MamAfrika TV | Par Gabriel Makang pour le Sphinx Hebdo

Il est vraiment passé le temps où un président français attendait quelques années après sa prise en fonction pour rendre visite à un pays africain. Elle est vraiment lointaine l’époque où lorsque ce président venait en Afrique, il se rendait dans quelques pays et demandait au reste des chefs d’Etats africains de le retrouver dans la capitale d’un pays donné pour un mini-sommet France-Basse-cour. Ils sont vraiment terminés, ces moments où les présidents français tenaient aux africains un discours moralisateur et hautain, décidant de qui devrait rester en fonction ou s’en aller. Il est vraiment passé le temps où les capitales des pays africains arrêtaient leur respiration juste pour souhaiter la bienvenue au Toubab de Paris. Il parait bien lointain ce temps où le président Chirac disait avoir défendu la cause de l’Afrique auprès du G 7 alors que c‘était justement son pays qui était en grande partie responsable de la misère d’une quinzaine de ces pays. Que font donc les présidents Français ces temps-ci ? Pour le savoir, il n y a qu’à observer le président Macron pendant ses visites en Afrique.

En moins d’un an après son arrivée au pouvoir il est déjà allé en visite dans 4 pays africains (Mali, Burkina Faso, Niger et tout récemment, le Sénégal. Dans au moins 2 de ces pays (Mali et Burkina-Faso), il a été reçu par des manifestations hostiles. Dans chacun des pays où il s’est rendu, il a gardé le profil bas et s’est abstenu de discours moralisateurs. Il a même reçu une déculottée verbale lors de son crochet au Ghana lorsque le président ghanéen, Nana Akufo-Addo  l’a remis à sa place en déclarant que l’Afrique est lassée des discours paternalistes des pays qui disent lui venir en aide. Ce continent devrait apprendre à résoudre ses propres problèmes a-t-il ajouté. Observez seulement le « body langage » du président Macron lors de sa visite au Sénégal, tenant le président Macky Sall par la main, s’efforçant de forger une complicité avec lui ou forçant l’amitié comme on dit chez nous.

Qu’est ce qui a bien pu se passer pour provoquer ce changement de comportement ? Qu’est ce qui peut bien pousser ce jeune président au regard arrogant et à l’attitude hautaine à s’humilier comme cela devant les peuples Africains ? Il ne faut pas être un grand économiste pour savoir que lorsque le « blanc »  se casse l’échine comme cela c’est que, son pain quotidien est en danger. Et pour le préserver il est prêt à tout faire, comme aller se prostituer en Chine.

Pendant que les africains se laissaient distraire par le scandale des propos du président Donald Trump qui insultait l’Afrique et d’autres pays dits du tiers-monde, le président Macron essayait d’établir un partenariat stratégique avec la Chine pour le dépeçage de l’Afrique. Dans une mise en scène pathétique qui avait tout l’air d’un premier entretien d’embauche sérieux pour jeune premier,  le président a passé en revue toutes les recettes obséquieuses de tout bon resquilleur. Il a fait des contorsions verbales, joué de flatteries sur la grandeur de la Chine et de sa culture millénaire pour amadouer les dirigeants chinois. Il a reconnu que la France n’avait pas autant de moyens financiers que l’Empire du Milieu et a proposé de mettre l’expérience africaine de la France en Afrique dans le plat d’une collaboration avec la Chine. Quelle fourberie ! Lui, qui quelques semaines plus tard en terre africaine vient déclarer le grand amour qui lie la France à ce continent.

Les dirigeants  Chinois ne sont pas dupes. Ils n’ont pas oublié  les cruautés dont a été victime la Chine de la part des Occidentaux. Les chinois lui ont répondu dans la pure tradition chinoise par des applaudissements, un discours poli et de vagues promesses. En fait, ils n’ont pas donné de suite à ces offres, ou plutôt, à cette demande d’emploi. Les dirigeants chinois savent que la France n’a pas grand-chose à leur offrir, et que, pour le moment au moins, le France est plutôt un obstacle à leur déploiement sur le continent africain. La technologie ? La Chine n’a rien à envier à la France en dehors des domaines tels que celui de l’aéronautique civile ou peut-être certains aspects de l’industrie d’armement de pointe dont de façon évidente la France ne partagera pas les secrets. L’expérience africaine ? La Chine dont la culture est plus proche de celle de l’Afrique que ne l’est la culture française est en train de l’acquérir et n’a pas besoin des réseaux maffieux de la Francafrique. Elle est capable de faire compétition sur le terrain des marchés africains face à la France dont le président Paul Biya disait que contrairement à elle (qui arrache les biens des autres) la Chine joue donne quand même quelque chose pour acquérir les biens des pays africains.

