Ils n’ont toujours pas compris…
Petites combines
Complotite, allégeance, insultes gratuites de désœuvrés gagés pour vitupérer à longueur de journée sur facebook contre des ennemis internes dans un langage souvent approximatif… Voilà ce à quoi le débat est réduit au FPI depuis qu’on y a perdu l’habitude de réfléchir et, surtout, après une telle rouste concédée lors des dernières législatives.
Il n’y a pas pire aveugle que celui qui refuse de voir, dit l’adage. Alors, ceux qui ne peuvent être autre chose que des béni oui-oui se congratulent d’avoir réussi un bon parcours, lors de ce scrutin.
Avec seulement 18 députés, le FPI est pourtant obligé de fouiller dans son passé pour retrouver la période où il avait 94 élus à l’Assemblée nationale. Les divisions sont passées par là, l’incurie aussi et toutes sortes de petites querelles de clocher qui facilitent la domination d’un Alassane Ouattara qui n’en demandait pas mieux.
Et comme nous en sommes tous réduits à une démocratie interne qui commence par « Gbagbo a dit… » et se termine par « Gbagbo n’a pas dit… », alors il n’y a aucune voix pour rappeler à ceux qui dirigent cette partie du FPI que lorsqu’on a échoué aussi lamentablement que lors de ces législatives, on doit démissionner.
C’est, d’une part, le seul moyen de laisser le parti à ceux qui peuvent lui consacrer leur énergie et leur intelligence pour explorer de nouvelles idées et de nouveaux discours, mais c’est surtout l’occasion de montrer à nos militants et à nos compatriotes que nous vivons ce que nous disons et que la démocratie n’est pas juste un mot qui nous aide à construire des discours pompeux face à des adversaires à qui on a finalement rien à apprendre.
Ce qu’il s’est passé ce mardi avec la nouvelle convocation des élus EDS aux date et heure voulues par l’ex-Première dame est, à cet égard, tout simplement pathétique. La direction d’EDS veut-elle nous dire qu’elle craint un lavage de cerveau de nos nouveaux députés que nous avons, par nos voix, mis en mission et que nous croyons de ce fait préparés à résister à pire qu’à un simple déjeuner d’une ex-Première dame ?
Les petits meurtres entre amis et autres coups tordus nous ont valu de faire le lit d’Alassane Ouattara Ouattara, d’une part, et un désordre sans nom dans un parti que nous croyions au-dessus de ce type de guerre de chiffonniers, de l’autre.
Après une telle défaite, la dignité minimale commande que les forces vives du FPI s’asseyent pour tirer toutes les leçons de cette Bérézina. Ceux qui ont dirigé le parti doivent alors nous expliquer pourquoi au lieu de laisser la base choisir ses candidats, elle a préféré lui imposer d’anciens députés parfois vomis par ceux qui les avaient élu en 2001. Pourquoi les candidats étaient livrés à eux-mêmes sans accompagnement financier et sans approche théorique minimale de ce qu’ils devaient dire ? Quelle est la part du choix du logo d’EDS, une coalition qui n’est connue qu’à Abidjan, dans cet échec, et pourquoi depuis des années, il est impossible de réunifier les deux bouts du parti ?
Si on n’a pas le courage de poser ces questions, alors préparons-nous à vivre la pire dictature qui va s’abattre sur nous lorsque le dictateur d’aujourd’hui va nous fourguer son petit frère dont on ne sait pour l’heure rien de bien réconfortant.
Joseph Titi Gnahoua
C’EST DANS LE JOURNAL AUJOURD’HUI CÔTE D’IVOIRE.
GUERRE INTERNE AUTOUR DES ÉLUS PRO-GBAGBO
Pour ne pas que les nouveaux députés de la coalition EDS soient reçus par Simone Gbagbo, le Pr. George-Armand Ouégnin s’est fendu, ce mardi, d’une convocation des mêmes élus aux date et heure préconisées par la deuxième vice-présidente du FPI.Il n’est pas facile de parler du FPI. Car avant tout, il faut en départager les militants entre pro-Affi et pro-Gbagbo puis, s’agissant des Gor, c’est-à-dire Gbagbo ou rien, il faut les appeler FPI tout en recherchant leurs députés parmi les élus de la coalition EDS.
C’est d’ailleurs au nom de cette réalité, étriquée du reste, que Simone Gbagbo avait prévu de recevoir les 18 élus de la coalition EDS ce mercredi en tant que deuxième vice-présidente du FPI. Mais très vite les petits couteaux ont été sortis.
