ce que se seraient dit Mamadou Koulibaly et le président Gbgabo
Pour sûr et cela est indéniable, le Président Laurent Gbagbo (élu à la tête de son parti lors du Congrès extraordinaire tenu à Mama, localité villageoise de la sous-préfecture de Ouragahio, le 30 avril 2015) a effectivement reçu le Professeur Mamadou Koulibaly, président du parti Liberté et démocratie pour la république (Lider), et son épouse Limata Amoussa.
La rencontre a eu lieu le lundi 22 janvier 2018, au centre de détention de la Cour pénale internationale (Cpi) sis à Scheveningen, à La Haye en Hollande. Notamment dans le «réfectoire principal» de cette prison.
La lettre du Continent n°769 du 24 janvier 2018 l’a révélé. Des proches collaborateurs du père de la démocratie en Côte d’Ivoire résidant en Europe l’ont confirmé. Ces retrouvailles qui étaient «très détendue et conviviale» ont pu avoir lieu à la demande de l’ex-Président du parlement ivoirien de 2001 à 2012, qui en a formulé le besoin depuis des mois. Selon cet hebdomadaire français, la rencontre entre ces deux hommes politiques a duré deux heures.
Toujours selon ce périodique, les échanges ont porté principalement sur l’état de santé, les conditions de détention du Président Laurent Gbagbo et bien sûr sur un peu de politique nationale et internationale. A en croire le confrère français, l’ex-Député de Koumassi en a profité pour présenté ses civilités à Charles Blé Goudé (qui a rejoint Laurent Gbagbo à la Cpi en 2014) qui «se trouvait dans la même pièce avec un autre visiteur» au moment où l’historien et l’économiste s’entretenaient.
Quatre (4) jours après cette rencontre qu’on peut qualifier d’historique, des langues se délient et on sait maintenant ce que le principal artisan du retour du multipartisme en Côte d’Ivoire a confié à son hôte ce lundi 22 janvier 2018. «Gbagbo a effectivement reçu Mamadou Koulibaly en tant qu’ancien collaborateur et compagnon de lutte. Mais surtout en tant que chef de parti politique», précise notre source depuis La Haye.
«Ils ont parlé de son étant de santé et sa condition de détention à la Cpi. Le Président Gbagbo lui a dit de se tranquillisé parce qu’il se porte bien et que les conditions de sa détention sont bonnes. Il a dit qu’il a aimé la façon avec laquelle Mamadou Koulibaly est parti du Fpi pour créer son parti…», ajoute notre interlocuteur.
«Sur ce sujet, le Président Laurent Gbagbo lui a exactement ceci : Tu es parti du Fpi avec élégance. Et j’ai apprécié cette façon de faire. Tu n’as pas eu l’idée de détruire le parti de l’intérieur comme certains l’ont fait. Tout ce que j’ai construit dans ma vie politique et sociale, c’est ce que Affi veut anéantir…», révèle cette même source.
«Ils ont également parlé de l’avenir de la Côte d’Ivoire et la suite du combat à mener pour la démocratisation totale du pays…», note la source. Ont-ils évoqué le retour de Mamadou Koulibaly au Fpi ? «A ma connaissance, ils n’ont pas parlé de cela. Ce que je sais c’est qu’ils ont causé longtemps à deux. C’est fort possible, mais pour l’instant le président est préoccupé par l’issu de son procès, même s’il est très confiant…», explique notre informateur.
«L’élégance» d’un départ
Rappelons qu’après l’arrestation du Président Laurent Gbagbo le 11 avril 2011, «Mamkoul» qui était en exil au Ghana, est rentré. En tant que premier vice-président du Fpi (Affi N’guessan qui en était le président étant en prison à Bouna), Madou Koulibaly prend les rênes du parti à la rose pour assurer l’intérim d’Affi, selon les textes du parti. Mais très vite, il décide de «refonder» en profondeur le parti fondé par Laurent Gbagbo. «J’ai simplement dit à Miaka Oureto, le Secrétaire général du parti, que si les cadres du Fpi souhaitent continuer comme avant, j’arrêterai la politique pour me consacrer à l’enseignement et à la recherche. Mais que, s’ils souhaitent faire évoluer le parti, je suis prêt à les aider. Il faut moderniser nos structures, changer de nom et repenser notre idéologie», avait-il confié à Jeune Afrique n°2632 du 19 au 25 juin 2011, dans sa rubrique «Confidentiel». Réclamant même la «refondation» totale et une mise à plat des structures du parti. Lazare Koffi Koffi (ancien ministre de l’Environnement et des Eaux et Forêts, dans le gouvernement Aké N’Gbo), a réagit face à cette situation nouvelle qui intervient au moment où le Fpi bat de l’aile. Dans une interview à Soir-Info n°5027 du mardi 21 juin 2011, il affiche son mécontentement à l’endroit de ‘’Koulby’’. «C’est son droit et il ne sera pas le premier. Seulement, s’il veut partir, qu’il le fasse dans l’élégance et non donner l’impression qu’il a eu mission de mains noires de «tuer» le Fpi. Il ne réussira pas. Il ne faut pas qu’il donne de lui, dans l’opinion l’image d’un homme inconstant qui a abandonné ses camarades et surtout Gbagbo et Simone qui l’ont fait, dans les geôles de Ouattara dont il est devenu l’admirateur attitré. S’il part, il ne nous reste qu’à lui souhaiter bonne chance. En toute camaraderie», a-t-il martelé. Malgré tout, l’ex-candidat à l’élection présidentielle de 2015 s’efforcera de «refonder» le Fpi. Pour cela, il cherchera à avoir l’onction des structures de base du parti. Principalement les Fédérations. A qui il proposera un congrès extraordinaire en vu de procéder au renouvellement des structures du parti, notamment la présidence. Pour qu’il ait les coudés franches pour atteindre son objectif. Mais il n’aura cette onction attendue des fédéraux, qui lui opposeront un refus. En bon démocrate, il se soumettra à la décision des fédéraux. Il ne s’imposera pas, ne prendra pas non plus en otage le parti. Comme s’est le cas actuellement avec Affi, qui s’accroche aux armoiries du Fpi, alors qu’il a été exclu du parti depuis le Congrès extraordinaire du 30 avril 2015 tenu à Mama. Pourtant l’auteur de «La servitude du pacte colonial» et de «La guerre de la France contre la Côte d’Ivoire» pouvait bien le faire. Surtout qu’il avait le soutient des nouvelles autorités d’Abidjan auxquelles il avait déjà fait allégeance dès son retour d’exil. Sagement donc et avec élégance, il est parti sans tenir tête aux fédéraux, comme l’a fait Affi N’guessan. Au lieu de détruire le parti à l’intérieur, il a choisi de partir avec élégance. Comme le lui a suggéré Lazare Koffi Koffi.
Ferdinand Bailly
Léo Ahile