CPI: le Juge Henderson, 7 ème partie

  1. e) Désiré Tagro

 

  1. Le Procureur a allégué que l’ancien ministre Désiré Asségnini Tagro était, entre autres, un  » membre de confiance du carré décisionnel de M. Gbagbo  » ; il aurait assisté à plusieurs réunions avec M. Gbabo en présence du général Mangou ; le Procureur a également allégué avoir assisté aux réunions du Conseil des ministres et joué un  » rôle important  » dans la marche RTI, notamment en donnant des instructions au GPP.
  1. Il est fait référence aux conclusions auxquelles il est parvenu en ce qui concerne son rôle dans l’émission d’instructions au GPP dans le contexte de la marche RTI, à la lettre qui lui aurait été adressée au sujet du FLGO, et aux réunions datées des 3 décembre 2010, 10 décembre 2010 et 11 janvier 2011. Il est également à noter que le général Mangou a qualifié Désiré Tagro de  » secrétaire général de la présidence  » dans le contexte d’une réunion qui s’est tenue dans le cadre de la réquisition de l’armée pendant la crise post-électorale. Les conclusions de cette réunion sont rappelées.
  2. Dans sa réponse, le Procureur souligne également qu’en 2009, M. Tagro a signé certains documents concernant des livraisons de grenades lacrymogènes commandées par le gouvernement à Darkwood Logistics alors qu’il était encore Ministre de l’intérieur. Il est également noté que la Réponse allègue que Tagro a nié l’existence des « escadrons de la mort » dans les images vidéo.   Il est à noter que cette vidéo est datée de 2002 et que les commentaires de Tagro dans cette vidéo n’ont pas d’incidence significative sur cette affaire.
  1. Sur la base du peu de preuves disponibles, on peut conclure que M. Tagro était proche de M. Gbagbo pendant la crise postélectorale. Cependant, il est difficile de discerner son rôle exact pendant cette période. Bien qu’il y ait des indications selon lesquelles M. Tagro était en contact avec certains éléments du GPP, il n’est pas clair dans quelle mesure il agissait de concert avec l’accusé et/ou d’autres membres du prétendu « cercle restreint » à cet égard.
  2. f) Hubert Oulaï
  1. Le Procureur a allégué que l’ancien Ministre de la fonction publique, Hubert Oulaï[également épelé Oulay ou Oulaye] était un point de contact essentiel entre les mercenaires libériens et le gouvernement de M. Gbagbo et qu’il avait facilité la présence, le logement et le financement de ces mercenaires ; il aurait également visité la résidence présidentielle pendant la crise postélectorale.
  1. Il est fait référence aux conclusions auxquelles il est parvenu en ce qui concerne sa participation à des mercenaires libériens en 2002-2003 et jusqu’à et pendant la crise postélectorale, ainsi qu’à la réunion du 9 décembre 2010.
  1. Dans sa réponse, le Procureur a également allégué qu’Hubert Oulaï était impliqué dans le FLGO. Le témoin P-0500 a témoigné qu’on lui avait dit qu’Hubert Oulaï était l’un des  » hommes responsables  » qui les envoyaient à Guiglo en 2003  » pour défendre leurs familles  » ; P-0500 a appris plus tard que Oulaï était membre du FPI. En ce qui concerne le lien allégué entre M. Gbagbo et les combattants libériens, le Procureur a également fait référence au témoignage de P-0483 selon lequel il aurait vu Hubert Oulaï à la suite de Baygboe, présumé être un général LIMA/MODEL. Ces éléments de preuve ne suffisent pas à démontrer l’implication de M. Oulaï et/ou la facilitation des liens entre M. Gbagbo et les mercenaires libériens pendant la crise post-électorale.
  2. g) Bertin Kadet
  1. Le Procureur a allégué que l’ancien Ministre de la défense Bertin Kadet était, entre autres,  » un membre clé du cercle intérieur et du carré décisionnel de M. Gbagbo  » ; le Procureur a également allégué que, pendant la crise postélectorale, il était  » le conseiller spécial de M. Gbagbo en matière de défense  » et était  » considérablement impliqué  » dans l’organisation de groupes paramilitaires et la formation des milices de jeunes, ainsi que dans le maintien au pouvoir de M. Gbagbo, et ce jusqu’à son arrestation en avril 2011.