Les dirigeants Chinois avaient bien raison de rester prudents. En effet, il y a quelques semaines, le journal Le Monde révélait que la Chine avait installé un système d’écoutes dans le siège de l’Union Africaine, un bâtiment de 200 millions de dollars gracieusement offert par la Chine. C’est bien le contraire qui aurait surpris. C’eut été naïf de la part des dirigeants africains de ne pas le soupçonner. Non seulement la Chine naturellement écoute, mais toutes les grandes puissances espionnent aussi, à travers les interceptions téléphoniques, les dons de matériels électronique ou de bureautique ou des agents recrutés parmi le personnel de l’organisation africaine. Et cela est d’autant plus facile que l’Union Européenne donne encore l’essentiel du budget de l’UA.

Donc, ce n’est pas par sollicitude pour l’Afrique que la France (qui d’autre que les services de renseignement Français aurait pu passer cette information au journal Le Monde ?) exposait la Chine. C’était dans le but de révéler le coté prédateur de la Chine aux Africains et provoquer une brouille entre ces partenaires. Tout le monde l’a compris et les dirigeants africains ont choisi de minimiser l’incident pour préserver plus important : Le partenariat avec une puissance qui leur permet de desserrer l’étau que leur ont mis les pays Occidentaux. C’est dire à quel point la France est aux abois.

En effet, son pain africain est en train de lui échapper. Le Cameroun, le Gabon, la Guinée Equatoriale et le Congo-Brazzaville sont plus ou moins considérés comme rebelles à l’ordre français. Même Faustin-Archange Touadéra, le tout nouveau président centrafricain n’est pas aussi accommodant que ses prédécesseurs. Ces pays africains ont découvert que la France n’est pas le centre du monde et ne l’a jamais été. Ils peuvent obtenir d’autres puissances telles que la Turquie, la Chine, l’Inde ou le Brésil et dans de meilleures conditions tout ce que la France met sur la table du « partenariat » avec l’Afrique Francophone. En fait celle-ci est devenue comme une sorte de boulet de fer aux pieds de ces pays qui veulent décoller. Par contre, il n’y a qu’un continent africain avec d’énormes richesses naturelles, ce qui ne laisse aucune option à la France que de s’y accrocher, à tous les prix. Alors que l’Afrique peut se passer de la France, pour celle-ci, la connexion avec l’Afrique est une question de vie ou de mort.

Malheureusement, il ne reste à la France pratiquement que l’Afrique de l’Ouest francophone où le président Macron ne ménage aucun effort pour préserver deux ressources essentielles sans lesquelles la France va régresser sur le plan économique:

  • Le Franc CFA qu’elle aurait dû laisser si elle avait un peu de dignité avec toutes les insultes qu’elle a subies de la part des Africains. C’est comme une qui s’est imposé sans honte dans un domicile sous le prétexte d’aider la maisonnée et qui se fait appeler voleur par les enfants de son hôte et partenaire en affaires en sa présence et pourtant refuse de quitter le partenariat. Pourquoi ne le ferait-il à moins que sa vie en dépende ? Le journal allemand DWN (Deutshe Wirtschafts Nachrichten) révélait en 2016 que la France siphonnait 440 milliards d’Euros par an aux pays africains à travers le franc CFA, ce qui est supérieur aux dépenses cumulées du régime général de la sécurité sociale et de l’aide au logement en France  qui sont respectivement 381 et de 46 milliards d’euros, alors que les recettes nettes de l’Etat français se situent autour de 302,1 milliards d’euros. Il ne serait donc pas étonnant que pendant ses visites, le président Macron soit en train de négocier une forme de monnaie ayant un nom différent et un contenu pratiquement semblable au Franc CFA.

  • L’uranium nigérian sans lequel la France aurait de sérieux problèmes d’énergie et les compagnies comme Areva mettraient la clé sous le paillasson. En effet, 77% de l’énergie utilisée en France est d’origine nucléaire, et il ne serait pas surprenant qu’il y ait une résurgence du terrorisme islamiste au Mali et Niger pour maintenir la pression et justifier la présence de bases militaires françaises dans la région.

Qui aurait pu penser voir ces jours de la décadence du dernier empire esclavagiste ? Il y a encore quelques années l’ambassadeur de France était la personnalité la plus puissante des pays Africains et le protecteur du chef d’Etat en fonction. Aujourd’hui, le président de ce pays n’ose même plus se rendre dans certains pays africains. Il n’arrive plus à renverser les présidents africains qu’elle veut faire partir (Ali Bongo)ou à placer au pouvoir ses relais locaux (Lionel Zinsou).  Cet état des choses n’est que la suite logique de l’histoire.   On ne peut bâtir son confort et sa « grandeur » sur le meurtre et le sang de millions de gens et espérer prospérer longtemps. Si les dirigeants français ne l’ont pas compris, c’est qu’il est temps pour eux de sortir de leur torpeur.  Le temps de la rapine, de la tromperie et du mensonge est révolu. Il faut que la France se réinvente sans l’Afrique. Ce n’est cependant pas une raison pour que les Africains baissent la garde. Un animal féroce comme ce pays est encore plus cruel lorsqu’il est en danger de mort.

Gabriel Makang pour le Sphinx Hebdo
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