Le Juge Henderson
CPI : Raisons du juge Geoffrey Henderson (Page 125-133 sur 1031)
(2) mars RTI
234. Le Procureur allègue qu’au lieu de punir les auteurs des crimes liés à la manifestation RTI, ce sont les manifestants qui ont été arrêtés et poursuivis. Elle établit un parallèle entre la manifestation RTI et l’incident du 25 mars 2004 dont il a été question précédemment. Le Procureur allègue que M. Gbagbo « n’a pas reconnu les morts de civils imputables à l’incident du 25 mars 2004, visant des partisans présumés de l’opposition, mais a plutôt condamné la manifestation prévue comme une » tentative de soulèvement « . Elle ajoute que les auteurs des crimes commis lors de cet incident n’ont pas fait l’objet de poursuites et que cet incident a une «ressemblance frappante» avec la marche de la RTI du 16 décembre 2010 et ses conséquences474.
235. À la suite de l’incident de mars 2004, M. Gbagbo a prononcé un discours le 26 mars 2004, appelant tout le monde à rester calme et indiquant que « les événements du 25 mars n’ont rien à voir avec une marche pacifique ». Dans son discours, M. Gbagbo fait référence au « cycle de la violence » mais ne mentionne pas la commission de crimes. P-0048 a déclaré dans son témoignage que ce discours « confirmait » que M. Gbagbo n’avait pas considéré cette marche comme pacifique; Selon P-0048, «la marche elle-même n’a jamais eu lieu. Il n’a même pas eu le temps de commencer. »Il a également déclaré que
Ce que nous avons compris, c’est que cette marche pacifique a été interprétée par le camp de Gbagbo comme un argument permettant aux Forces Nouvelles, du moins aux trois mouvements, de prendre le pouvoir à Abidjan. Je ne connais pas précisément le jour ou l’endroit où il a dit cela, mais je peux vous dire que le président Laurent Gbagbo a considéré cela comme une nouvelle tentative de coup d’État.
236. A la question de savoir pourquoi il n’y avait pas eu de procès après l’enquête sur les événements du
Mars 2004, P-0048 a répondu que
Je ne suis pas en mesure de répondre à cette question, car il appartient au parquet d’engager des poursuites dans de tels cas. Mais vous vous rendrez compte qu’en Côte d’Ivoire, de nombreux actes ont été perpétrés et qu’il n’y a pas eu de procès, et même lors de procès, personne n’a été reconnu coupable. J’ai parlé de la fosse commune de Yopougon, des événements de 2004, des événements de mars et de novembre 2004, des actes de violence perpétrés contre la population civile. – Il n’y a pas eu de procès nulle part.
237. Au vu des informations limitées dont dispose la Chambre, il semble que personne n’ait été tenu pour responsable des crimes allégués qui ont été commis le 25 mars 2004, mais on ne voit pas très bien pourquoi. Nous allons maintenant déterminer s’il est possible d’établir un parallèle entre cet incident et les événements qui ont entouré la manifestation RTI.
238. Il est fait référence à l’analyse des preuves concernant les événements survenus pendant et après la marche RTI. En ce qui concerne la réaction à la manifestation, le Procureur allègue que, bien que M. Gbagbo et ses représentants aient reconnu que des civils étaient morts, ils se concentraient principalement sur les victimes des FDS. Les éléments de preuve cités à l’appui de cet argument ont également été cités pour démontrer que lors de l’ouverture des enquêtes sur les victimes, elles étaient principalement axées sur les victimes des FDS «à l’exclusion des autres groupes».
239. Passant d’abord aux allégations de reconnaissance publique de la mort de civils et de l’implication des FDS dans ces affaires, il est noté que le général Mangou a témoigné sur le fait qu’il avait été rapporté à M. Gbagbo après la marche de la RTI, relatant les meurtres. Il a ajouté que, dans le cas présent, il avait mentionné que des civils étaient morts sans donner de détails. Mais […] ont souligné les soldats morts […] et y ont mis l’accent. »484 À la suite de la manifestation RTI, M. Gbagbo a prononcé un discours le 21 décembre 2010 dans lequel il a mentionné 20 meurtres, dont 10 membres des FDS, et a salué ‘La mémoire. de toutes les personnes mortes au cours de ces journées de folie ‘. Il a ajouté que
Je demande aux jeunes de rester calmes. L’ONUCI et les Forces françaises partiront de Côte d’Ivoire, mais nous ne voulons pas de morts inutiles. Nous avons encore tous en mémoire les douloureux souvenirs des évènements de novembre 2004. Aujourd’hui en 2010, comme hier en 2002, 2003, 2004, 2007, je tends la main du dialogue. Je tends la main à l’opposition, à Monsieur Ouattara, comme à la rébellion armée qui le soutient.
