L’Ouragan Beyala a Soufflé sur le Cameroun

Gratter régulièrement sur les questions politiques, l’analyse des faits divers devient complexe. Mais lorsque ces événements peu importants mais faisant sensation et rapportés dans les journaux prennent une orientation politique, on peut s’y risquer. Surtout lorsque l’un des acteurs du scandale(?) s’appelle Calixthe Beyala.

Mauvais Angles d’Attaque

Invitée le 19 Février 2017 à l’émission ‘L’Arène’ sur Canal 2—Cameroun, animé par Rodrigue Tongue, Calixthe Beyala n’a pas dérogé à la règle qui est la sienne. Rendre coup pour coup.

Attaquée sur sa vie privée. Critiquée de ne pas prendre position sur les grandes questions Camerounaises. Indexée pour avoir apporté son soutien au président Gbagbo et au leader Kadhafi. vilipendée de ruser avec sa double nationalité et sa double ethnicité….Les angles d’attaques n’ont pas manqué. Les coups sous la ceinture aussi. Ces questions qui auraient pu servir de base à un élégant débat ont été simplement mises de côté pour un personnage secondaire—Michel Drucker

Savoir-faire Recollé

Alain Tchakounté, anciennement Monsieur culture du quotidien Cameroon Tribune, n’avait pas été à mesure de puiser dans son expérience pour creuser l’essentiel des œuvres de Calixthe. Cantonné aux questions de ‘sexe,’ il rate simplement son sujet du jour.

Il s’en rend compte. Pour combler ce gâchis, il rend à l’invitée le respect que l’on devrait devoir à tout convié d’un plateau. Ainsi, traité de ‘con,’ il ne réagit pas. Au contraire! Il combine avec brio, rire humoristique et gestes vagues, pour désamorcer la tension qui enflait sur le plateau. Un savoir-faire journalistique tardif néanmoins payant.

L’Arrogance au Mépris du Professionnalisme

Le dernier quart-heure de cette émission prend les allures d’un combat de catch. Luc Perry Wandji, Directeur de l’info à LTM tv qui doit ‘interroger’ Calixthe dans la tranche nommée ‘Duel’, charge sur un chemin qu’une génération imprudente de journalistes a déjà piétiné. Perdant ainsi le bon usage de bonnes cartes qu’il avait accumulées en suivant les premiers ¾ d’heure de l’émission dans les coulisses.

Monté sur le plateau avec l’idée d’humilier Calixthe, l’orgueil et l’arrogance l’emportent sur le journalisme raisonné. Il rate les premières marches dès l’entame. Commet une des grosses fautes en journalisme—Commencer un entretien par un jugement de valeurs. ‘J’ai été frappé par la condescendance de son ton. Cette tendance obsessionnelle à vouloir humilier l’autre.’ Décidé d’écraser Calixthe, il porte le fer sur la ‘complexité identitaire’ de Beyala. Un ‘atout’ qu’elle ‘manipulerait.’ Pour soutenir ce point de son argumentaire, il se réfère à un pseudo intellectuel. Un raciste revanchard que tout le monde ou presque ridiculise sur les plateaux de télévision Française—Alain Finkelkraut, dans ‘l’identité malheureuse.’ Calixthe Beyala n’a aucune difficulté à déconstruire cette philosophie de Finkelkraut, en même temps qu’elle décapite Perry Wandji sur fond d’une démonstration simple—‘L’identité est évolutive et non statique.’

Perry Wandji qui avait ‘choisi de voir clair et permettre à ceux qui [les] regard[aient] de voir claire sur qui [est] Calixthe ‘ se dénude. D’abord en citant Finkelkraut qui n’est une référence que pour la classe dominante, impérialo-sioniste Française. D’autre part, en démontrant qu’il n’a de repères que la France. Puisqu’à l’heure où l’Afrique de l’intérieur comme celle de l’extérieur développent des thèses sur l’Africanité, l’Afro-centrisme, l’Africanisme, le panafricanisme, l’inculturation ou la contextualisation, Wandji se préoccupe de ‘ce qui reste de [la] francité’ de Calixthe Beyala. ‘[Son] caractère Français, [son] appartenance sociologique, [sa] capacité à appartenir à [la] société [Française], à faire corps avec les gens de cette société Française.’ Il pose alors une question qui finit par convaincre sur son appartenance à la ‘secte’ des soumis à l’occident. ‘Êtes-vous encore Française.’ Une catastrophe. Un affront à la ‘Renaissance Africaine.’

Outrageusement injurieux, il balance. ‘Soyez sincère s’il vous plait si ça peut vous arriver une fois dans la vie.’ Cette impolitesse de Perry Wandji, le critique littéraire(?) du jour, sur l’honnêteté morale et intellectuelle de Calixthe, est la flamme qui met le feu aux poudres. La réaction de Beyala est celle d’une fille de New-Bell-Km5, zone Jardin d’enfants—quartier des bandits—Douala-Cameroun. Elle lui tresse une couronne faite de ‘brouillon,’…et de ‘couillon,’ après une brève désertion du plateau. Une expression d’indignation qui a remplacé une explication aux mains. Ce que les natifs de Km5 de son enfance n’auraient pas fait. Ils cognaient et fort.

Émission Barbare

Calquée sur l’‘escroquerie journalistique’ de ‘ONPC’ de Laurent Ruquier, le format de l’émission ‘L’Arène’ ressemble à un débat de rue ou de bar transposé dans un cadre formel. Un peu comme ces féticheurs qui ont migré dans de belles salles avec un autre langage—celui de Christ—et d’autres types d’amulettes, mais poursuivant le même but—L’escroquerie.

L’arrogance et la suffisance des journalistes invités sur ‘L’Arène,’ copies de leurs confrères Français et autoproclamés spécialistes de l’Afrique, arrachent à ce ‘show’ sa portée analytique, et le transforme en un ring d’injures. Un podium où le plus bavard, le plus insolent a raison. Un bar sans alcool dans lequel le débat intellectuel est mis au garage pour des attaques personnelles. Une arène dans laquelle l’aliénation atteint parfois son summum. Format à revoir.

Feumba Samen