En Syrie, l’armée régulière bombarde un dépôt d’armes… chimiques appartenant aux rebelles!

Un journaliste libanais sur place en Syrie, Said Hilal Alcharifi a partageant la publication de ‎جريدة الوطن

Très urgent
Selon le porte parole du ministère russe de la défense, l’aviation syrienne avait bombardé hier à 11h30 un dépôt d’armes et de munitions à l’est de Khan Cheikhoun appartenant aux terroristes du front la Nosra.
Il s’est avérée, toujours selon la même source, que le dépôt anéanti contenait des substances chimiques et des ogives sales prêtes à l’utilisation que les terroristes avaient trafiqué d’Irak.
Et d’ajouter : les effets toxiques aperçus dans les vidéos sont les mêmes que nous avons prélevé à la suite d’un bombardement par les terroristes de missiles chargés d’ogives chimiques contre des civils à Alep ouest en automne dernier.
Ainsi la lumière est faite sur cette affaire.
Bombarder un dépôt d’armes chimiques que les terroristes s’apprêtaient à s’en servir contre les soldats de l’armée de la république, n’est pas comme bombarder des civils au moyens d’armes chimiques.

version russo-syrienne…

La Russie a annoncé qu’elle continuerait d’aider Damas dans sa lutte contre le terrorisme, selon le porte-parole du Kremlin. Ce dernier a confirmé que, selon Moscou, la contamination avait pour origine un dépôt d’armes chimiques des rebelles.

La Russie continuera à soutenir l’armée syrienne dans son action antiterroriste, a annoncé Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin, ce 5 avril. Il était interrogé sur un éventuel changement de politique vis-à-vis de la Syrie après l’attaque chimique présumée menée sur Idlib.

S’appuyant sur les premières conclusions de l’armée russe, qui considère que la contamination peut avoir pour origine le bombardement d’un entrepôt d’armes des rebelles contenant un arsenal chimique, Dmitri Peskov a ainsi assuré que la Russie poursuivrait sa coopération avec la Syrie. «Vous avez pris connaissance de la déclaration du ministère de la Défense russe à ce sujet, et je n’ai rien à y ajouter», a-t-il déclaré aux journalistes lors d’une conférence de presse.

Il a par ailleurs précisé que telle serait la position que défendrait le représentant russe à l’ONU lors de la réunion d’urgence du Conseil de sécurité ce 3 avril. Plus tôt dans la journée, le ministère de la Défense russe avait en effet déjà annoncé que la Russie soutiendrait le gouvernement syrien à l’ONU et défendrait la version des faits selon laquelle l’aviation syrienne ignorait la présence d’armes chimiques dans l’entrepôt visé.

Au moins 70 personnes, parmi lesquelles 11 enfants, ont trouvé la mort dans la ville de Khan Sheikoun, selon l’Organisation mondiale de la santé, après une présumée attaque aérienne conduite le 4 avril au matin. Les rebelles accusent le gouvernement syrien d’être l’auteur d’une attaque chimique – des allégations largement reprises par nombre de pays occidentaux. Outre la France et le Royaume-Uni, le président du Conseil européen Donald Tusk a désigné le «régime syrien» comme le «principal responsable des atrocités en Syrie».

Plusieurs voix notent néanmoins que l’attaque chimique présumée a eu lieu à la veille d’une conférence très importante à Bruxelles entre l’ONU et l’Union européenne, dans un contexte par ailleurs favorable au gouvernement syrien, tant à l’intérieur du pays que sur la scène internationale : la semaine précédente, Washington avait même cessé d’exiger le départ de Bachar el-Assad, mantra de la diplomatie américaine au cours des cinq dernières années. Pour certains analystes, l’armée syrienne n’avait donc aucun intérêt stratégique ou politique à conduire une telle attaque à cet endroit.

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Après l’attaque chimique en Syrie, Trump critique le régime Assad et met en cause Obama

Etats-Unis, France et Royaume-Uni proposent au Conseil de sécurité de l’ONU un projet de résolution condamnant le raid imputé au régime syrien.