240. De même, en ce qui concerne l’émission RTI datée du 3 janvier 2011, il est noté que le chef d’état-major a reconnu que des civils étaient décédés, mais qu’il s’est surtout concentré sur le personnel des FDS. Cependant, sa déclaration a été faite dans le cadre de son « [v] site de compassion aux soldats » à l’hôpital militaire d’Abidjan au lendemain de la manifestation RTI. Il serait inapproprié d’en déduire que dans ce cas, l’accent mis sur les victimes des FDS était nécessairement axé sur l’exclusion des décès de civils. Il est également noté que, dans cette émission, le général Mangou a déclaré que
Il faut respecter les civils aux mains nues. Il faut avoir un minimum d’égard pour ces civils. […] Parce que nous discutons avec les deux généraux, ils nous disent que si leurs populations sont touchées, ils interviennent. Alors pourquoi veulent-ils faire des différentes populations ? Nous, notre mission, c’est de protéger toutes les populations sans exclusive. Que vous soyez Ivoiriens ou non Ivoirien, nous avons pour mission de protéger toutes ces populations.
241. Le Procureur allègue en outre que M. Gbagbo et ses collaborateurs ne déplorèrent jamais l’implication des FDS dans la mort de civils dans les discours prononcés ce mois-ci. Compte tenu du contenu et de la sélection des preuves citées à l’appui, cet argument n’est pas convaincant. Il est à noter que l’émission de RTI du 18 décembre 2010 contient un communiqué gouvernemental sur le fonctionnement de l’ONU en Côte d’Ivoire et mentionne ’20 morts, dont 10 éléments des forces de l’ordre’ dans le contexte d’une implication présumée de l’armée. L’ONU dans des actes qui, de l’avis du gouvernement, ne favorisaient pas la paix. Le message de M. Gbagbo du 31 décembre 2010 fait référence aux pertes civiles et non civiles et à la création d’une commission d’enquête sur les crimes. L’émission RTI datée du 12 janvier 2011 contient un message du chef de cabinet au nom des FDS et, en ce qui concerne la manifestation RTI, fait référence à des crimes contre la population civile et non civile. Enfin, le rapport de situation quotidien de l’ONUCI en date du 23 décembre 2010 fait référence au discours de M. Gbagbo en date du 21 décembre 2010 (voir ci-dessus)
[M. Gbagbo] a notamment reconnu les meurtres, les incendies et les pillages qui ont eu lieu le 16 décembre au cours d’une tentative de marche des partisans du RHDP à Abidjan. Le Président Gbagbo a limité les récents meurtres et autres violations des droits de l’homme au 16 décembre, alors que ceux-ci se poursuivent avec une intensité croissante depuis cette date.
242. S’il est vrai que les communications du 16 décembre au 12 janvier mentionnées par le Procureur ne font aucune mention de la responsabilité des FDS, cela ne pourrait être considéré comme une omission délibérée que si elle avait déjà été établie. les FDS avaient commis des crimes (et non des victimes lors d’opérations légitimes de maintien de l’ordre). Il convient de noter à cet égard que le gouvernement dispose de moins d’un mois et qu’il n’était peut-être pas possible de mener à bien une enquête approfondie sur les crimes dont auraient été victimes les FDS au cours de cette période. En outre, M. Gbagbo a en effet annoncé la création d’une commission d’enquête le 31 décembre.
243. En outre, le Procureur suggère que M. Gbagbo n’a pas enquêté sur les infractions liées à la manifestation RTI, bien qu’il ait été informé de leur perpétration, notamment par le biais de lettres envoyées par le Haut Commissaire aux droits de l’homme à M. Gbagbo et aux hauts responsables des FDS le 31 décembre. 2010. Le général Guiai Bi Poin a déclaré qu’après avoir reçu cette lettre, il avait informé le procureur militaire par téléphone et avait adressé une demande écrite à l’un de ses officiers pour qu’il enquête sur les faits allégués dans la lettre. Le général Guiai Bi Poin a estimé qu’il n’avait pas reçu de rapport écrit à ce sujet car, selon lui, ils se trouvaient dans une période très délicate en raison de l’aggravation de la crise, mais il a reçu un rapport verbal selon lequel « les faits allégués contenus [dans la lettre] [n’avaient pas] été vérifiés sur le terrain ». En tant que tel, le général Guiai Bi Poin a déclaré qu’il avait informé le procureur militaire par téléphone et n’avait pas poursuivi l’enquête. Le témoin a ensuite déclaré qu’après avoir répondu à la lettre du Haut-Commissaire aux droits de l’homme
[Une] équipe de quatre ou cinq experts des droits de l’homme de l’ONUCI à Abidjan est venue me rencontrer à l’école. Nous avons eu des échanges et nous sommes partis. Nous sommes restés en contact pendant une bonne partie de la crise. Nous les avons informés de ce qui se passait et ainsi de suite. Ils ont donc essayé de nous suivre pour voir ce que nous faisions pendant une bonne partie de la crise.
