Faire de la politique, c’est promouvoir des valeurs, mais pas en Côte d’Ivoire !
Le discours politique et le discours sur la politique en Côte d’ivoire sont pauvres du fait qu’on y retrouve rarement les valeurs que l’on est pourtant censé défendre. Faire de la politique, c’est promouvoir des valeurs. Ce sont ces valeurs qui s’irriguent en projet de société et en programme de gouvernance.
Les municipales qui viennent de s’achever ont encore été l’occasion de la promotion de ces non-valeurs. En lieu et place de discuter des projets, l’on a parlé des hommes et des circonstances. J’ai eu honte quand j’ai regardé la vidéo des populations de Grand-Bassam huant carrément leur Roi car ce dernier, en gardien de la tradition s’est laissé corrompre dans le but de transformer une défaite électorale en une victoire politique. Là où les populations réclament le respect de leur vote, le Roi fait des promesses d’argent pour préserver l’Abissa. Les populations veulent Ezaley car c’est lui qu’elles ont élu. C’est clair et c’est simple.
A Port-Bouet, c’est la honte absolue. L’on veut priver le Dr Emmou de sa victoire pour éviter une déculottée au ministre Siandou. Ce monsieur a fait campagne en se basant sur sa proximité avec M. Ouattara. En le faisant perdre lamentablement, les populations lui ont fait comprendre qu’elles n’avaient que faire qu’il soit le majordome du Reich. Puisqu’il a perdu et qu’il serait trop grossier de le déclarer vainqueur, on impose une reprise des élections.
La grosse honte est venue du Plateau. Le Candidat Sawegnon fait une campagne monstrueuse avec des moyens colossaux. Il paye des factures par ici, offre des marmites par là. Tous les membres du gouvernement se déplacent pour le soutenir. Son adversaire qu’il traite lui-même de minus est menacé d’emprisonnement. M. Ehouo se garde de répondre et se fait le chantre d’une campagne civilisée. Il ne fait aucun don. Vous ne verrez aucune image de ce candidat où il fait des dons durant cette campagne. Les résultats sont implacables. M. Sawegnon a perdu. On essaie de le repêcher. On vole les urnes qu’on transporte dans des lieux suspects. Peine perdue. Mauvais perdant, M. Sawegnon et ses partisans accusent les ivoiriens de xénophobie pour justifier leur défaite. Si la honte avait un visage !
Qu’on soit de gauche ou de droite, le projet politique qu’on porte doit reposer sur des valeurs. Ce sont elles qui comportent notre volonté de vivre ensemble. On peut construire des routes et tout et c’est d’ailleurs très bien mais il faut surtout construire un récit national qui fédère toutes les populations. Mais aujourd’hui, nous dansons au rythme de l’inversion des valeurs. Le projet du RDR portait le nom de « Vivre Ensemble » mais paradoxalement, c’est le terrain sur lequel nous avons le plus reculé. Vivre ensemble dans la corruption, la démagogie, le déni de justice, l’insécurité, le mensonge, l’instrumentalisation des ethnies et des religions. Comment vivre ensemble quand on a préféré offrir du champagne à quelques uns au lieu d’offrir de l’eau à tout le monde ?
En 2020, le candidat qui veut l’emporter doit porter un vrai projet. Pas seulement de chiffres mais un projet qui contribue à enraciner l’idée de nation. Qui contient un récit national. Un projet qui rassure tous les ivoiriens depuis le nordiste qui craint d’être spolié de sa nationalité jusqu’à l’homme de l’ouest qui craint qu’on lui arrache ses terres au profit des personnes comme Amadé Ouremi.
Les peuples qui se sont installés sur le territoire appelé aujourd’hui Côte d’ivoire ont une histoire qu’il faut ressusciter. Nous devons construire une histoire nationale. Ce texte est déjà trop long alors que j’ai encore des choses à dire…
« L’aveuglement des politiques et l’entêtement des hommes soi-disant forts, qui président souvent aux destinées des peuples, n’obéissent pas toujours aux exigences de la logique et du bon sens. » Antoine Léonard Thomas ; Esprit, maximes et principes de Thomas (1788)
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Kyria Doukoure