Interview d’Abou Cissé, le tonton terrible d’Alassane

Le doyen Abou Cissé livre des secrets d’Etat: «Il existe sur la table du conseil de sécurité de l’ONU un projet de résolution..»

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Nouveau Courrier: Tout récemment le 5ème sommet UA-UE s’est tenu à Abidjan. En tant que membre de la société civile, quels commentaires faites-vous des conclusions de ce sommet ?
Merci de me donner la parole. Et de me permettre de donner mon opinion sur le sommet qui a fait couler assez d’encre. Pour répondre, je dirais que chaque sommet à sa réalité et ses résultats. Pour celui auquel nous avons assisté, retenons que chacun tire la couverture de son côté. Pour le Président français, Emmanuel Macron par exemple, ce sommet a été un échec a débuté à Ouagadoudou. Il a compris que les Africains ont changé. Que les Africains ont un esprit très poussé pour créer les conditions de la démocratie vraie. A Abidjan par exemple, on a assisté à une cacophonie. On a vu le chef de l’Etat ivoirien, Alassane qui a voulu profiter de ce sommet pour se qualifier sur le plan international. Mais il a échoué dans la mesure où il voulait faire épouser son désir relatif à un troisième (3ème) mandat par Emmanuel Macron. Ce qui lui a été refusé. Je me suis laissé dire aussi par des personnes de son entourage que Ouattara a refusé de signer un document portant sur le dossier Gbagbo. Notamment sur la question de sa libération.

Qu’est-ce qui vous fait dire que Macron a refusé que Ouattara se projette dans l’avenir politique en 2020 ?
Vous savez autour de ces grands hommes, il y a toujours des petits hommes qui entendent tout. Des gens qui émettent des informations notamment à Partir des cercles présidentiels, qu’ils soient ivoiriens ou français. Je puis vous dire que les fonctionnaires du palais présidentiel d’Abidjan ne sont pas les seuls à avoir des relations à l’Elysée. Nous avons été informés de ce que l’on demandait au chef de l’Etat ivoirien de signer cet important document. Ce qu’il a refusé. C’est ce clash entre Ouattara et Macron qui a fait capoter la conférence de presse conjointe qu’ils devaient animer. Deuxièmes, la crise entre l’exécutif et la législatif a contribué à la manifestation des craintes de Macron. Ouattara refuse d’accéder à la demande de Guillaume Soro.

Quelle était donc cette demande de Soro ?
Soro demande la libération de son directeur de protocole et la question portant restriction des déplacements de certains de ses collaborateurs. Certes Ouattara aurait dit oui à Soro. Mais comme Soro est malin, Ouattara pensait qu’en disant oui, son jeune frère allait croire qu’il ferait effectivement ce qu’il lui disait. Troisièmement, la seule chose qui a profité à Ouattara c’est que la venue de Macron en Côte d’ivoire a contribué à accélérer le dossier sur le métro. Les bras financiers étaient aux trousses de Macron, et donc l’accord a été facile. Sinon, ce qui importe et qu’il faut retenir, c’est que le courant ne passe pas entre la France et Alassane Ouattara.

Vous venez de dire que Ouattara a refusé de signer un document portant libération de Laurent Gbagbo ; soyez un peu plus précis.
Je l’ai dit. Ce sont les informations que nous avons reçues. Ouattara a refusé le document dont je vous ai parlé tout à l’heure. Et ces personnes détentrices de telles informations sont allées jusqu’à révéler que la France va déposer au niveau du conseil de sécurité, un projet de résolution pour arrêter le procès de la Haye. Cela a été confié à Alassane Ouattara qui, selon nos amis proches du pouvoir, nous ont révélé que le chef de l’Etat a ressenti une frustration. Les trois juges auraient déjà donné leur point de vue sur la question. Le processus de résolution de ce est déjà au conseil de sécurité, donc la position d’Alassane ne changera rien et que Gbagbo sera libéré dans les conditions de la loi. Malgré les manœuvres du régime.

Il semble qu’il ya eu une rencontre entre EDS et Macron à laquelle vous avez assisté ?
Je ne suis pas informé que Macron ait rencontré EDS. Ce que qui es sûr, ce sont les ONG qui ont émis des doutes sur Youssouf Bakayoko et son système. Ils sont venus faire un compte rendu. Notre EDS dont je suis le vice-président est dans sa construction d’abord et le travail que fait le président Ouégnin est dans la mesure du temps qui se passe.

Tout récemment, Ouattara s’est prononcé sur la question électorale de 2020.Il a dit qu’priori, il ne serait pas candidat, mais en politique, on ne dit jamais NON. Il a déclaré qu’il fallait attendre 2020. Alors comment interprétez-vous cette déclaration ?
Ouattara croit qu’il est malin. Il pense qu’il va mettre assez de confusion pour que sa candidature soit acceptée. Vous savez, des gens de son entourage disent que parmi tous ceux qui sont en Côte d’ivoire, il n’y a personne capable d’affronter le candidat de l’opposition. Ça veut dire que quelque part, Ouattara ne fait pas de déclaration lapidaire. Il veut s’assurer qu’il va réussir son travail de division. Voyez la Zizanie qu’il créée avec Soro; vous dites que vous êtes amis avec quelqu’un et vous prenez sa femme, ses enfants, ses amis pour les mettre en prison. Qu’est-ce que cela signifie si ce n’est pour l’affaiblir et passer son chemin sans difficulté ?

Comment voyez-vous l’issue de cette crise entre les deux ?
Non les dés sont pipés. Ils sont comme m’a dit un des de ses proches, il faut aller avec la patience sinon on va sauter le but. Quelque part, Soro sait ce qu’il fait quand il dit je m’occupe de l’Assemblée nationale, ça veut dire qu’il s’occupe de la population, il s’occupe d’un objectif. Mais en fait, moi je pense que Soro est plus futé que Ouattara.

Petit à petit 2018 arrive. Au niveau de l’opposition et des ONG qui combattent les dérives du pouvoir, quel gage pouvez-vous donner à la population d’un avenir meilleur ?
La venue de Gbagbo n’est pas la conclusion de ce que nous vivons. Le parti d’opposition quelque part ne s’affiche pas ou ne s’affirme pas. C’est pour cette raison qu’aujourd’hui lorsqu’on demande à la population de sortir, ils ont un peu de doute, parce qu’on peut venir arrêter des gens comme ça sans qu’il y ait un ordre. Je pense que du côté du FPI comme de EDS, on pense plutôt offrir de la démocratie, offrir de la patience. Or la population ne croit plus à la démocratie, à la patience, la population veut une action et réaction. Et cette réaction doit permettre à Alassane de savoir que les ivoiriens sont vivant et s’ils se sont tus, c’est qu’ils attendaient un moment et donc qu’il fasse attention. Parce qu’en fait l’opposition ne veut pas qu’il y ait effusion de sang, ce que je comprend, mais la population aujourd’hui n’en a cure et se dit si on doit mourir, cette fois-ci mourons, parce qu’on sait pourquoi on se bat

Source : Nouveau Courrier No 1749 du jeudi 14 décembre 2017

Une pensée sur “Interview d’Abou Cissé, le tonton terrible d’Alassane

  • 19/12/2017 à 06:49
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    Merci infiniment

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