244. Il est noté que les réponses de M. Gbagbo et du général Vagba à la haute
La lettre du commissaire, le cas échéant, n’a pas été soumise à la présente chambre. Toutefois, contrairement aux lettres adressées aux généraux Guiai Bi Poin et Dogbo Blé, celles adressées à M. Gbagbo et au général Vagba n’ont pas fait référence aux événements qui ont entouré la marche du RTI. Pour sa part, le général Dogbo Blé a répondu en mettant en cause l’impartialité de la Haut-Commissaire et de son représentant à Abidjan et en l’invitant à lui présenter des preuves des violations des droits de l’homme commises par des éléments de la Garde républicaine au cours de la marche du 16 décembre.
245. Passant aux éléments de preuve concernant la Commission d’enquête internationale sur les allégations de violation des droits de l’homme en Côte d’Ivoire, M. Gbagbo a annoncé sa création dans une émission RTI diffusée le 31 décembre 2010. Conformément à l’arrêté présidentiel du 7 En janvier 2011, la commission avait pour mission d’établir les faits et les circonstances dans lesquels des violations graves des droits de l’homme perpétrées après le 3 novembre 2010 avaient été perpétrées, d’identifier les coupables et de formuler des recommandations en vue de prévenir et de faire cesser ces violations. . L’émission RTI du 14 janvier 2011 a fourni des détails sur la manière dont toutes les personnes concernées, témoins ou victimes, pourraient se rapporter à cette commission. L’émission RTI du 16 février 2011 a indiqué que la commission avait envoyé une correspondance à chacun des groupes impliqués – FESCI, FDS, Police, Gendarmerie, Armée, RHDP, LMP, FAFN, UNOCI – leur demandant de commenter et de commenter les accusations portées contre eux. Les conclusions de la commission ont donc été transmises au Directeur général adjoint chargé de la sécurité publique le 21 février 2011 pour commentaires et observations. Cette transmission contenait un peu plus d’une page d’infractions imputables au FDS. L’émission RTI du 9 mars 2011 montre un orateur déclarant que
La commission internationale d’enquête sur les violences post-électorales a donc souhaité l’ouverture d’une enquête pour éviter que ces actes criminels restent impunis. La commission a par ailleurs recommandé la dissolution de la CEI.
246. Dans sa réponse, le Procureur a déclaré que «[l] ‘accusation faisant suite à l’incident du 16 décembre 2010, le Procureur a déclaré que [la Commission d’enquête] n’était pas une véritable tentative d’enquêter ni de poursuivre les auteurs des crimes. crimes commis ce jour-là « . Elle ajoute que la Commission était » impuissante « et que son seul rôle était de » retarder les choses et d’éviter de poursuivre les membres des FDS « . En formulant cette affirmation, le Procureur se fonde notamment sur « le manque de précision et la brièveté » du rapport de la Commission, ainsi que sur le fait qu’il lui a été donné un mois pour enquêter et rendre ses conclusions le 16 février 2011. De plus, reconnaît que le reportage du 9 mars 2011 faisant état des conclusions de la Commission contenait une recommandation tendant à ce que les crimes fassent l’objet d’une enquête afin d’éviter l’impunité pour les auteurs. Selon le Procureur, cela signifie que « la Commission ne s’est pas considérée comme un organe d’enquête, confirmant ainsi que M. Le régime de Gbagbo a créé cette commission pour donner l’impression que des enquêtes étaient en cours ». En ce qui concerne l’incident de la manifestation RTI, elle allègue en outre que la seule conclusion de la commission est que les manifestants ont été victimes d’extorsion lors des arrestations, qu’aucune recommandation n’a été formulée à l’égard des victimes civiles de la manifestation du 16 décembre et que personne n’a été puni pour L’incident.
247. Outre ses allégations concernant l’intégrité de la Commission, le Procureur a affirmé dans son mémoire à mi-procès que le général Kassaraté avait adressé au Ministère de la défense une lettre datée du 23 février 2011 dans laquelle il affirmait que les accusations portées contre le FDS étaient sans fondement. Elle s’est fondée sur cette lettre pour affirmer que les conclusions de la Commission avaient été «méprisées par les dirigeants de la FDS». En plus d’appeler les allégations contre les FDS très graves et sans aucun fondement, la lettre mentionne, entre autres, les victimes du FDS, ses préoccupations quant à la minimisation des dommages collatéraux, l’existence d’une guérilla urbaine sur le terrain infiltrant la marche des RTI et la désirabilité. des victimes portant plainte devant les services judiciaires compétents accompagnées d’éléments de preuve à l’appui de leurs allégations. Au tribunal, le général Kassaraté a nié que la lettre portait sa signature, contrairement à ce qu’il avait indiqué dans sa déclaration antérieure enregistrée. Le général Kassaraté a déclaré dans son témoignage qu’il avait reconnu le contenu de la lettre mais que celle-ci avait dû être préparée par son cabinet en réponse à une demande du ministère.
