Download PDF  1 août 2017
Une chronique très dure de François Asselineau de l’UPR

Le pantin de l’oligarchie qui siège depuis trois mois à l’Élysée vient de nous donner une nouvelle illustration de la seule discipline dans laquelle il excelle : l’art de mentir avec un aplomb extraordinaire – en prenant l’air soucieux et pénétré de Tartuffe -, avant de faire exactement le contraire de ce qu’il vient de dire.

Alors qu’il recevait le Premier ministre « social-démocrate » suédois, Stefan Löfven, ce lundi 31 juillet 2017 à l’Élysée, Macron s’est ainsi lancé dans l’une de ses envolées théâtrales, à décors politico-mystiques, qui a pour principal effet de mettre mal à l’aise les participants.

Devant le chef du gouvernement de Stockholm quelque peu ébaubi et un parterre de journalistes, Macron s’est fait le chantre du « modèle suédois » en lançant : « J’ai toujours considéré qu’il y avait, dans ce que certains ont pu appeler le modèle suédois, une véritable source d’inspiration à plusieurs égards ».

Et de poursuivre avec lyrisme : « La Suède a su faire évoluer son modèle social sans jamais le trahir et en conciliant un modèle de compétitivité (…) et une vraie exigence de justice sociale ».

Sur cette photo, le Premier ministre suédois semble écouter les boniments de Macron avec incrédulité…

C’est peu dire que ces paroles sucrées sont odieusement cyniques, venant d’un homme qui s’est fixé pour tâche de profiter de la torpeur estivale pour s’attaquer aux plus modestes, afin d’appliquer scrupuleusement les consignes imposées par un oligarchie de milliardaires les plus riches, via ce faux-nez qu’est la Commission européenne.

Au moment même où Macron vante la « vraie exigence de justice sociale », il s’attaque à l’Aide personnalisée au logement (APL) qui bénéficie aux étudiants et il prépare le démantèlement par ordonnances de notre droit du travail.

Mais il y a encore plus fort.

C’est que si le locataire de l’Élysée a raison de s’extasier devant les très bons résultats économiques de la Suède, il prend bien soin de garder le silence sur l’une des raisons essentielles de cette santé insolente : à savoir que le peuple suédois a rejeté l’adoption de l’euro voici 14 ans, par le référendum du 14 septembre 2003.

Il est en particulier important de voir ou de revoir par quels procédés, plus abjects les uns que les autres, toute l’oligarchie euro-atlantiste, suédoise et internationale, avait soumis l’opinion publique suédoise à une campagne d’intimidation et de terreur pendant plus de 9 mois. Dirigeants politiques, chefs d’entreprise et experts économiques s’étaient succédé pour affirmer que, si les Suédois commettaient « l’erreur » de refuser d’adopter l’euro, la Suède serait en quelque sorte rayée de la carte des nations industrialisées et tomberait aux mains des « populistes ».

Je renvoie ici les lecteurs à ma conférence «  Faut-il avoir peur de sortir de l’euro ? » dans laquelle j’exposais longuement le cas suédois. Cette conférence a été enregistrée il y a déjà 6 ans – en 2011 -, elle a toujours été en ligne sur notre site depuis lors, et les spectateurs pourront constater que mon analyse et les constats sont toujours valables :

À titre de complément, je joins ci-après deux graphiques qui montrent comment a évolué le PIB de la Suède par rapport à celui des principaux pays occidentaux, et notamment par rapport à ceux de la zone euro :

Le graphique ci-dessus présente l’évolution du PIB de plusieurs pays ou groupe de pays de 2000 à 2012. Sur ces douze ans, la croissance a été la plus forte en Suède (courbe rouge Sweden), puis en Suisse (courbe turquoise Switzerland) et aux États-Unis (courbe vert pomme US) à égalité, puis au Royaume-Uni (courbe violet UK). Les pays de l’eurozone pris collectivement ont en revanche connu la croissance la plus faible (courbe bleu EZ). – Source ici

Entre 2000 et 2015, le PIB de la Suède (courbe rouge) est celui qui a le plus progressé tandis que le PIB cumulé de l’euro-zone (courbe kaki) est celui qui a le moins progressé. Source ici

Conclusion : le lâche silence de Macron et consorts

En gardant le silence sur le fait que la Suède n’appartient pas à l’euro, et que ce choix structurel joue un rôle décisif dans le succès du « modèle suédois », Macron fait preuve de la même lâcheté que tous les dirigeants euro-atlantistes de la politique et des médias en France.

Car cela fait maintenant des années que les grands médias français gardent le silence le plus complet sur les évolutions économiques remarquables dont bénéficient tous les États européens qui ont refusé d’entrer dans l’UE et dans l’euro (Suisse, Norvège, Islande), mais aussi sur les évolution très favorables des États membres de l’UE qui ont refusé d’entrer dans l’euro (au premier rang desquels la Suède, le Royaume-Uni et plusieurs pays de l’est).

Mais ce silence minable n’empêche pas la terre de tourner et les événements contraires au dogme européiste de s’accumuler inexorablement.

Comme le révèle ci-dessous un média suédois en langue anglaise, les dernières statistiques économiques suédoises paru le 28 juillet 2017 viennent par exemple de conduire les analystes à estimer que la croissance du PIB de la Suède est devenue « follement élevée ».

De fait, le gouvernement de Stockholm a enregistré une croissance de + 4,0 % au cours des 12 derniers mois glissants (juillet 2016 – juin 2017)…

En vantant « l’inspiration » que lui procurerait le « modèle suédois », tout en gardant soigneusement le silence sur le fait que la Suède a sagement refusé d’adopter l’euro, Macron apparaît une nouvelle fois pour ce qu’il est : une marionnette et un menteur, doublé d’un charlatan.

François ASSELINEAU

1er août 2017