  2. Les conclusions sont importées par référence en ce qui concerne la participation de M. Kadet au financement du FLGO en 2003 et 2006, sa participation aux mercenaires libériens, l’armement du FDS, les instructions données au GPP concernant la marche RTI et les réunions du 24 novembre 2010, 3 décembre 2010, 264, 9 décembre 2010, 11 et 12 janvier 2011.
  1. Dans le mémoire de mi-procès, le Procureur a allégué que Bertin Kadet avait participé à la formation des jeunes par le GPP et à leur armement. Le témoin P-0435 a déclaré qu’à Gagnoa, Bertin Kadet a demandé à Zagbayou de former 300 jeunes ; d’après P-0435, ils devaient s’assurer qu’il y avait suffisamment de personnel formé et prêt à prendre les armes et à combattre car « il pourrait y avoir de nombreux événements malheureux à venir ». Ils n’étaient pas armés pendant l’entraînement, mais on leur a appris à monter et démonter des armes et à prendre certaines positions de tir, ainsi qu’à effectuer des manœuvres tactiques et à communiquer et à transmettre. P-0435 a en outre témoigné que ces jeunes gens ont par la suite reçu des armes, environ 100 Kalachnikovs ont été envoyés à Gagnoa par Zagbayou et, selon P-0435, c’était Bertin Kadet qui avait  » mis[ces armes] à leur disposition « . P-0435 a témoigné qu’il avait été informé lorsque l’entraînement était terminé et qu' » ils avaient maintenant des combattants qui étaient prêts à renforcer les[FDS] dans cette ville « .
  2. Dans sa réponse, le Procureur fait valoir que cela devrait être  » examiné dans le contexte des éléments de preuve concernant la formation des jeunes par le GPP tant à Abidjan qu’à l’extérieur, avant les élections présidentielles  » et fait valoir que  » la seule conclusion raisonnable est que cette formation était coordonnée « . En ce qui concerne Bertin Kadet, on ignore si sa demande de formation à Gagnoa est liée ou non à la prétendue demande faite par Ahoua Stallone à Bouazo de commencer une formation similaire à Abidjan.273
  1. Dans le mémoire de mi-procès274, le Procureur s’est référé au témoignage de P-0520, dont le document CIV-OTP-0025-0792, une lettre datée du 19 juin 2007 adressée au chef de cabinet de M. Gbagbo, contenant une plainte adressée au Procureur de la République par le MILOCI contre leur chef Pasteur Gammi. La plainte indique que, dans le cadre du programme national de démobilisation, désarmement et réinsertion (DDR), Bertin Kadet et le général Jean Pierre Lorougnon avaient promis à chacun des 2 000 combattants une somme de 250 000 FCFA ; cependant, les membres du MILOCI n’avaient pas reçu leur part, bien qu’informés que l’argent avait été remis à leur chef, qu’ils n’avaient pas vu depuis. P-0520 a témoigné que le MILOCI était l’un des groupes d’autodéfense de l’Ouest qui avait été dissous.
  1. Le Procureur se réfère à l’émission diffusée par la RTI le 3 avril 2011, ainsi qu’au témoignage du général Mangou à l’appui de son allégation selon laquelle Bertin Kadet aurait été impliqué dans l’obtention de la position de pouvoir de M. Gbagbo jusqu’à son arrestation en avril 2011. Dans cette émission, il est noté que Bertin Kadet a déclaré que la population doit rester calme et continuer le combat. Le général Mangou a témoigné qu’après sa réunion du 3 avril 2011, Bertin Kadet lui a dit de déclarer à la presse qu’ils avaient l’intention de reprendre les combats. Le général Mangou a en outre témoigné que le 9 avril 2011, alors qu’il demandait un éventuel cessez-le-feu, le général Mangou a appelé, entre autres, Bertin Kadet pour l’informer qu’ils allaient demander un cessez-le-feu, ce que Kadet a convenu qu’ils devaient faire.
  2. Eu égard aux conclusions précitées et compte tenu du fait que Bertin Kadet aurait rencontré M. Gbagbo lors de cinq ou six réunions au cours de la crise postélectorale, on peut conclure que Bertin Kadet a soutenu M. Gbagbo sur le plan politique et qu’il a peut-être aussi eu certains liens avec le GPP et le FLGO. Cependant, après avoir examiné ces liens à la lumière des rares éléments de preuve disponibles, aucune chambre de première instance raisonnable n’a pu conclure que Bertin Kadet partageait l’intention de commettre des crimes contre la population civile.
    1. Dans sa réponse, le Procureur souligne que
      1. h) Aboudramane Sangaré

