Dans trois ans, les maladies de type AVC toucheront 4,5 millions de personnes et le diabète 4,1 millions.

AVC, diabète, asthme, troubles psychiatriques, maladies inflammatoires : c’est le top 5 des familles de maladies qui touchent le plus de Français, selon la cartographie des dépenses de santé de la Caisse nationale d’assurance-maladie (CNAM), publiée mercredi. Les pathologies soignées ont été déduites à partir des données de remboursement du régime général (57 millions d’assurés). L’Assurance-maladie donne aussi des projections d’évolution des principaux postes de dépenses par pathologie de 2015 à 2020. Elle exposera ses pistes d’économie début juillet.

Car à n’en pas douter, il faudra encore chercher des gisements de productivité. « La tension persiste sur le système de santé », a expliqué le professeur Luc Barret, médecin-conseil, lors de la présentation de ces chiffres. Les personnes touchées par les principales pathologies vont continuer à croître plus vite que la population et plus vite que le vieillissement (les personnes âgées souffrant plus souvent que les jeunes de pathologies lourdes). D’ici à 2020, il y aurait 604.000 maladies cardioneurovasculaires de plus (total : 4,5 millions), 455.000 diabètes (4,1 millions) en plus, 340.000 maladies respiratoires chroniques (3,9 millions) supplémentaires, 246.000 maladies psychiatriques (2,4 millions) en plus et une croissance particulièrement vive (+235.000, soit +20 %) du nombre de personnes atteintes de maladies inflammatoires comme celles de l’intestin, ou de maladies rares, ou du VIH, pour atteindre 1,4 million.

Vieillissement de la population

Ces effectifs ne s’additionnent pas, car plusieurs fléaux peuvent toucher la même personne. Cela sera même de plus en plus fréquent en raison du vieillissement de la population. En supprimant les doublons, l’Assurance-maladie estime que 580.000 personnes supplémentaires auront en 2020 au moins une maladie traitée au long cours, une maternité ou une hospitalisation ponctuelle par rapport à 2015. Elles étaient à l’époque 26 millions dans ce cas (45 % des assurés). La CNAM souligne toutefois le ralentissement de la croissance des effectifs de malades en 2015-2020 par rapport à 2012-2015.

L’ascension des dépenses sera-t-elle aussi rapide que celle des effectifs ? Cela dépend des maladies. Les soins pour maladie coronaire chronique, telle l’angine de poitrine, coûtaient moins cher en 2015 qu’en 2013 malgré l’augmentation du nombre de patients. Cela s’explique par une baisse de prix des anti-agrégants plaquettaires et au recours accru à des infirmiers en ville, qui permet d’éviter des hospitalisations. C’est peut-être la preuve de l’efficacité du « virage ambulatoire », avance la CNAM. A l’inverse, les médicaments innovants peuvent faire déraper la facture à court terme.

La Caisse ne se risque donc pas à projeter l’évolution des dépenses. Mais la période 2012-2015, marquée par une hausse de 10,2 milliards, est éclairante. Les enquêteurs ont été surpris par l’ampleur des problèmes de santé mentale : 19,3 milliards d’euros en 2015, soit une hausse de 1,3 milliard en quatre ans. Les hospitalisations ponctuelles demeuraient le premier poste de coûts, à 30,7 milliards, croissant de 2,4 % par an, et les cancers sont la dépense qui croît le plus vite (+ 4 %, 14,1 milliards).