(2) mars RTI (Suite)
248. Il est noté que le Procureur prétend que la Commission était un simulacre destiné à protéger les FDS d’une véritable enquête. Les poursuites sont difficilement conciliables avec son affirmation selon laquelle ses conclusions auraient été désavouées par un dirigeant des FDS qui, selon elle, aurait fait partie du « cercle intérieur » et aurait donc probablement participé à ce projet. Néanmoins, ses allégations seront discutées après l’analyse des preuves relatives à l’enquête sur les crimes liés à la manifestation RTI. Les mêmes éléments de preuve sont pertinents pour l’affirmation selon laquelle les FDS ont enquêté sur les victimes dans leurs propres rangs «à l’exclusion des autres groupes».
249. À cet égard, le général Guiai Bi Poin a déclaré que, lors de la réunion de compte rendu du 16 décembre, le Directeur général de la police (DGPN)
nous a donné un aperçu de l’opération de la journée, un rapport exhaustif de l’opération qui s’est déroulée sur la journée. Selon les lieux, il nous a donné une liste des différents incidents survenus selon les lieux, les différentes communes, les différents quartiers; et il nous a donné un rapport sur le nombre de personnes tuées au sein des forces de l’ordre. Il y a environ six ou sept décès enregistrés. Certains ont été tués dans leurs véhicules de transport de troupes, tués avec des roquettes anti-chars, et ils ont été complètement brûlés vifs et certains dans leurs véhicules à Abobo. Et il a également parlé de la mort de civils. Il a mentionné le fait qu’en ce qui concerne les morts de civils, nous devons faire très attention, car les individus que nous considérons comme des civils sont généralement armés. Il n’y a pas de signes distinctifs, mais ils sont armés selon les informations qu’il aurait récupérées des gens sur le terrain524.
250. Le général Guiai Bi Poin a également déclaré que, lors de cette réunion, la DGPN n’avait pas indiqué si la police ferait l’objet d’une enquête 525. Après un examen plus approfondi, le général Guiai Bi Poin a déclaré qu’il n’était pas au courant. les conclusions d’une enquête relative aux décès survenus pendant la manifestation RTI – ni des FDS ni des victimes civiles526. Commentaire sur le document CIV-OTP-0045-1413, une lettre du 25 janvier 2011 transmettant un rapport sur la découverte de deux cadavres qui auraient été tués par des troupes du CECOS tirant sur des manifestants, le général Guiai Bi Poin a témoigné que
Je voudrais dire que dans ce document, la réaction du commissaire est une très bonne réaction, car la dernière phrase dit qu’une enquête a été ouverte sous OP – ce qui signifie normalement qu’il devrait y avoir une enquête. Comme ils connaissaient les auteurs présumés, ils ouvriraient une enquête. J’aurais dû être un destinataire. Ils auraient pris la mesure pour que le Procureur me contacte pour que je mette ces éléments à sa disposition. Donc, je n’ai jamais reçu ce document. Je n’ai jamais eu de contact du Procureur concernant les incidents mentionnés ici. Et pendant le débriefing, le directeur ne m’a jamais parlé de ce cas particulier. Je n’ai pas été informé, mais la police, qui a signalé cela sur le terrain et a ouvert une enquête, aurait normalement dû suivre jusqu’à la toute fin de la procédure527.
251. Outre l’enquête qu’il a ordonnée sur les allégations contenues dans la lettre du Haut-Commissaire aux droits de l’homme, le général Guiai Bi Poin 528 a déclaré qu’il n’avait ouvert aucune autre enquête sur les événements du 16 décembre, car
Je n’étais pas responsable de toutes les opérations. Je n’avais aucune raison de le faire. La police était responsable de ces opérations et la police disposait d’unités de police judiciaire. Et les hommes que nous mettons à la disposition de la police travaillent sous l’autorité des commissaires de police des lieux où ils sont allés intervenir.
252. De son côté, l’inspecteur général Bredou M’Bia a déclaré dans son témoignage qu’il n’avait sanctionné aucun commandant pendant la crise postélectorale529. Il ne se souvenait d’aucune mesure disciplinaire ou légale prise à l’encontre de membres de la police pour les meurtres qu’ils auraient pu commettre. lors de la manifestation RTI, les incidents survenus à Yopougon du 25 au 28 février 2011, ainsi que les incidents survenus à Abobo les 3 et 17 mars 2011530, ont également témoigné de la même manière qu’au cours de la crise postélectorale, le général Kassaraté, commandant suprême de la gendarmerie, n’avait ouvert crimes FDS présumés – y compris des crimes présumés liés à la marche de la RTI531. Le général Mangou a également déclaré qu’aucun élément du parti FDS n’avait été sanctionné pour l’incident du 16 décembre 532.
