Les tenants et aboutissants d’un curieux sondage

SONDAGE. MON ANALYSE.

Publié par le journal ivoirien LG Infos, un sondage d’un Institut français sur l’élection présidentielle de 2020, donne pour le premier tour un ordre de préférence des ivoiriens qui s’établit ainsi :
1er Gbagbo : 36 %,
2ème Bédié : 31 %,
3ème Soro : 16 %,
4ème Ouattara : 14 %.

Ainsi, comme en 2010, le président Gbagbo virerait encore en tête, mais 2010 est bien loin et le favori a été déporté à la Haye où il se trouve depuis le 30 novembre 2011 après son renversement par l’armée française le 11 avril 2011 et sa remise aux rebelles qui l’auront détenu pendant huit mois. Il n’est donc pas aujourd’hui en mesure de transformer cet avantage théorique en une réalité concrète, sauf bien sûr si la CPI se prononce rapidement pour sa libération ou si la procureure Fatou Bensouda, qui n’arrive pas à justifier la tenue d’un procès qui dure depuis le 28 janvier 2016 en apportant à l’appui de ses allégations les preuves pouvant accabler le président Gbagbo, se décide à renoncer à poursuivre cette aventure judiciaire qui ruine la crédibilité de la Cour Pénale Internationale.

Cela dit, on se demande bien quel est le vrai objectif de ce sondage dans lequel malgré l’échec évident de Ouattara qui arriverait en dernière position, le président Gbagbo n’est pas en réalité mieux loti qu’en 2010 puisqu’il perd quand même deux points au lieu d’en gagner là où le vieux Bédié qui était à 25% en 2010 en gagne 6 et pointerait désormais à la deuxième place avec 31% sans qu’on puisse savoir ni deviner les raisons de ce niveau de popularité d’un homme qui n’a pas arrêté ces derniers temps de rappeler à son allié Ouattara sa promesse de lui céder la place après une deuxième présidence de cinq ans. Certains au PDCI lui demanderaient déjà d’être le candidat du vieux parti.

De point de vue donc, ce que ce sondage qui tombe à pic pourrait avoir comme conséquence, c’est que Bédié Konan, qui aura plus de 85 ans en 2020 ( il est né en 1934), se rêve en futur président de la république en se disant qu’il y a peu de chances que le président Gbagbo soit là et donc qu’il battrait largement ses poursuivants qui, même mis ensemble, resteraient toujours derrière. Il y a donc surtout dans ce sondage de quoi donner à un vieillard l’envie de revivre son passé.

De plus, ce sondage qui aiguise les appétits de pouvoir, risque de compliquer les choses au RHDP car si Ouattara semble distancé et pointerait à la quatrième place, derrière Guillaume SORO, il n’a visiblement pas l’intention de lâcher un pouvoir pour lequel il n’aura ménagé aucun effort, allant jusqu’à faire la guerre pour le prendre. Mais dans la guerre, il a dû compter sur les éléments de Guillaume Soro qui pourraient se dire qu’il est le vrai gagnant de ce sondage derrière le président Gbagbo empêché et un Bédié trop âgé pour être véritablement son rival. Soro Guillaume doit être d’autant plus heureux que dans ce sondage n’apparaît pas Hamed Bakayoko qui se pose pourtant comme son rival le plus visible dans le camp Ouattara et qui semble avoir la préférence de Ouattara qui n’en finit plus de le nommer ? Il est désormais au ministère de la Défense où il a remplacé…Ouattara lui-même qui occupait ce poste depuis son installation au pouvoir.

Enfin, on peut se poser la question, que vaut ce sondage ? Oui, il faut se poser toutes les questions puisque l’histoire récente a prouvé que la manipulation n’est jamais loin. Que vaut donc ce sondage ? Est-il un vrai sondage ou un faux sondage sorti des officines des agences de renseignement françaises dont le but serait manipuler l’opinion ? Et si un tel sondage était fait pour dissuader Ouattara de postuler encore ?

Ouattara en dernière position, Hamed Bakayoko absent de la tête de liste des éventuels prétendants, on peut raisonnablement se demander si tout ceci n’est pas fait à dessein pour le décourager et le pousser vers la sortie au profit de Soro Guillaume, que ces mêmes sondages fabriqués pourraient faire progresser rapidement pour rattraper et même dépasser Bédié ?

Les officines françaises ont ce don-là de fabriquer des sondages pour essayer d’orienter l’opinion et nous aurions tort d’écarter certaines questions et hypothèses.
Alexis Gnagno