       

      1. Le Procureur a allégué qu’Aboudramane Sangaré, inspecteur général de l’État et ancien ministre des Affaires étrangères, était le  » numéro 2 du FPI  » ; il est également accusé d’être l’un des  » conseillers de confiance  » de M. Gbagbo en raison de sa présence à des réunions importantes entre M. Gbagbo, Simone Gbagbo, et d’autres dirigeants du FPI pendant la crise post-électorale. Il a également été signalé qu’il avait été présent à la résidence présidentielle vers la fin des violences post-électorales en avril 2011.

       

      1. S’agissant de sa présence à des réunions importantes, il est rappelé les conclusions auxquelles il était parvenu lors des réunions des 3 et 9 décembre 2010. En ce qui concerne la fréquence présumée des réunions auxquelles il aurait assisté, compte tenu des conclusions auxquelles il est parvenu en ce qui concerne le Journal de bord de la résidence, aucune conclusion ne peut être tirée quant à la proximité avec M. Gbagbo ou au niveau de confiance que M. Gbagbo a pu avoir en Aboudramane Sangaré.
      2. Le Procureur a allégué que P-0048 a vu Aboudramane Sangaré au Palais présidentiel le 8 avril 2011. Cette allégation est liée à un incident impliquant le commandant Séka Yapo et c’est à cet égard que l’allégation concernant Aboudramane Sangaré sera évaluée.288 Comme nous le verrons plus loin, Aboudramane Sangaré n’a pas participé à l’incident impliquant le commandant Séka Yapo.
      3. Pour ces raisons, si l’on peut conclure qu’Aboudramane Sangaré partageait l’intention de maintenir M. Gbagbo au pouvoir compte tenu de sa position au sein du FPI, il existe très peu de preuves quant à son implication dans la mise en œuvre du prétendu plan commun.

       

      1. Conclusion

       

      1. Sur la base des éléments de preuve examinés ci-dessus et à la lumière d’autres éléments de preuve pertinents versés au dossier, il est clair que M. Gbagbo était entouré d’un groupe de personnes qui soutenaient sa candidature à la présidence et qui, dans une certaine mesure, lui étaient fidèles. Compte tenu de la position de M. Gbagbo, il n’y a rien d’étonnant ou d’extraordinaire à ce qu’un haut responsable politique ait des partisans politiques, et il n’est pas non plus problématique en soi que des officiers supérieurs restent fidèles à M. Gbagbo en attendant la résolution de la question de savoir qui a remporté les élections présidentielles. Il n’est pas non plus surprenant que certains de ces individus aient pu avoir un intérêt personnel dans la survie du régime Gbagbo. En ce sens, l’affirmation du Procureur selon laquelle un groupe de personnes partageait l’objectif de maintenir M. Gbagbo au pouvoir est sans aucun doute vraie.

       

      1. Cependant, le Procureur attribue des motifs plus sinistres à ce groupe de personnes et c’est là que les preuves sont beaucoup moins convaincantes. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de cas de comportement suspect de la part de certaines des personnes mentionnées. Certains peuvent même avoir été impliqués dans des affaires criminelles d’une façon ou d’une autre. Cependant, les preuves sont pour la plupart anecdotiques et sont beaucoup trop ambiguës pour permettre à toute chambre de première instance raisonnable de conclure qu’il y avait un groupe d’individus qui partageaient l’intention de maintenir M. Gbagbo au pouvoir à tout prix, en particulier en commettant des actes de violence contre des civils soutenant M. Ouattara.

