Libération de Gbagbo / Pour avoir la conscience tranquille : La France de Macron met Soro en mission

Par Simplice ALLARD-GUIGREI

Le président français Emmanuel Macron aurait mis ses hommes de l’ombre avec le président du parlement ivoiren Guillaume Soro qui séjournait récemment à Paris.

« Aujourd’hui, la Côte d’Ivoire a plus que besoin de pardon et de réconciliation. Je veux demander pardon aux Ivoiriens pour tout ce que j’ai pu faire (…) à ce peuple qui a tant souffert. Je demande pardon à mes aînés (…) et même au président Laurent Gbagbo », a déclaré Guillaume Soro, hier jeudi 20 juillet 2017 juste après sa descente d’avion en provenance de la France. Une déclaration qui peine à trouver sa bonne place dans le subconscient ivoirien, au vu du passé peu glorieux de son auteur.

Analyse.
Tant va la cruche à l’eau qu’elle finit par se briser, dit le proverbe français. Or, ni la France, ni Guillaume Soro encore moins la Cour pénale internationale (Cpi) ne veut aller au clash avec la vérité historique qui veut que soit libéré incessamment l’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo.

Guillaume Soro de retour de Paris (France) où son séjour aurait été enrichi par de nombreuses rencontres au sommet.

Rappel et révélations.
Après un long séjour envoisinant le mois, Guillaume Soro est en effet rentré au pays. A Paris dans la capitale française, le président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire a multipliées les rencontres tant officielles que secrètes. Côté officiel, Henri Konan Bédié le président du Pdci-Rda (Parti démocratique de Côte d’Ivoire-Rassemblement démocratique africain) était en bonne position dans le calendrier de ses rencontres. Côté officieux, Guillaume Soro, révèlent des indiscrétions à letempsinfos.com, aurait été reçu par l’establishment français. Au nombre de ses hôtes, figureraient certains proches collaborateurs du nouveau président de la République française M. Emmanuel Macron. L’élément nouveau et qui nous intéresse dans le présent article, est que le président du parlement ivoirien – de notoriété publique en bisbille avec son mentor Alassane Dramane Ouattara le chef de l’Etat ivoirien -, a été mis en mission par les autorités françaises. Laquelle mission consiste à ‘’délivrer la France’’ termes utilisés par la source à letempsinfos.com. Suivons.

« La France n’a pas la conscience tranquille dans le traitement que ce pays fait subir à l’ancien président ivoirien et elle sait que le monde la suit de près. Il ne fait aucun doute dans l’esprit des dirigeants de ce pays que, Laurent Gbagbo va recouvrer la liberté incessamment. Comment alors convaincre le peuple français dont notamment la société civile qui est loin d’être docile contrairement à ses médias, que l’ancien chef de l’Etat ivoirien n’est plus le ‘’criminel et le génocidaire’’ qu’ils ont brandi au monde entier ? Mais surtout comment, au vu de ce qui se passe au procès à la Cpi, continuer à exercer la pression sur les juges sans que la France ne se dévoile ?  Comprenez que la France n’osera jamais un tel pari. Heureusement pour ce pays, un nouveau président est élu. A charge pour lui de remettre les choses à plat et s’il le faut renégocier, mais autrement, la libération de Laurent Gbagbo», a révélé notre source très introduite dans les arcanes de la diplomatie française.

Guillaume Soro et Laurent Gbagbo du temps où les deux cogéraient la Côte d’Ivoire. L’ancien chef rebelle rêverait-il encore de cette époque ?

Pour donc se débarrasser de cette image infâme de colon qui peine à oublier son passé impérialiste, le nouveau chef de l’Etat français aurait pris le soin de consulter ses stratèges, à en croire une autre indiscrétion. Ce sont ces derniers qui lui auraient conseillé la formule indirecte de mea-culpa. D’où le choix d’une âme damnée trouvée en la personne de Guillaume Soro dont le passé ne plaide nullement en sa faveur. « La division fait du tort à nous tous. Ne nous divisons pas la Côte d’Ivoire! Travaillons à la paix! Dans les jours suivants, je serai plus engagé pour le pardon et la réconciliation. Même Gbagbo mérite que j’aille lui demander pardon. Je demanderai pardon à tout le monde. » A précisé Guillaume Soro pour mieux faire passer son message. Lequel message a trois cibles potentielles.

La première est la Cour pénale internationale (Cpi) où Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé sont jugés depuis le jeudi 28 janvier 2016 et après onze (11) refus de demande de liberté à l’ancien président ivoirien. Guillaume Soro est de ceux qui ont commis l’erreur de déporter Laurent Gbagbo à la Cpi à la Haye (Pays-Bas). Il est co-accusateur dont plaignant au même titre qu’Alassane Dramane Ouattara et le supposé Etat de Côte d’Ivoire. Et donc, quand le plaignant « demande pardon » à son accusé parce qu’il serait pour la « réconciliation », la question devient pour les juges de la Cpi : ‘’que fait-on dans ce cas ?’’. La libération du détenu s’impose. Mais avant, il faudrait une dose de courage à l’accusateur pour retirer sa plainte afin qu’il puisse s’insérer dans le processus de libération en cours. Premier schéma.

Le deuxième destinataire du message est la France. Le manège ne diffère pas du premier. Sauf qu’ici, la France doit saisir au bond le message pour lequel ce pays a instruit Guillaume Soro. Ses réseaux diplomatiques rentrent alors en action auprès de tous ceux qui de près ou loin sont impliqués dans le dossier. Second schéma.

Enfin la troisième cible ne peut qu’être les partisans de l’ancien président ivoirien. Mais ici, Guillaume Soro plaide pour lui-même et non pour la France. Car, « quand on t’envoie, il faut savoir t’envoyer toi-même ». L’ancien Secrétaire général de la rébellion du Mpci-Fn (Ndlr, Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire – Forces nouvelles) veut s’approprier ce sage conseil donné publiquement par Laurent Gbagbo lors de ses moments de prédilection au cours desquels il haranguait les foules patriotiques. Tenter de prendre au sentiment ces derniers à défaut de réussite complète, amoindrir le cœur de quelques Ivoiriens près à oublier le passé pour aller de l’avant. Dieu Seul sait combien sont-ils. Troisième et dernier schéma.

L’ancien chef rebelle réussira-t-il la mission à lui confiée par la France d’Emmanuel Macron qui veut ainsi effacer les traces de sang d’Ivoiriens versé par un certain Nicolas Sarkozy ?  Cette mission est certes difficile, mais n’est pas irréalisable. Ce d’autant que les mêmes Français qui l’ont commis ont pour slogan « impossible n’est pas Français ».

Seule personne qui sort gros Jean comme devant dans cette affaire, c’est assurément Alassane Dramane Ouattara. L’actuel chef d’Etat ivoirien assiste, résigné, son jeune poulain Guillaume Soro s’affranchir de sa tutelle. En même temps que Ouattara se voit isolé par ses soutiens traditionnels.
LeTempsinfos.com