PRÉTENDU « BRAQUAGE » DE LA BCEAO PAR LE PRÉSIDENT GBAGBO /L’ANALYSE DU GOUVERNEUR DACOURY-TABLEY

Dans l’affaire du « braquage » de la BCEAO, le Président Gbagbo et le Ministre Justin KONÉ KATINAN ont été condamnés, par défaut itératif, à 20 ans de prison ferme, le mardi 29 octobre 2019 après une première audience tenue le jeudi 18 janvier 2019.
Leurs co-accusés dans cette même affaire, le Premier Ministre Aké NGBO et le Ministre Désiré DALLO, condamnés à la même peine, ont par la suite bénéficié de l’amnistie du 6 août 2018.

On aura remarqué la concomitance de ce procès et de ces condamnations avec l’acquittement du Président GBAGBO par la CPI, à La Haye, le 15 janvier 2019.

On constate que tous les procès intentés par le régime Ouattara contre ses opposants ont toujours été couverts de larges zones d’ombre. Si bien que de nombreuses ONG des droits de l’Homme et de simples observateurs n’ont pas hésité à parler de règlement de comptes et de justice des vainqueurs.

Mais, sur ce registre, ce procès du « braquage de la BCEAO » remporte la palme d’or, en ce sens qu’il s’est déroulé dans une totale obscurité d’où on a fait fuir la vérité, pour donner libre cours au mensonge, à la médisance et à la calomnie.

Ce procès, qui foule aux pieds le bon sens et la vérité, est l’exemple même du dévoiement de la Justice et de l’institution judiciaire, au service non pas de la Paix et de la cohésion nationale, mais utilisées comme un instrument de répression pour réduire et museler l’opposition, en vue du maintien au pouvoir, vaille que vaille, d’une coterie de prédateurs et de malfaisants.

Ce procès, beaucoup plus que ceux, tout aussi iniques, qui l’ont précédé, a véritablement couvert de honte ses commanditaires et exécuteurs.

En réalité ce procès n’aurait jamais dû avoir lieu, pour la simple raison que le délit n’est pas constitué. En effet, la BCEAO n’a jamais été braquée en 2011 et encore moins par le Président Gbagbo et ces trois co-accusés.

Observons qu’on nous a parlé à profusion du « braquage », mais rien n’a jamais été dit sur le mode opératoire des « braqueurs. » Comment les prétendus voleurs s’y sont-ils pris pour dévaliser l’Agence Principale de la BCEAO sis à Abidjan Plateau?

L’Accusation est curieusement évasive sur ce sujet, de la même façon qu’elle fait preuve d’une grande discrétion sur les montants dérobés.

Mais la réalité la plus déroutante est que la Banque Centrale n’a jamais porté plainte après ce « braquage. » Mieux, avant le procès, la BCEAO et les banques commerciales, que le pouvoir a tenté d’embarquer dans ce coup tordu, ont fait connaître, par écrit, qu’elles n’ont subi aucun préjudice de la part de qui que ce soit.

Pour ce qui concerne la Banque Centrale, cette affirmation est corroborée par les vérifications et audits effectués, dès 2011, successivement par le contrôle interne de la BCEAO, le Trésor français et un cabinet d’audit international. Tous ces contrôles et vérifications de comptes ont conclu que les comptes sont exacts et rien n’a été dérobé à Banque Centrale. Au demeurant, c’est ce qui est reflété dans les comptes et résultats de l’exercice 2011 de la Banque.

Le vrai braquage de la BCEAO a eu lieu en 2003 et a concerné principalement les agences de Bouaké et Man. Malgré les plaintes de la Banque, les auteurs de ces forfaits, quoique connus, courent toujours et ont aujourd’hui pignon sur rue en Côte d’Ivoire.

La réalité est donc là, plus têtue que jamais: en 2011, la BCEAO et les banques primaires n’ont subi aucun dommage financier de la part du Président Gbagbo et de ses anciens collaborateurs, Aké NGBO, Désiré DALLO et Justin KATINAN.

Ce constat était évident dès le départ pour qui regarde les choses avec objectivité, bon sens et surtout avec honnêteté.

On se souvient que le Gouverneur d’alors de la Banque Centrale, Monsieur Philippe-Henri DACOURY-TABLEY, en total désaccord avec la volonté, anti statutaire, des Chefs d’Etat de l’UMOA d’immiscer  la BCEAO dans la politique intérieure d’un État membre de l’UNION, en l’occurrence la Côte d’Ivoire, avait démissionné de ses fonctions en janvier 2011.