253. En outre, le Procureur s’appuie sur P-0330, commandant de l’escadron Abobo de la gendarmerie à l’époque des faits, pour alléguer que le compte rendu exact des victimes civiles commises par des officiers pro-Gbagbo aurait été perçu comme «discréditant (ou même traître). ) les autorités’. P-0330 a déclaré que le 16 décembre 2010, il avait vu une cinquantaine de jeunes hommes en civil gisant morts sur la route à Abobo PK18. Il a également déclaré dans son témoignage qu’il avait signalé la situation, notamment qu’il y avait eu des victimes, mais que
Je ne voulais pas préciser le nombre de personnes parce que je n’étais pas sûr qu’il s’agisse d’un nombre définitif d’individus, mais j’ai toutefois mentionné le fait qu’il y avait eu des pertes de vie parmi les individus qui – qui étaient arrêtés et arrêtés de se déplacer vers l’avant. Et quand je suis arrivé sur le terrain, il n’y avait aucune arme sur eux; Cependant, je sais que ces personnes n’auraient pas pu porter des armes face à des soldats, car ces soldats n’auraient pas accepté de se tenir devant des civils armés. Donc, même si on tirait sur certaines personnes qui portaient des armes, celles qui ont survécu et qui ont fui ont emporté ces armes avec elles. Nous sommes cependant certains que ces premiers coups de feu ont été tirés par des civils.
254. Suite à cela, le Procureur lui a présenté sa déclaration antérieure enregistrée dans laquelle il avait déclaré que
Donc pour eux, de par mes origines, je ne pouvais pas faire leur affaire. […] Donc si je m’amusais à lui dire j’ai vu une cinquantaine de corps, c’est un peu comme si j’avais exagéré. […] Donc, ils ne vont même pas prendre ça au sérieux. […] Et puis, si j’ai dit ça, c’est comme si j’ai fait l’effort pour discréditer les forces de l’ordre.
255. P-0330 a ensuite confirmé sa déclaration antérieure selon laquelle il n’avait pas précisé le nombre de civils décédés en raison de ses «origines». Bien que le témoin n’ait pas expliqué ce qu’il entendait par «origines» dans ce contexte, son sens peut être déduit du témoignage qu’il a donné plus tôt le même jour à propos du traitement qu’il a reçu de ses collègues à la lumière de sa provenance du Nord538. À cet égard, P-0330 a déclaré dans son témoignage que des personnes avaient déclaré qu’il ne pouvait pas faire confiance à lui539 et qu’il était soupçonné d’être du côté de M. Ouattara540. ‘cette personne que vous avez envoyé, avez-vous confiance en lui? Avec ce nom, je ne suis pas sûr que nous puissions obtenir de bons résultats. « La preuve d’un cas impliquant un seul officier ne suffit pas pour corroborer la conclusion générale selon laquelle tout rapport précis sur les victimes civiles aurait été perçu comme » discréditant, voire traître « . – particulièrement à la lumière du fait que P-0330 a signalé qu’il y avait eu des victimes civiles, ainsi que son témoignage selon lequel il n’était pas sûr du nombre de victimes. Cependant, les preuves de P-0330 seront prises en compte dans l’analyse globale des preuves de l’existence d’un climat d’impunité.
256. Enfin, s’agissant de l’allégation du Procureur selon laquelle les manifestants civils auraient été arrêtés, jugés et emprisonnés par le gouvernement plutôt que de se concentrer sur les auteurs présumés des FDS, le dossier contient un certain nombre de rapports sur la détention, les enquêtes et les poursuites des marcheurs arrêtés. D’après les éléments de preuve disponibles, il apparaît que sur les 273 personnes arrêtées, 86 ont été libérées sans inculpation le 21 décembre, 121 ont été déférées devant le tribunal de première instance d’Abidjan pour trouble de l’ordre public les 21 et 22 décembre, dont 45 ont été relâchés le 30 décembre par manque de preuves. Un autre rapport indique que le 31 décembre, le procureur a demandé une peine d’un mois de prison pour 28 autres accusés et la libération de 22 autres. Dans sa réponse, le Procureur s’appuie sur ces éléments de preuve pour montrer que «M. Gbagbo avait la capacité matérielle de prendre des mesures contre les auteurs», le système judiciaire étant «pleinement opérationnel». En outre, elle invoque le fait que «le régime de Gbagbo a rapidement arrêté, enquêté, inculpé et condamné les manifestants de la marche du 16 décembre 2010» pour contrer les arguments de la Défense selon lesquels des enquêtes sur, entre autres, la marche de RTI ne pouvaient raisonnablement avoir lieu. conclu au moment de l’arrestation de M. Gbagbo en avril 2011, concluant « lorsque le régime de M. Gbagbo avait la volonté d’enquêter et de punir, il était capable de le faire ».
