Les 4 leçons de la 2ème mutinerie du Contingent 8400

DIEU Merci…
« On a trouvé un terrain d’entente. On va retourner en caserne. C’est terminé, (la mutinerie) », a affirmé à l’AFP le sergent Cissé Fousseni, un des porte-parole du mouvement.
Un autre porte-parole mutin, le sergent Sidick, a ajouté que l’accord était « secret défense »,
mais on indiquait dans l’entourage des mutins qu’ils avaient obtenu la pleine satisfaction de leurs revendications avec le paiement de 5
millions de F CFA (7.500 euros) payés tout de suite et 2 millions en juin. ..》
TENIN TENIN – Officiel

Ainsi donc, tout est bien qui finit bien… Même sur les ondes françaises on racontait en quelques secondes que la situation était rentrée dans l’ordre en Côte d’Ivoire: une fois de plus le gouvernement, bien choisi par la France s’était montré à la hauteur!

Les mutins ont finalement libéré les corridors de Bouaké

Les 4 leçons de la 2è mutinerie du Contingent 8400. Une analyse de Sylvain N’Guessan, à lire, après l’annonce par les mutins, de leur retour, en caserne.

Après 4 longues journées de frayeur, de rumeurs, de suspicion, le calme semble revenir en Côte d’Ivoire. Le ministre délégué à la défense a lu un communiqué sur les plateaux de la RTI faisant état d’une ‘’accord trouvé’’ entre les différentes parties.

En attendant d’avoir une idée du contenu de cet accord, quelles leçons pouvons-nous retenir de cette mutinerie ? Personnellement, j’en ai tiré quatre.

1-Approche organisationnelle
Qu’est-ce qui a mis le feu aux poudres ? Les excuses suivies d’une déclaration selon laquelle les 8400 militaires concernés renonçaient à leurs primes  d’un certain Fofana, reçu à la présidence le 12 mai.

« Le gouvernement a mal organisé sa diplomatie de l’ombre avec les militaires. Pour des jeunes qui sont restés ensemble de 2002 à 2012, il est difficile de pouvoir les ‘’diviser’’ si facilement »

De ces faits, l’on pourrait retenir que le gouvernement a mal organisé sa diplomatie de l’ombre avec les militaires. Pour des jeunes qui sont restés ensemble de 2002 à 2012 dans l’ex rébellion, il est difficile de pouvoir les ‘’diviser’’ si facilement.

2-Approche stratégique
Cette approche ayant échoué, le gouvernement va tenter la carte de la fermeté qui cachait, en fait, la carte du temps. Il espérait voir la structure hiérarchique que prendrait la mutinerie afin de faire des recoupements qui lui permettraient de savoir ce qui se passe réellement. Les militaires vont privilégier l’approche anarchiste sans organisation verticale. Point de porte-parole, point de dénomination encore moins de leader.

Pendant ce temps, sur le terrain, les militaires procèdent par l’occupation des sites stratégiques et des zones critiques. Le temps a donc commencé à jouer contre le gouvernement.

Avec l’approche horizontale privilégiée par les militaires, il serait quasi impossible de négocier en cas de conflit puisque les militaires procédaient par une compartimentation en 10 zones de la Côte d’Ivoire sans aucune structuration verticale.

3-Militaires et gouvernance.
Cette mutinerie vient de faire aboutir un long processus entamé depuis décembre 1999. Notre armée n’est plus muette. Elle représente dorénavant la 4è colonne de la gouvernance à côté de l’Exécutif, des partis politiques et des organisations de la société civile dont les entrepreneurs.

Le gouvernement ne perdrait RIEN à la consulter dans l’ombre avant les grandes décisions nationales en attendant la relance de diverses stratégies de gestion des questions militaires en contexte post conflictuel.

4-Militaires et Politiques.
C’est une armée plus que jamais soudée qui retourne dans les casernes. Des leçons que je ne puis me permettre d’écrire mais ils ont eu le temps d’observer et d’évaluer les contre pouvoirs en place, les pressions internationales, les enjeux économiques et diplomatiques… Ils retiennent que, soudés, ils peuvent faire beaucoup de choses ensemble…

C’est le lieu d’interpeller nos leaders politiques afin de privilégier le dialogue, la recherche du consensus dans leurs projets. Cette armée que nous avons ne devrait pas hésiter longtemps à ‘’prendre ses responsabilités’’ en cas de blocage de longue durée sur le champ politique. Et c’est la Côte d’Ivoire qui perdrait.

Sylvain N’Guessan, Institut de Stratégies
André Silver Konan

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Cette fermeté qui nous enchaîne et nous enferme

Cette fermeté qui nous enferme et nous enchaîne ou l’art de permettre des surenchères.

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De 5 millions FCFA, la fermeté nous a conduit à 12 millions dont 5 millions du premier coup.
Ensuite, d’un million par mois sur 7 mois, la fermeté précédée de la ruse habituelle, vient de nous conduire à un accord dont ne devrait point parler QUICONQUE. Mieux vaut nous nous en gardons alors !

La fermeté que l’on a ignoré au profit du 12 millions« rattrapage » ethnique, pendant la longue période d’état de grâce, ne saurait se mettre en place en période de disgrâce.

À moins de surestimer son propre bilan ou de vivre dans une bulle, retranché dans ses privilèges, loin de son peuple dont on veut cacher les souffrances en l’infantilisant par une communication destinée aux partenaires, soutiens et complices extérieurs.

Eric Kahe, aird-ci.com

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