Le lion est mort

Le lion est mort
Le Premier ministre est mort ce mercredi en plein conseil des ministres, foudroyé par une crise cardiaque, quelques jours seulement après son retour à Abidjan qu’il avait quitté fin mai, suite à une évacuation sanitaire d’urgence.

Sa convalescence menée au pas de charge a duré quelques semaines puisqu’il fallait préserver son poste de Premier ministre que lorgnait visiblement Hamed Bakayoko qui a assuré son intérim pendant son absence. Mais aussi parce qu’il y avait l’agenda électoral à honorer, le régime ne voulant pas donner raison à ceux qui demandaient la mise en place d’un gouvernement de transition. D’ailleurs, avec son tempérament bagarreur, sa voix mi-humaine mi-rugissement, Amadou Gon Coulibaly avait sèchement répondu qu’il n’y aura jamais de transition.

Alors, il a fallu rapidement le mettre sur pied. Or quand tu ne tues pas ta passion, c’est elle qui te tue, a dit un célèbre auteur. C’est donc à peu près ce qu’il s’est passé ce mercredi dans la salle du conseil des ministres où les clichés postés dans la journée par des anonymes montraient un homme souriant, radieux et content de retrouver sa place au milieu des siens, à la table du deus ex machina local.

Bref, l’envie d’aller à la bataille d’octobre prochain malgré un cœur fragile a eu son pesant de venin dans la mort de Gon Coulibaly. Humainement, cela ressemblait à pousser quelqu’un dans une tombe parce que, selon les spécialistes, ce type d’opération nécessitait plus de repos mais surtout que soit abandonnée l’idée de faire de celui qui l’a subie un candidat à une élection présidentielle où il faut enchainer les meetings, les rencontres, les apartés interminables, les bruits, la sueur, les odeurs…

Trop d’amour tue parfois et on imagine qu’Alassane Ouattara va certainement s’en mordre les doigts pour avoir trop insisté, y compris en humiliant les adversaires internes du lion, pour qu’il soit le candidat incontestable du RHDP.

Amadou Gon Coulibaly est donc mort ce mercredi pendant le conseil des ministres, le premier auquel il participait après son retour. De lui, on retiendra forcément qu’il n’était pas un homme de consensus. Car avec lui, c’était ce qu’il veut et rien d’autre. Les dernières négociations sur le code électoral, précipitamment clôturées par lui, rappellent cette aversion pour le dialogue et le consensus. Parce que c’était avant tout un enfant des savanes et dans la jungle, on écrase ses adversaires ; sinon on se fait manger. Un lion est donc mort ce mercredi, terrassé par un nouveau malaise cardiaque, preuve que nous sommes tous des êtres fragiles. Face à la nature qui empoigne qui elle veut et à l’heure qu’elle veut.

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Joseph Titi Gnahoua
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