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Le lendemain de son départ de la Banque, les nouvelles autorités de la BCEAO ont immédiatement décrété la fermeture de toutes les agences de la Banque Centrale en Côte d’Ivoire, en vue d’assécher la liquide dans le pays, étouffer financièrement l’économie ivoirienne et provoquer ainsi la chute du Président Gbagbo.

Réagissant à cette mesure injustifiée et illégale de la Conférence des Chefs d’Etat de l’Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA), le Gouvernement du Président Gbagbo a décrété un ordre de réquisition de la BCEAO en Côte d’Ivoire pour empêcher l’effondrement de l’économie ivoirienne et assurer les salaires des fonctionnaires et des autres travailleurs.

C’est dans le cadre de l’exécution de ce décret de réquisition que le Ministre, Justin KATINAN, s’est rendu à l’Agence Principale de la BCEAO, en compagnie d’une équipe d’huissiers et d’un représentant du Procureur de la République. Ce groupe est entré sans effraction dans les locaux de la Banque, en présence du personnel.

Il s’agissait pour le Ministre, agissant pour le compte de l’Etat, de conduire un certain nombre de diligences, préalablement au passage de la Direction Nationale de la BCEAO sous la responsabilité des autorités ivoiriennes:

  • Procéder à un état des lieux;
  • Faire le point des activités de la Banque;
  • Connaître la situation exacte des disponibilités;
  • S’assurer que les Services dédiés de la Banque continueront de fonctionner pour l’approvisionnement  des banques commerciales en liquidités et pour la bonne conduite des opérations de compensation;
  • Rassurer le personnel et l’encourager à demeurer à la tâche.

Avant de se retirer de la Banque, le Ministre KATINAN a eu dans la salle de conférence, une rencontre avec le personnel. Il a ainsi expliqué à son auditoire le bien-fondé de la réquisition en réponse à « l’acte d’agression des autorités de la BCEAO contre la Côte d’Ivoire. »

Après le départ du Ministre KATINAN, a débuté la  reconnaissance des billets et des fonds disponibles à la Banque, par le personnel dédié à cette opération et en présence des huissiers qui en ont dressé procès-verbal.  C’est donc à juste titre que les différents audits et la BCEAO elle-même, ont fait le constat que la Banque Centrale n’a subi aucun dommage en relation avec la réquisition décrété par le Gouvernement de Côte d’Ivoire.

Alors, d’où vient qu’on accuse le Ministre KATINAN d’être parti en exile au Ghana, en emportant plus de 300 milliards de francs CFA, subtilisés à la Banque Centrale? Ceux qui brandissent ces accusations sont tellement dans la haine et l’obsession d’en finir avec les pros-Gbagbo, qu’ils ne se rendent pas compte du ridicule de leurs propos. En effet, savent-ils que pour transporter 300 milliards de Fcfa, même en billets de 10 000 Fcfa, il faut plus de 100 caisses, chacune de la taille de 4 cartons juxtaposés d’eau minérale. Le déplacement de toute cette quantité de caisses nécessite, au moins, un gros camion de plusieurs dizaines de tonnes. Alors qu’on sait que le Ministre KATINAN, dont la vie était menacée, s’est enfui précipitamment, en voiture, puis en pirogue, par Aboisso et Noé.  Dans ces conditions comment pouvait-il transporter avec lui plus de 100 caisses d’argent? Ah! Si le ridicule et le mensonge tuaient, ces gens-là ne seraient plus de ce monde depuis belle lurette.

Voilà pour les Ministres KATINAN et DALLO, victimes des mêmes fausses accusations.

  Concernant le Président Laurent GBAGBO, le chef d’accusation est encore plus puérile et farfelu. Pour faire court et simple, disons que le pouvoir Ouattara reproche à l’ancien Président de la République de Côte d’Ivoire ce que lui-même tente de faire, avec beaucoup de maladresses, depuis le coup d’Etat du 11 avril 2011. C’est à dire, faire fonctionner l’Etat.

