Panorama d’une Côte d’Ivoire en attente d’alternance

 LA C.I. ET SES CHEFS D’ÉTAT
Au pays des marionnettes, trois petits tours et puis revient…

1. Félix Houphouët-Boigny: c’est «le Père de la nation». Il a remis aux Ivoiriens, le 7 août 1960, l’indépendance que les Français ont fabriquée. Il est mort au pouvoir, le 7 décembre 1993, après avoir accédé, le 3 mai 1990, à une concession qu’il ne voulait pas: le multipartisme.
2. Aimé-Henri Konan Bédié (à l’extrême droite): c’est «l’ivoiritaire». Dauphin constitutionnel de Boigny, il a été accusé d’avoir inventé le concept maudit d’Ivoirité pour écarter de la course à la magistrature suprême Alassane Ouattara qui avait maille à partir avec la Justice pour «nationalité ivoirienne douteuse». De là à le traiter de commun diviseur des Ivoiriens, il n’y a qu’un pays que ses détracteurs du monde entier on franchi. Il a été renversé, le 24 décembre 1999, par un putsch militaire.
3. Le général Guéi Robert (à l’extrême gauche): c’est «le balayeur». Chef de la junte militaire qui a renversé le pouvoir de Bédié, il s’est engagé à balayer le pays avant de s’en aller. Et parce qu’il a voulu s’installer dans la maison sans avoir fini de balayer, il a été balayé du pouvoir par les urnes et la rue, le 25 octobre 2000.
4. Laurent Gbagbo (2è à partir de la droite): c’est «le boulanger». Investi le 26 octobre 2000, il a été accusé de rouler tous ses adversaires politiques dans la farine et de ne jamais tenir parole, car il ferait le contraire de ce qu’il a dit. Après une rébellion armée de dix ans (qui n’a pu emporter son pouvoir) et dans le collimateur de la communauté internationale qui s’est chargée de le bombarder en règle, il a été arrêté le 11 avril 2011 à l’issue du second tour, le 28 novembre 2010, d’une élection présidentielle controversée. Depuis le 30 novembre 2011, il se trouve à la prison de Scheveningen, à La Haye, poursuivi devant la CPI pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
5. Alassane Ouattara (2è à partir de la gauche): c’est «le pâtissier». Il est au pouvoir mais, contrairement à son prédécesseur, il ne fait pas le contraire de ce qu’il dit. Il ne se sent pas tout simplement lié par ce qu’il dit et promet et il avance tranquillement dans les slogans et la communication politique.
Il a dit qu’il n’avait besoin que d’un seul mandat (2011-2015) pour révolutionner la Côte d’Ivoire; il en est au deuxième et lorgne sérieusement le troisième. Baptisé, le 7 novembre 2010, Allah N’Guessan ou N’san par les chefs traditionnels baoulé, il s’est engagé à s’installer à Yamoussoukro, capitale politique du pays, s’il était élu; il est toujours dans sa résidence privée de la Riviera Golf transformée en bunker. Il a promis, pour son premier mandat, 60 mille logements économiques et sociaux; les souscripteurs, estimés à 72 mille, continuent d’attendre. Il a annoncé la libéralisation du secteur de l’électricité; la CIE qui détient le monopole se frotte les mains.
Il a…. Il a…. Il a…. La liste est longue comme une main. C’est pourquoi «ADO Solutions» a fait place à «Émergence en 2020» qui est en train de disparaître pour laisser la place à «Alternance 2020». Et le tour est joué.
Bally Ferro