257. Laissant de côté la différence entre les enquêtes sur les infractions «d’ordre public» et les enquêtes sur les agents de la force publique pour des crimes qui auraient été commis dans l’exercice de leurs fonctions, il est loisible à une chambre de première instance raisonnable de conclure que le gouvernement de M. Gbagbo aurait pu et aurait dû en faire plus. enquêter sur les allégations de crimes commis dans le cadre de la manifestation RTI. C’est le cas en particulier parce que les autorités ont été informées de ces allégations, notamment par le biais de lettres du Haut Commissaire à M. Gbagbo et à ses principaux commandants. Cependant, les informations concernant la manière dont la commission d’enquête a mené son enquête sont limitées. De manière significative, il n’existe pratiquement aucune preuve indiquant si la Commission a véritablement fait des efforts pour obtenir des informations et si, à cet égard, elles ont été entravées par les circonstances sur le terrain et / ou par le manque de coopération des autorités concernées. Sur cette base, il est difficile de tirer une conclusion définitive quant à la prétendue fausse nature de l’enquête de la Commission, même s’il est vrai que le rapport susmentionné n’inspire guère de confiance.
(Page 140-147 sur 1031)
(3) Abobo Women’s March and Market Shelling
258. Le Procureur allègue que, bien que M. Gbagbo et le prétendu «cercle restreint» aient été informés de l’implication des FDS dans les deux incidents survenus à Abobo, les porte-parole Don Mello et Babri ont nié toute responsabilité des FDS dans le cadre du RTI. 552 Selon elle, les meurtres des 3 et 17 mars 2011 ont fait «l’objet d’une enquête peu de temps après et leur existence a ensuite été niée, ni simplement dissimulée».
259. Passant d’abord à la réaction à l’incident du 3 mars, il est noté que les FDS n’ont pas reconnu les allégations portées contre elles concernant la marche des femmes. Le 4 mars 2011, le colonel Babri, porte-parole des FDS, a annoncé dans un communiqué que le «déclarant purement et simplement ne pas se rendre compte de cette accusation forcée mensongère et sans fondement». Il a en outre affirmé que les FDS n’avaient pas opéré à Abobo ce jour-là, mais étaient restés confinés à leurs casernes et que des défilés similaires du RHDP qui avaient eu lieu à Adjamé, Marcory et à d’autres endroits au cours des jours précédents avaient été dispersés par les FDS de manière conventionnelle. et sans fusillades ni autres incidents. Selon un communiqué du porte-parole du gouvernement, Don Mello, diffusé ce même jour au cours de l’émission de 20 heures, le gouvernement a estimé que ces allégations étaient une manipulation grossière des faits et dénoncé « la recherche effrénée des charges contre le président ». Les porte-parole du gouvernement ont également condamné « la promptitude avec certaines chancelleries et presse internationale, avec légèreté, les accusations fantaisistes et sans fondements ». L’émission RTI du 5 mars 2011 contenait des commentaires similaires. Dans cette émission, le ministre de l’Intérieur, Émile Guiriéoulou, a critiqué ce qu’il considérait comme une fausse déclaration des événements par les médias internationaux:
il y a un acharnement médiatique et diplomatique contre les autorités ivoiriennes, sans investigation préalable, pour établir les preuves de ces allégations. Ce parti pris est symptomatique d’une complicité, du fait d’une déformation et d’un travestissement de l’information. Cette manipulation de l’information est l’expression d’une volonté manifeste d’intoxiquer l’opinion internationale.560
260. En outre, le Procureur s’appuie sur une émission de RTI datée du 6 mars 2011 pour alléguer que le ministre de la Défense et le ministre de l’Intérieur «ont tous deux participé à un déni officiel de responsabilité pour l’incident du 3 mars 2011, affirmant que des informations selon lesquelles les FDS étaient responsables étaient une tentative de la presse internationale de discréditer le régime de Gbagbo ». Cette affirmation, cependant, déforme la preuve; Dans l’extrait diffusé à l’émission, les ministres ne font aucune mention de la marche des femmes et dénoncent l’intervention de la France et de l’Union européenne dans les affaires de la Côte d’Ivoire. Le Procureur cite également les déclarations de la ministre Guiriéoulou dans les émissions du 5 et 6 mars ainsi que le communiqué du gouvernement diffusé le 4 mars pour corroborer son affirmation selon laquelle le régime de Gbagbo aurait qualifié cet incident de « mise en scène » par les médias internationaux. De la même manière que ce qui précède, les déclarations faisant allusion à une mise en scène ont été faites dans le contexte d’une critique générale du préjugé médiatique perçu et ne mentionnent pas spécifiquement, ni ne se rapportent nécessairement à la marche des femmes.
261. Enfin, il est noté que, selon le Procureur, M. Blé Goudé a «encouragé [édité] ex post facto et apporté son soutien moral après la commission du crime» en déclarant le 23 mars 2011 que la FDS n’aurait pas pu être tenue pour responsable. pour la mort des femmes parce qu’Abobo était aux mains des rebelles à l’époque. Là encore, il s’agit là d’une fausse déclaration, dans la mesure où M. Blé Goudé n’a pas soutenu ni cautionné le crime allégué; il a simplement souligné l’incongruité de la déclaration simultanée que le FDS devait être responsable et qu’Abobo était contrôlé par les rebelles.
