Élections kényanes :Raila Odinga, un leader irresponsable

La violence post-électorale au Kenya de la présidentielle du 8 août 2017 a fait déjà au moins cinq morts. La faute en incombe au candidat de l’opposition, Raila Amolo Odinga. Sur près de 13 millions de votes exprimés comptabilisés par la commission électorale (IEBC), sur 19,6 millions d’électeurs inscrits, le président Kenyatta, Uhuru Kenyatta, au pouvoir depuis 2013, était crédité de 54,89% des voix contre 44,28% à Raila Odinga, qu’il devançait de près de 1,3 million de voix.
Ce sont des résultats provisoires qui attendent d’être consolidés par le croisement entre les systèmes électronique et manuel. Mais l’opposant n’a pas perdu le temps. Durant la campagne électorale, il a prononcé des discours teintés de haine, traitant ses adversaires kikuyu de «nuisibles».

La rivalité entre les Luo et les Kikuyu date de 1966: à cette date, le premier président du pays, Jomo Kenyatta (1963-1978, père de Uhuru Kenyatta), pro-occidental et issu du groupe kikuyu, évince du pouvoir son rival Oginga Odinga (père de Raila Odinga), premier vice-président du pays et guide spirituel des Luo pendant un demi-siècle, mais jugé trop proche des Soviétiques.

Aussi, Raila Odinga a-t-il aussitôt fustigé des «résultats fictifs». Défait dans les urnes en attendant les résultats définitifs, il crie à la fraude et affirme que le système informatique de vote a été piraté. Aussi, ses partisans, chauffés à blanc par son discours inflammable, se sont-ils jetés dans la rue pour affronter les forces de l’ordre. Laissant planer la menace du remake du bain de sang de 2007 au cours duquel les deux tribus rivales, Luo et Kikuyu, se sont affrontées. Et pour lequel cet acteur n’a pas été bizarrement épinglé par la CPI, au contraire de Uhuru Kenyatta et de son vice-président William Ruto.
Par masquer l’irresponsabilité de ses sorties venimeuses, Odinga souffle le chaude et le froid: en même temps qu’il appelle ses supporters «au calme», il ajoute étrangement: «Je ne contrôle pas le peuple». Comme Jean Ping au Gabon, il s’est alors autoproclamé vainqueur du scrutin, refusant la voie des recours devant les Institutions compétentes du pays.

Il n’est pas un inconnu des Ivoiriens. Le 5 janvier 2011, mandaté par l’Union africaine pour participer à la résolution du contentieux électoral ivoirien opposant le président sortant Laurent Gbagbo à son challenger Alassane Ouattara, le Premier ministre kényan (2008-2013 dans le Gouvernement de réconciliation nationale) était juge et partie: «Gbagbo devait quitter le pouvoir, même par la force», déclarait-il à l’aéroport d’Abidjan.

Raila Odinga, 72 ans et vétéran de la scène politique kényane appelé grognard, a été déjà trois fois candidat malheureux à la présidence (1997, 2007 et 2013). Après sa défaite en 2013, il est allé jusqu’à demander, toute honte bue, le recomptage des bulletins de vote qu’il avait refusé à Laurent Gbagbo. Rira bien qui rira le dernier.
Bally Ferro