       

      1. Genèse et conception du prétendu plan/politique commun
      2. Dans le mémoire de mi-procès, le Procureur a allégué que

      Pour rester au pouvoir, le GBAGBO et les membres du Cercle Intérieur ont utilisé des moyens violents pour réprimer les opposants politiques et BLÉ GOUDÉ a contribué à la répression en impliquant les jeunes dans ces actes. Il s’agit notamment de l’utilisation de l’armée en milieu urbain, du recrutement et de l’entraînement de jeunes Ivoiriens, et de l’utilisation de milices et de mercenaires étrangers.

      M. Gbagbo ou Alassane Ouattara ait gagné ou non les élections de 2010 en Côte d’Ivoire n’est pas un problème dans ce cas. Il s’agit plutôt de savoir si M. Gbagbo et ses associés ont pris la décision de maintenir M. Gbagbo au pouvoir en utilisant toute la force de l’État – ainsi que des acteurs non étatiques – contre des civils qui étaient perçus comme opposés à lui.

    1. Chercher à rester au pouvoir n’est pas criminel. Par conséquent, en l’espèce, l’évaluation du prétendu plan commun implique nécessairement une évaluation des crimes présumés résultant du maintien au pouvoir et/ou utilisés comme moyen de le faire. Selon le dossier du Procureur, la criminalité du prétendu Plan commun est centrée sur l’emploi par l’accusé de  » moyens violents pour réprimer les opposants politiques  » et sur  » l’impunité des auteurs  » de cette répression.293 Les deux éléments seront traités à tour de rôle.

     

    1. Avant de passer à cette analyse, il convient de noter que l’argumentation du Procureur concernant le prétendu Plan commun est fondée sur des preuves circonstancielles. Dans le cadre de cette évaluation, le Procureur a invité la Chambre à tirer des conclusions, entre autres, de  » l’action concertée ultérieure des coauteurs « . cet égard, il est noté que, souvent, le fait que ces actions soient concertées est également une question d’inférence. Bien qu’il soit concevable, et souvent raisonnable, de tirer des conclusions à partir d’une série d’inférences, il faut faire preuve de prudence avant de tirer de telles conclusions.
  1. Le Procureur a allégué qu’Aboudramane Sangaré, inspecteur général de l’État et ancien ministre des Affaires étrangères, était le  » numéro 2 du FPI  » ; il est également accusé d’être l’un des  » conseillers de confiance  » de M. Gbagbo en raison de sa présence à des réunions importantes entre M. Gbagbo, Simone Gbagbo, et d’autres dirigeants du FPI pendant la crise post-électorale. Il a également été signalé qu’il avait été présent à la résidence présidentielle vers la fin des violences post-électorales en avril 2011.
  1. S’agissant de sa présence à des réunions importantes, il est rappelé les conclusions auxquelles il était parvenu lors des réunions des 3 et 9 décembre 2010. En ce qui concerne la fréquence présumée des réunions auxquelles il aurait assisté, compte tenu des conclusions auxquelles il est parvenu en ce qui concerne le Journal de bord de la résidence, aucune conclusion ne peut être tirée quant à la proximité avec M. Gbagbo ou au niveau de confiance que M. Gbagbo a pu avoir en Aboudramane Sangaré.
  2. Le Procureur a allégué que P-0048 a vu Aboudramane Sangaré au Palais présidentiel le 8 avril 2011. Cette allégation est liée à un incident impliquant le commandant Séka Yapo et c’est à cet égard que l’allégation concernant Aboudramane Sangaré sera évaluée.288 Comme nous le verrons plus loin, Aboudramane Sangaré n’a pas participé à l’incident impliquant le commandant Séka Yapo.
  3. Pour ces raisons, si l’on peut conclure qu’Aboudramane Sangaré partageait l’intention de maintenir M. Gbagbo au pouvoir compte tenu de sa position au sein du FPI, il existe très peu de preuves quant à son implication dans la mise en œuvre du prétendu plan commun.
  1. Conclusion
  1. Sur la base des éléments de preuve examinés ci-dessus et à la lumière d’autres éléments de preuve pertinents versés au dossier, il est clair que M. Gbagbo était entouré d’un groupe de personnes qui soutenaient sa candidature à la présidence et qui, dans une certaine mesure, lui étaient fidèles. Compte tenu de la position de M. Gbagbo, il n’y a rien d’étonnant ou d’extraordinaire à ce qu’un haut responsable politique ait des partisans politiques, et il n’est pas non plus problématique en soi que des officiers supérieurs restent fidèles à M. Gbagbo en attendant la résolution de la question de savoir qui a remporté les élections présidentielles. Il n’est pas non plus surprenant que certains de ces individus aient pu avoir un intérêt personnel dans la survie du régime Gbagbo. En ce sens, l’affirmation du Procureur selon laquelle un groupe de personnes partageait l’objectif de maintenir M. Gbagbo au pouvoir est sans aucun doute vraie.
  1. Cependant, le Procureur attribue des motifs plus sinistres à ce groupe de personnes et c’est là que les preuves sont beaucoup moins convaincantes. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de cas de comportement suspect de la part de certaines des personnes mentionnées. Certains peuvent même avoir été impliqués dans des affaires criminelles d’une façon ou d’une autre. Cependant, les preuves sont pour la plupart anecdotiques et sont beaucoup trop ambiguës pour permettre à toute chambre de première instance raisonnable de conclure qu’il y avait un groupe d’individus qui partageaient l’intention de maintenir M. Gbagbo au pouvoir à tout prix, en particulier en commettant des actes de violence contre des civils soutenant M. Ouattara.
  1. Genèse et conception du prétendu plan/politique commun
  2. Dans le mémoire de mi-procès, le Procureur a allégué que

