Les orphelins de Sankara

LES ORPHELINS DE SANKARA

Peut être une image de 1 personne et uniforme militaire

Ils étaient 600 enfants choisis dans tous le Burkina-Faso vers l’année 1985 par le pouvoir de Thomas Sankara pour aller apprendre dans tous les corps de métiers à Cuba, chez Fidel Castro.

C’étaient tous des adolescents garçons et filles. Sankara pensait sans cesse à l’avenir de son pays et a saisi cette opportunité qu’offrait La Havane qui venait d’instaurer une école internationale pour les pays du tiers-monde. Les enfants allaient apprendre des techniques nouvelles en agriculture, élevage, soudure, géologie, soins infirmiers, médecine, maniement des armes etc. Dépaysés au début, ces petits révolutionnaires burkinabé ont commencé à se donner à fond dans leur mission.

Peut être une image de 4 personnes et personnes debout

Encore plus quand le Capitaine Thomas Sankara s’est déplacé lui-même pour venir leur rendre visite en septembre 1987 à Cuba. Leurs forces se sont décuplées. Ils ne voyaient plus la douleur de l’apprentissage mais l’abnégation à rendre leur « papa » Sankara, fier d’eux.

En octobre de la même année, Thomas Sankara est assassiné par un mouvement conduit par quelqu’un que personne ne pouvait imaginer commettre un tel acte, Blaise Compaoré, « son bras droit, son premier ministre » comme disent les enfants devenus grands dans ce documentaire diffusé par Canal + ce jeudi 1 er juillet 2021.

C’est le début du calvaire pour ces petits burkinabés envoyés en mission de développement par Sankara et qui n’est plus. Leur bourse est automatiquement supprimée par le pouvoir de Blaise Compaoré. Il demande leur rapatriement au pays. La réponse de Fidèle Castro sera surprenante. « Ces enfants sont ceux de mon ami Sankara. Il est mort. Si vous décidez ne plus vous occuper d’eux, moi je le ferai au nom de mon amitié avec Sankara » répond Castro.

La formation continue donc pour les orphelins de Thomas Sankara. Elle n’est pas toujours rose. La pression américaine sur Cuba, la Pérestroïka de Gorbatchev, toutes ces contraintes sont une vraie endurance pour l’économie cubaine. Mêmes les repas des enfants s’en trouvent affectés. Le dernier des orphelins de Thomas Sankara rentre au pays en 2005. « Vous étiez des pièces de rechange de la révolution de Sankara. Celle-ci ayant pris fin, vous êtes des pièces inutilisables » leur lance un responsable du parti de Blaise Compaoré. « On les connaît ces enfants de Sankara. Ils savent manipuler des armes , dégoupiller une grenade. Ils sont simplement dangereux pour le Burkina » assène un ministre. C’est le contexte de l’accueil de ces enfants burkinabés qui sont allés conquérir le savoir pour leur pays. Ils sont plutôt vus comme des présumés terroristes, putschistes. Pire, leurs diplômes acquis après autant de sacrifices ne sont pas pour la plupart reconnus au Burkina-Faso par refus disent-ils d’équivalence.

Ils sont éparpillés partout dans le Burkina, certains contraints de rester dans leurs villages respectifs. De peur que rassemblés, ils fassent un coup d’Etat contre Blaise Compaoré. Coup du sort, comme en 1987 c’est aussi en octobre que tombe le pouvoir de Blaise Compaoré en 2014. Ce ne sera pas l’œuvre principalement des orphelins de Sankara, même s’ils ont fortement participé, mais celle d’un mouvement populaire. C’est seulement avec l’arrivée d’un pouvoir démocratique dirigé par Roch Kaboré qu’après 27 ans de règne de Blaise Compaoré, que leurs diplômes sont en train d’être majoritairement reconnus et leurs vies sur la voie de renaître.
Amara Salifou