Moïse Lida Kouassi se rappelle…

DEVOIR DE MÉMOIRE…

Quand le bananier du désert, j’ai nommé LIDA KOUASSI MOISE raconte son arrestation et son extradition…

Peut être une image de 3 personnes, personnes debout et plein air

11 Avril 2011 – Moise Lida Kouassi se souvient: « Ils m’ont dit de faire ma dernière prière avant de me tuer ». « Le pistolet en or de Wattao m’appartient »

L’exil est toujours une option de contrainte. C’est quand on est frappé de menace de mort ou dans une situation de bannissement dans son propre pays qu’on va en exil. Le 11 avril, j’étais chez moi pas comme un militant insouciant mais dans comme un militant perplexe face à ce qui arrivait à son pays. Je n’avais nullement l’idée de partir. J’étais chez moi quand une bande de rebelles est venue chez moi. Ils ont neutralisé ma garde rapprochée avant de venir me prendre. Ils m’ont embarqué dans leur véhicule pour l’hôtel du golfe. Chemin faisant, ils m’ont fait descendre du véhicule et m’ont demandé de faire ma dernière prière parce qu’ils devaient mettre fin à ma vie. Ce que je fis. Et au moment où j’ouvris les yeux, ils se disputaient entre eux. L’un d’entre eux qui dit m’admirer au moment où j’étais ministre de la défense m’a demandé de rentrer chez moi. Sans grande conviction et par peur de me voir tirer dans le dos, je me suis courageusement retourné à mon domicile à pied.

Quelque moment plus tard, c’est un autre groupe de rebelles qui vient me visiter. Certains ont encore fouillé dans la maison parmi ce qui restait. Ils y ont trouvé un coffret en or, une enveloppe de 500 mille franc et un pistolet en or que m’avait offert un collègue iranien, ministre de la défense. C’est ce pistolet qu’un chef de guerre avait un moment comme butin de guerre retrouvé chez Laurent Gbagbo. C’est faux. Comme la camarade Christine Adjobi, ils m’ont pris mon alliance. C’est comme ça que je me suis résolu à partir au Ghana.

Je me suis donc retrouvé à Accra avec en poche 600 euros seulement pour m’occuper de mes trois enfants. Mon fils devant présenter le bac, j’ai dû solliciter le concours de Joseph Koffigoh, ex premier ministre du Togo et ami intime et fidèle du président Laurent Gbagbo. C’est ce monsieur qui m’a aidé à inscrire mon fils et à m’installer au Togo avec tous les risques dont j’étais pourtant conscient. J’y suis resté avec mes enfants jusqu’à ce qu’un jour je sois arrêté et extradé en Côte d’Ivoire. En effet, alors que je m’apprêtais à adresser un message aux ivoiriens à travers la lettre que je saisissais sur mon ordinateur portable, je reçois la visite des individus en tenue civile qui se trouvent être des policiers togolais. J’ai été menotté et conduit à la direction des enquêtes. A cet endroit envahi spontanément par des ivoiriens qui avait appris la nouvelle, les policiers togolais ont donné l’assurance de me libérer le lendemain parce que innocent des faits qui me sont reprochés.

Une fois que les ivoiriens se sont retournés chez eux, j’ai été conduit sur la piste de l’aéroport où un avion ivoirien m’attendait avec des FRCI. Dès lors, j’ai commencé à réaliser que je devais être extradé en Côte d’Ivoire. L’un d’entre eux qui ne savait peut être pas que je suis un pratiquant des arts martiaux, me donna un coup dans le dos pour répondre à mes propos désobligeants à leur encontre. Mal lui en prit car, d’un retourné, je lui adressai une réplique bien méritée. Les autres se sont mis à me frapper de toutes parts. J’ai dû jouer au mort pour ne pas me faire casser les côtes.

C’est dans cet état que j’ai été conduit en Côte d’Ivoire. Accueilli à la DST, je me suis retrouvé après à la prison de Bouna où j’ai pris du plaisir à jouer de temps en temps au football avec le président Affi dans le rôle d’attaquant de pointe et moi dans le rôle de gardien de but. … »
■Aujourd’hui / du Samedi 12 Avril 2014.
Patrick Fieni