Pour rester au pouvoir, le GBAGBO et les membres du Cercle Intérieur ont utilisé des moyens violents pour réprimer les opposants politiques et BLÉ GOUDÉ a contribué à la répression en impliquant les jeunes dans ces actes. Il s’agit notamment de l’utilisation de l’armée en milieu urbain, du recrutement et de l’entraînement de jeunes Ivoiriens, et de l’utilisation de milices et de mercenaires étrangers.

  1. Dans sa réponse, le Procureur souligne que M. Gbagbo ou Alassane Ouattara ait gagné ou non les élections de 2010 en Côte d’Ivoire n’est pas un problème dans ce cas. Il s’agit plutôt de savoir si M. Gbagbo et ses associés ont pris la décision de maintenir M. Gbagbo au pouvoir en utilisant toute la force de l’État – ainsi que des acteurs non étatiques – contre des civils qui étaient perçus comme opposés à lui.
  1. Chercher à rester au pouvoir n’est pas criminel. Par conséquent, en l’espèce, l’évaluation du prétendu plan commun implique nécessairement une évaluation des crimes présumés résultant du maintien au pouvoir et/ou utilisés comme moyen de le faire. Selon le dossier du Procureur, la criminalité du prétendu Plan commun est centrée sur l’emploi par l’accusé de  » moyens violents pour réprimer les opposants politiques  » et sur  » l’impunité des auteurs  » de cette répression.293 Les deux éléments seront traités à tour de rôle.
  1. Avant de passer à cette analyse, il convient de noter que l’argumentation du Procureur concernant le prétendu Plan commun est fondée sur des preuves circonstancielles. Dans le cadre de cette évaluation, le Procureur a invité la Chambre à tirer des conclusions, entre autres, de  » l’action concertée ultérieure des coauteurs « . cet égard, il est noté que, souvent, le fait que ces actions soient concertées est également une question d’inférence. Bien qu’il soit concevable, et souvent raisonnable, de tirer des conclusions à partir d’une série d’inférences, il faut faire preuve de prudence avant de tirer de telles conclusions.