Révolution et anti souveraineté

Coronavirus

Révolution et antisouveraineté

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         Crise mondiale de la souveraineté. Les institutions tremblent et supplient les populations de les sauver. N’oubliez jamais, dans les larmes et les frissons que cette période va enclencher, dans l’admiration que l’on vous demandera de vouer à ceux qui vous auront « sauvés » que ce sont les larmes de nos dominants que vous serez entrain de verser. Pleurs d’un système aux abois, qui cherche à les incruster dans votre chair, afin de vous rappeler à votre condition de sujets, et vous faire oublier qu’à cet instant là, c’était son âme et non la vôtre qui menaçait de péricliter.

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Le risque n’est pas individuel. Voilà ce qu’on ne cesse de nous répéter. L’immense majorité d’entre nous sera préservée, et l’épidémie de grippe qui suivra fera dix fois plus de morts, « si tout est bien géré ». Et voilà pourtant que nous ne cessons de trembler, faisant pleuvoir les procès en irrationalité contre ceux qui s’inquiètent, et en irresponsabilité contre ceux qui ne seraient « pas assez mobilisés ». Comment l’expliquer ?

Tout simplement en révélant que ce qui se joue en cette crise, c’est un déplacement du politique de l’Etat vers la société. Et que ce que cela révèle, c’est les rapports de domination que les institutions nous imposent, et qui nous amènent à incorporer, littéralement, les sentiments de nos dominants, sans ne jamais conscientiser notre condition de sujet.

Explicitons. Le risque n’est pas individuel, répete-t-on. Cela ne veut dire qu’une chose: que ce n’est pas nous, directement, mais les institutions qui sont menacées. Et que si nous sommes menacés, par ricochet, ce n’est qu’en ce que nous dépendons, que nous nous sommes soumis à ces institutions qui menacent d’effondrement. Voilà pourquoi le coronavirus fait, tout là-haut trembler. Non pas parce que nous mourrons. Mais parce que cela menace de les faire péricliter. Voilà pourquoi chômages et retraites peuvent être préservées, monnaie pleuvoir, promesses déborder, alors que nous étions jusque là avec une immense morgue traités.

Parce qu’ils ont peur d’être lâchés. Et non pas que l’on meure – mais qu’ils se trouvent, dans la foulée, à la hache découpés.

Le peuple n’est pas habitué à ce qu’on lui offre soudain ce qu’il avait cessé de réclamer. Il se méfie à raison lorsque des consignes le poussent à s’écarter du soleil tout en l’incitant à aller voter, et lorsqu’un Président et ses affidés prétendent le faire au nom d’une idée – la démocratie – qui ne semble tenir que lorsqu’elle sert à les consacrer.

Lorsqu’il voit la carotte maniée bien plus fort que le bâton, par celui qui jusqu’alors trouvait jouissance à affirmer sans entraves son autorité, il plisse les yeux. Quelle est donc la raison de ces sollicitudes qui l’enserrent soudainement ? Seraient-