262. Néanmoins, sur la base des éléments de preuve susmentionnés, une chambre de première instance raisonnable pourrait conclure que le gouvernement de M. Gbagbo et les FDS déclaraient publiquement sans équivoque qu’ils considéraient que l’allégation selon laquelle les FDS seraient responsables des décès de ces femmes était fausse et sans fondement. En ce qui concerne la question des enquêtes sur l’incident du 3 mars, le Procureur allègue que les enquêtes décrites ci-après ne constituent pas une «enquête sérieuse».
263. À cet égard, le général Detoh Letho a déclaré qu’après avoir été informé par téléphone de l’incident par le général Mangou, il avait appelé le commandant du camp commando à Abobo; il avait appris que les troupes n’avaient ni supervisé ni surveillé la marche, et encore moins tiré sur il. En fait, le général Detoh Letho a insisté à plusieurs reprises: «[leurs] hommes ne peuvent pas quitter le camp commando». Il a en outre déclaré que plus tard dans la journée, lors de leur entretien quotidien à l’état-major, le général Mangou avait demandé qu’une enquête soit menée mais n’avait confié cette tâche à personne en particulier. Selon le général Detoh Letho, la procédure normale dans ces cas-là était que le service de renseignement de l’armée envoie des éléments sur le terrain pour enquêter et recueillir des informations auprès de témoins. Le général Detoh Letho ne savait pas si une enquête formelle avait jamais été menée. Le général Mangou a confirmé cette version des événements, affirmant avoir appelé le général Detoh Letho pour l’informer de l’incident et lui demander de signaler si leurs éléments étaient en cause. Après avoir été informé par le général Detoh Letho que les troupes étaient restées au camp commando, il a rendu compte des résultats de cette « brève enquête » au ministre de la Défense. Le général Mangou a ajouté qu’il avait demandé l’ouverture d’une enquête et que, le cas échéant, il aurait été informé de ses résultats. En l’absence d’informations, aucune enquête n’a probablement été ouverte. Le major Toaly Baï, commandant du camp commando à l’époque des faits, a déclaré qu’il n’avait pas été invité à présenter un rapport écrit, mais qu’il avait [traduction] «signalé à [sa] hiérarchie qu’il [n’était] pas au courant. Et [il] n’a certainement pas donné d’ordre à cet égard », ajoutant qu’il ne savait pas si des mesures disciplinaires ou des poursuites pénales auraient été engagées à la suite de l’incident du 3 mars. Sur la base des éléments de preuve disponibles, il n’est pas possible de déterminer s’il y a eu des déclarations erronées émanant de rangs inférieurs qui auraient pu induire les autorités compétentes en erreur. En résumé, il ressort des éléments de preuve au dossier que des officiers supérieurs du FDS ont enquêté sur l’implication de ses unités dans les meurtres présumés commis sur le défilé des femmes, sans toutefois s’assurer qu’une enquête sérieuse ait été ouverte sur l’affaire.
264. S’agissant du bombardement du marché du 17 mars, le Procureur allègue que la déclaration contenue dans une émission du 18 mars 2011 montre l’état d’esprit de M. Gbagbo immédiatement après le bombardement du FDS du 17 mars, en ce sens qu’il rassemble le soutien des FDS et appelant à la neutralisation de personnes suspectes, en dépit des informations parues dans les médias selon lesquelles les FDS venaient de tuer des dizaines de civils à Abobo ‘. L’extrait sur lequel s’appuie le Procureur pour soutenir son allégation, lu en entier, transmet un message plus nuancé:
Le Président de la République de CÔTE D’IVOIRE, son Excellence Monsieur Laurent GBAGBO, déplore ces nombreuses pertes en vies humaines et matériels. Il exprime sa profonde compassion à toutes les familles endeuillées. Le terrorisme, forme dégénérée de la rébellion, est le moyen choisi par celle-ci pour s’attaquer au pouvoir. Il s’empare malheureusement du quotidien des Ivoiriens. La bataille contre le terrorisme est donc l’affaire de tous. C’est la raison pour laquelle, le Président de la République de CÔTE D’IVOIRE, son Excellence Monsieur Laurent GBAGBO, appelle les Ivoiriens à une plus grande responsabilité et une plus grande collaboration entre les citoyens et les Forces de défense et de sécurité, afin que toutes les présences suspectes dans notre environnement soient neutralisées.