LE MONDE | • Mis à jour le | Par Marie Bourreau (New York, Nations unies, correspondante) et Gilles Paris (Washington, correspondant)

Nikki Haley, la représentante des Etats-Unis à l’ONU, à New York, le 4 avril.

L’attaque chimique du 4 avril imputée au régime syrien a contraint Washington à durcir soudainement le ton vis-à-vis de Bachar Al-Assad. « L’attaque chimique d’aujourd’hui en Syrie contre des personnes innocentes, y compris les femmes et les enfants, est répréhensible et ne peut être ignorée par le monde civilisé », a assuré Donald Trump dans un communiqué publié en début d’après-midi.

Les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni proposent au Conseil de sécurité des Nations unies un projet de résolution condamnant l’attaque chimique, qui devrait être soumise au vote mercredi 5 avril. Elle demande qu’une enquête soit conduite par le mécanisme d’enquête conjoint ONU-OIAC (Organisation pour l’interdiction des armes chimiques), et que le régime fournisse les plans de vol. « Le double défi est de convaincre les Russes mais aussi de ré-engager les Américains, explique François Delattre, le représentant français à l’ONU. Nous n’aboutirons pas – ni sur cette tragédie chimique ni sur un règlement politique en Syrie – si les Etats-Unis ne mettent pas tout leur poids dans la balance. Ils ne peuvent pas continuer ainsi à rester aux abonnés absents. »

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Assad, « criminel de guerre »

Ce recours par Damas à des armes non conventionnelles ne pouvait pas plus mal tomber pour la diplomatie américaine. Au nom du réalisme, cette dernière s’était désengagée du débat sur le sort du président syrien une semaine plus tôt. En visite en Turquie, le 30 mars, le secrétaire d’Etat, Rex Tillerson, avait tout d’abord assuré que « le sort du président Assad, à long terme, sera décidé par le peuple syrien ». L’ambassadrice américaine aux Nations unies, Nikki Haley, avait ajouté le même jour : « Notre priorité n’est plus de rester assis là, à nous concentrer pour faire partir Assad » – Washington donnait ainsi l’impression de s’accommoder désormais officiellement d’un maintien au pouvoir du chef de l’Etat syrien, en dépit des atrocités qui lui sont imputées. Mardi, elle a qualifié le président syrien de « criminel de guerre ».

Pressé par les médias, le porte-parole de la Maison Blanche, Sean Spicer, a semblé revenir en arrière mardi. « Je pense qu’il est dans le plus grand intérêt du peuple syrien de ne pas avoir quelqu’un qui ferait le genre d’actes odieux, un chef qui traite ses concitoyens de cette manière, avec la mort et la destruction », a-t-il indiqué, tout en reconnaissant que les conditions n’étaient pas réunies – comme elles avaient pu l’être selon lui par le passé – en faveur d’un changement de régime.

La « ligne rouge » d’Obama

Dans son communiqué, M. Trump s’est également défaussé sur son prédécesseur. Il a assuré que « ces actions odieuses du régime de Bachar Al-Assad sont une conséquence de la faiblesse et de l’irrésolution de l’administration précédente ». « Le président Obama a déclaré en 2012 qu’il établirait une “ligne rouge” contre l’utilisation d’armes chimiques, puis il n’a rien fait », a ajouté M. Trump. M. Obama avait été sévèrement jugé pour avoir renoncé à intervenir en Syrie après une précédente attaque chimique, en août 2013. Pourtant, M. Trump avait estimé alors qu’une intervention américaine entraînerait « des choses très mauvaises » et que les Etats-Unis « ne gagneraient rien ».

A l’époque, l’administration Obama avait saisi la proposition russe visant à priver le régime syrien de ses stocks d’armes non conventionnelles. Mardi, M. Tillerson a appelé « la Russie et l’Iran, une fois encore, à exercer leur influence sur le régime syrien pour garantir que ce genre d’attaque atroce n’ait plus jamais lieu ».

  • Marie Bourreau (New York, Nations unies, correspondante)
    Journaliste au Monde
  • Gilles Paris (Washington, correspondant)
    Journaliste au Monde