En effet, en fait de « braquage de la BCEAO «, le Président Gbagbo, soucieux de l’intérêt de tous les ivoiriens n’a fait que faire prendre les dispositions idoines pour sécuriser les Finances Publiques et le recouvrement des impôts et taxes, avec pour objectif premier le règlement des dépenses publiques et le paiement des salaires à bonne date. Ce qui a été fait et bien fait tout au long du premier trimestre de l’année 2011.

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Durant toute cette période, toutes les institutions financières, administratives et politiques de l’Etat répondaient toujours de l’autorité du Président Gbagbo, qui a déployé toute son énergie et son habilité politique pour éviter l’effondrement de l’Etat.

Dans le même temps, Alassane Ouattara, depuis l’Hotel du Golf, faisait des mains et des pieds pour installer le chaos dans le pays. Ainsi, dans l’indifférence de la population, il a appelé à la désobéissance civile. Puis il a « ordonné » aux entreprises de refuser de payer l’impôt. Enfin, CO le dès combles, Alassane Ouattara a demandé à ses commanditaires la mise en place d’un embargo dur sur les médicaments et matériels médicaux en direction de la Côte d’Ivoire. Cette mesure a fait des milliers de morts, non encore comptabilisés dans le bilan macabre de la crise post électorale. Il faudra bien qu’il en réponde un jour.

Ainsi, alors que son adversaire mettait tout son génie diabolique à chercher à bloquer le fonctionnement de l’Etat, à affamer les ivoiriens et à les faire mourir à petit feu par manque de médicaments, le Président Gbagbo prenait les mesures et les dispositions nécessaires pour faire fonctionner le Trésor, la Banque Centrale et tous les démembrements de l’Etat. C’est à tout cela qu’à servi l’argent du Trésor logé à la BCEAO.

À la vérité, ils sont très mal placés les tenants actuels du pouvoir, y compris leur Mentor, pour dire que le Président Gbagbo s’est servi dans les caisses de la BCEAO et de l’Etat. Car eux-mêmes, retranchés à l’Hôtel du Golf, ont tous perçu leurs salaires, émoluments et indemnités diverses durant toute la période de la crise post électorale.

Au demeurant, et c’est connu de tous que le Président Gbagbo n’est pas un pilleur des caisses de l’Etat. À preuve, la CPI a enquêté durant des années sur d’éventuels comptes bancaires à l’étranger, elle n’a rien trouvé.

En définitive, force est de reconnaître que le Président Gbagbo Laurent et ses anciens ministres, Aké NGBO, Désiré DALLO et Koné KATINAN, ne sont en rien coupable du «  braquage » de la BCEAO, d’autant plus que ce « braquage » n’a jamais existé. Les prétendus victimes de ce vol, la BCEAO, les banques commerciales et le Trésor Publique l’ont fait savoir aux juges chargés de l’affaire.

En réalité, le délit de « braquage » n’est pas constitué, puisqu’il n’existe pas. Par conséquent, il n’y a ni victimes, ni coupables. Mais le régime Ouattara voulait, à tous prix, condamner le Président Laurent Gbagbo et ses collaborateurs à une lourde peine. À quelle fin?

 Aujourd’hui  cette question à sa réponse depuis l’acquittement du Président Gbagbo et son inévitable prochain retour au pays natal.

Oui, Alassane Ouattara s’est dépêché de juger et condamner à 20 ans d’emprisonnement le candidat Gbagbo pour le dissuader de revenir en Côte d’Ivoire. Il ne veut pas courir le risque de l’affronter, même avec sa CEI comme parapluie atomique. C’est dans cette même logique qu’il a fait condamner un  grand nombre d’éminents  cadres  du FPI, en vue de les empêcher d’être candidats à tout poste électif en 2020.

Mais ce ne sont pas ces manœuvres de bas étage qui vont faire reculer le FPI et encore moins son Président, Laurent Gbagbo.En septembre 2002, alors en visite en Italie, le Président Gbagbo est rentré en Côte d’Ivoire déjà à feu et à sang du fait de la rébellion de Soro Guillaume. En avril 2011, malgré le bombardement de sa résidence par la coalition France/Onuci, le Président Gbagbo n’a pas fui, il est resté aux commandes en sa résidence officielle.

Alors 20 ans ou pas, le Président Gbagbo rentrera en Côte d’Ivoire où son peuple l’attend pour lui redonner sa dignité perdue et faire de ce pays une vraie terre d’espérance.

DACOURY-TABLEY Philippe-Henri