265. Il est noté que le 20 mars 2011, la RTI a diffusé une déclaration lue par le porte-parole du gouvernement, Don Mello, selon laquelle le gouvernement avait ordonné l’ouverture d’enquêtes sur les bombardements du marché afin de vérifier la matérialité des faits. La déclaration concluait que les faits allégués étaient matériellement inexacts, puisqu’aucun dommage causé par le mortier n’avait été observé, aucune victime d’une attaque au mortier n’avait été enregistrée dans les morgues d’Abobo et Anyama et la police n’avait reçu aucune plainte liée aux opérations des FDS ce jour-là. M. Don Mello a également accusé les médias de diffuser volontairement de fausses informations et a noté les « similitudes troublantes » entre la bombardement du marché et la marche des femmes dans ce contexte.
266. Le Procureur suggère que l’enquête annoncée lors de l’émission du 20 mars n’était pas authentique, affirmant qu ’« aucune enquête appropriée n’a été menée et personne n’a été puni ».
267. À cet égard, il est noté que le général Mangou a témoigné qu’une enquête interne avait été menée sous l’autorité du général Detoh Letho. L’enquête a conclu que les FDS n’avaient pas tiré les obus et qu’il aurait été impossible de tirer avec un tir de 60 mm, dont la portée est comprise entre 100 et 1 000 m, au marché situé entre 1 500 et 2 000 m et sans champ de vision dégagé. Au lieu de cela, le général Detoh Letho a informé le général Mangou que des grenades avaient été utilisées. Le général Mangou a également demandé au ministre de la Défense de mener une «enquête générale», mais cela n’a pas été le cas. Le général Mangou a déclaré dans son témoignage que « si une enquête devait être menée par la gendarmerie, elle aurait été menée par la gendarmerie », mais il ne se souvenait pas que la gendarmerie avait été invitée à enquêter sur le bombardement. Le général Mangou a ajouté qu’aucun membre des FDS n’avait été sanctionné car les FDS n’étaient pas impliqués dans les bombardements. De son côté, le général Detoh Letho a déclaré dans son témoignage qu’il avait demandé à ses hommes s’ils avaient tiré sur le marché d’Abobo. Ils lui avaient répondu que non, mais il n’avait pas «mené une enquête approfondie en tant que telle». Le général Detoh Letho a également insisté sur le fait qu’il aurait été impossible de frapper le marché d’Abobo depuis Camp Commando avec un mortier de 60 mm. Le général Detoh Letho a déclaré qu’il ne savait pas si une enquête avait été ouverte sur le bombardement du marché d’Abobo.
268. Le général Bi Poin a déclaré qu’il n’était au courant d’aucun ordre ni d’aucune instruction de la part de M. Gbagbo d’ouvrir une enquête spécifique sur les victimes civiles de la crise postélectorale. De même, il n’était pas au courant d’instructions en ce sens données par le chef de cabinet; Cependant, il a noté que « ce type de mesure doit être initié par une autre structure, par exemple le commissaire du gouvernement ». En ce qui concerne le chef d’état-major qui a nié toute responsabilité des FDS pour les événements du 3 mars, le général Bi Poin a déclaré que «la CEMA n’était pas en mesure de disposer des moyens et des témoins sur le terrain pour savoir qui était impliqué et qui ne l’était pas». Confronté à sa précédente déclaration, il a précisé que le chef d’état-major «avait des informations sur le terrain qui lui étaient parvenues et, sur la base de ces informations, il n’était pas certain que le fait de dire que ses hommes étaient responsables était fondé. La déclaration que le porte-parole a lue à la télévision a donc été faite dans ce sens ».
269. Enfin, le Procureur a présenté « l’unique élément de preuve montrant un léger intérêt pour le meurtre des victimes des 3 et 17 mars 2011 », à savoir une réquisition du Parquet du commissaire du gouvernement du tribunal militaire d’Abidjan du 24 mars 2011, qui charge le commandant du Groupe de documentation et de recherche (GDR) de la gendarmerie de mener une «enquête complète» sur, notamment, la marche des femmes et le bombardement du marché. Le général Kassaraté a indiqué qu’il était au courant du document à l’époque et qu’il était sûr que le commandant de la RDA avait ouvert une enquête, mais il n’a pas été informé de son résultat.
270. Certes, les éléments de preuve disponibles ne montrent pas qu’une enquête complète et sérieuse sur l’incident du 17 mars a été menée par les FDS. Cependant, cela ne prouve pas nécessairement qu’aucune mesure d’enquête n’a été prise. Compte tenu des informations limitées dont dispose la Chambre à cet égard, il est également impossible de déterminer si le procureur militaire a effectivement ouvert une enquête sur les incidents survenus à Abobo après avoir été officiellement réquisitionné à la fin du mois de mars 2011. Considérant la preuve est si peu concluante qu’il serait possible pour une chambre raisonnable de première instance de conclure qu’il y avait «un manque d’enquête ou de sanction», mais pas que ce manquement était intentionnel, encore moins qu’il s’agissait d’un «plan [de M. Gbagbo et le « cercle intérieur »] pour couvrir leurs crimes « .