Alors qu’il était lui-même invité à cette rencontre-déjeuner, le président de la coalition, George-Armand Ouégnin a fait volte-face en convoquant à son tour ce mardi, les mêmes élus aux heure et date choisies par l’ex-première dame. De toute évidence, il s’agit d’empêcher lesdits députés de se rendre chez Simone Gbagbo puisque le communiqué insiste sur la présence de tous.
coup d’état permanent
Depuis la déportation de Laurent Gbagbo à la Cour pénale internationale, les dirigeants du parti exploitent à merveille la théorie du coup d’Etat permanent. Affi N’guessan les a ensuite renforcés dans cette stratégie en menant une guerre plutôt insensée de conservation du pouvoir. Et puisque Gbagbo ne parle presque jamais lorsqu’il faut clarifier les choses, alors chacun y va de ses certitudes ou autres reniements.
Cette situation qui est par ailleurs symptomatique d’une crise de légitimité de cette classe dirigeante est ainsi devenue le seul mode de gouvernance du parti depuis la mort d’Abou Drahamane Sangaré.
Pourtant, peu avant sa disparition, la libération de Simone Gbagbo avait été accueillie comme un énorme soulagement par les militants qui croyaient que le leadership du parti allait s’en retrouver renforcé en l’absence de Gbagbo. Mais finalement, Simone a été retoquée par l’ancien président alors qu’elle pensait diriger le parti et, depuis, son retour à la direction est vécu comme une nouvelle ligne de fracture au sein de la frange du parti qui reconnait Laurent Gbagbo comme le président du FPI.
L’ancienne première dame a d’ailleurs beau se montrer solidaire de toutes les décisions prises par l’ex-chef de l’Etat, y compris celles qui la marginalisent, cela ne lui suffit toujours pas à revendiquer d’avoir ainsi montré pattes blanches au sein de cette tendance où l’on dirige désormais avec les « Gbagbo a dit… » ou « Gbagbo n’a pas dit… » qui tombent toujours comme des couperets lorsque la direction ne veut pas discuter ou s’expliquer.
Or, comme s’il prenait lui-même plaisir à ce jeu, Laurent Gbagbo garde le silence. Même les attaques quotidiennes et féroces qu’essuie l’ex-première dame sur les réseaux sociaux n’ont jamais causé à leurs auteurs une mise en garde des équipes du président Gbagbo. D’ailleurs au fil du temps, les problèmes familiaux du couple Gbagbo sont devenus une nouvelle ligne de fracture au sein du parti, suscitant toutes sortes d’allégeance parfois totalement lamentables à Nadiana Bamba, la seconde épouse avec qui Laurent Gbagbo vit à Bruxelles depuis qu’il a été acquitté par la Cour pénale internationale en janvier 2019.
Femme capable
Ce déferlement insensé contre une telle femme qui a dirigé le FPI pendant la clandestinité puis en a été la présidente du groupe parlementaire dès 2001 tout en étrennant son rôle de Première dame, a entraîné un fort courant de soutien au sein de la société ivoirienne. Baptisé « Ehivet capable » du nom d’un pagne qui avait été baptisé dès sa sortie « mari capable » en raison de son coût, ce courant de soutien a fini par entraîner les hommes qui, eux aussi, n’hésitent pas à arborer leur chemise pagne cousue de cette étoffe.Populaire dans le pays, Simone Gbagbo l’est d’abord au sein du parti, parmi les militants sur qui elle déteint sa force de caractère. Car à 71 ans, la deuxième vice-présidente du parti n’a perdu ni sa popularité, ni sa légitimité en interne et son étoile politique n’a guère pâli, y compris au moment où le retour de Gbagbo se dessine.
Certes au parti, son absence aux élections législatives a été perçue par ses adversaires comme le début de sa mort politique. Mais il est tôt pour enterrer cette femme battante dont la présence aux côtés de l’ancien président a pu assurer la percée du FPI dans le pays Agni dès le début des années 90. Et, dans ces conditions, qui sait ce que son expectoration pourrait coûter au parti ?Pour l’heure, personne n’en mesure réellement les conséquences. Mais pas Simone Gbagbo qui continue de garder son calme. Depuis ce mardi, elle a en effet renoncé à recevoir lesdits députés. Selon ses équipes, elle le fera après que la direction d’EDS les ait rencontrés.
Difficile de le croire cependant parce que finalement au FPI, on ne vit plus que pour ces petits meurtres entres camarades.
SEVERINE BLE