Guerre des chefs…

JUSTE UN MOT

Après s’être servi d’Henri Konan Bédié, il semble que l’heure soit venue de se débarrasser de lui, par tous les moyens, car il est devenu gênant en ne voulant plus se contenter de suivre et de profiter d’un pouvoir établi dans la violence des armes.

Bédié avait tourné le dos aux ivoiriens qui par millions, étaient descendus dans les rues du pays depuis 2002. Ce fut depuis plus de 15 ans une suite d’occasions ratées avec le peuple par cet homme qui ne pense qu’à lui et son clan.

En 2002, quand la Côte d’Ivoire est agressée, plutôt que de se mettre du côté de la République, c’est l’agresseur qu’il choisit d’épauler. Par rancune envers Gbagbo, diront certains, mais Gbagbo n’est pas à lui seul la Côte d’Ivoire.

Le PDCI signera un accord en Côte d’Ivoire avant d’aller en France à Marcoussis mais, une fois face aux français, il fera autre chose. Il abandonnera ses engagements parce qu’il fallait, selon ce que pensent certains, faire payer au président Gbagbo le fait de ne pas avoir soutenu Bédié lors du coup d’état de 1999. Ce dernier dira d’ailleurs que  » les accords de Marcoussis sont un collier accroché au cou de Gbagbo »

Quand les lois inspirées par les accords arriveront sur le bureau de l’Assemblée Nationale en juillet 2004, le PDCI votera les lois sur la nationalité avant de revenir sur son propre vote, désavoué par le RDR et un comité de suivi de ces accords manipulé par la France. 13 des 16 lois avaient pourtant été votées à l’unanimité. ( voir article écrit en 2004 https://www.facebook.com/notes/alexis-gnagno/un-article-que-jai-%C3%A9crit-en-2004-sur-les-enjeux-du-code-de-la-nationalit%C3%A9/179323602085834/)

Ensuite, quand après Tshwane(ex-pretoria), Thabo Mbeki, choisi comme arbitre exclusif par les protagonistes, décide, Bédié demande de s’incliner.  » Quand on choisit un arbitre. Il faut respecter ses décisions » dira-t-il avant de rejoindre ceux qui n’étaient pas d’accord avec le président médiateur Sud-africain qui considérait que le président Gbagbo avait fait sa part et qu’il revenait désormais aux rebelles de faire la leur. Thabo Mbeki sera écarté au profit d’un Groupe de travail international (GTI). Et comme les choses n’allaient pas assez vite au goût de la France, il fallait passer à la vitesse supérieure. Il s’agissait désormais de mettre tout simplement sous tutelle la Côte d’Ivoire en mettant sous le boisseau la constitution du pays. Henri Konan Bédié qui a pourtant été président de la République de Côte d’Ivoire soutiendra cette initiative française qui échouera à L’ONU grâce à des pays africains comme la Tanzanie, pour ne citer que ce pays dont l’ambassadeur, ulcéré, avait menacé de sortir de la salle de réunion. Mais surtout par les quatre autres membres du conseil de sécurité dont les États-Unis représentés à l’époque par John Bolton qui avait trouvé hallucinant ce projet de la France. C’était en 2006.

Plus tard, il y aura l’élection présidentielle et Bédié appellera à voter pour Ouattara parce que, selon le Nouveau réveil, « Gbagbo n’est pas une option ». Le RDR et le PDCI gouverneront ensemble après le renversement du président Gbagbo, se partageront  » les postes juteux », les richesses du pays, ignorant les cris sourds des populations réduites à se serrer la ceinture. Pendant toutes ces années, les prisonniers politiques croupissaient dans les prisons, les exilés erraient en exil l’âme en peine et le ventre creux, les comptes gelés, les maisons occupées, etc. Pendant ces sept années , jamais le PDCI n’a porté une revendication démocratique concernant les conditions des élections et n’a jamais demandé la libération des prisonniers politiques et le retour des exilés

Après toutes ces années, les choses se sont gâtées non pas parce que Bédié veut désormais faire valoir les intérêts démocratiques du pays mais parce qu’il veut juste succéder à Ouattara. C’est donc un combat pour le pouvoir et non pour la Côte d’Ivoire. Et si tu n’as pas la Côte d’Ivoire dans ton combat, tu ne peux avoir le peuple avec toi.
Alexis Gnagno