaient repris le contrôle des accès à Bouaké, après avoir ordonné vers 17h en tirant en l’air aux nombreux journalistes présents de quitter les environs de la résidence du préfet, théâtre des négociations.
Ils avaient auparavant dispersé dans la matinée, en tirant en l’air également, des manifestants qui scandaient notamment « On a faim, on veut travailler! ».
Des tirs sporadiques étaient régulièrement audibles tout au long de la journée et de la soirée.
Comme la semaine dernière, plusieurs autres casernes dans le pays avaient pris le relais.
De nombreux coups de feu ont ainsi été tirés vendredi dans la caserne d’Akouedo, le plus grand camp militaire d’Abidjan, mais aussi à Odienné (nord-ouest) et à Bondoukou (centre-est).
Dans la nuit de mercredi à jeudi, puis jeudi matin, les militaires avaient tiré en l’air à Bouaké pour « mettre la pression ». « Nous attendons notre argent », avait déclaré l’un des mutins.
Ces revendications des mutins, dont beaucoup sont d’anciens rebelles, marquaient le retour d’un problème récurrent dans un pays sorti en 2011 de 10 ans de rébellion, dont Bouaké, ville de 1,5 million d’habitants, fut la capitale.
De source proche du dossier, ils réclamaient notamment environ 10 millions de francs CFA par personne (15.245 euros), un montant jugé « complètement déraisonnable » par une autre source militaire.
Avec les 5 millions obtenus selon la source locale, les militaires vont recevoir une somme qui avoisine certaines de leurs premières revendications. Le montant est très important si on le compare au niveau de vie des 20 millions d’Ivoiriens, dans un pays où les revenus des classes sociales basses ne dépassent souvent pas 100.000 F CFA mensuels (152 euros).
Reste à savoir comment sera financée la promesse, alors que le gouvernement fait face à une grève des fonctionnaires qui réclament aussi des augmentations salariales et refusent la réforme des retraites engagée en 2016.
En novembre 2014 déjà, une vague de protestation de soldats était partie de Bouaké et s’était également étendue à Abidjan et d’autres villes.
La rébellion du Nord, qui coupa la Côte d’Ivoire en deux de 2002 à 2011, était favorable à l’actuel président ivoirien Alassane Ouattara, en fonction depuis 2011. Le Sud était tenu par les forces loyales à l’ex-président Laurent Gbagbo, au pouvoir de 2000 à 2011.
La Côte d’Ivoire a mis en route en 2016 une ambitieuse loi de programmation militaire jusqu’en 2020. Elle prévoit la modernisation et des achats d’équipements pour 1,2 milliard d’euros et une refonte des effectifs.
L’armée ivoirienne – 22.000 hommes au total – compte trop de gradés. Beaucoup de ces gradés sont des anciens rebelles intégrés après la crise. Les autorités cherchent à les inciter à quitter les forces armées pour tourner définitivement la page d’une décennie d’instabilité.
Par ailleurs, le pays a achevé mercredi une réorganisation politique. Le président a nommé mardi l’ancien Premier ministre Daniel Kablan Duncan comme vice-président, poste nouvellement créé après le référendum constitutionnel de novembre, et Amadou Gon Coulibaly, ex-secrétaire général de la présidence, comme nouveau Premier ministre.
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