Un nouveau PDCI est né, et avec lui, une nouvelle opposition

LA VÉRITABLE LEÇON DU SCRUTIN DU 18 DÉCEMBRE 2016: UN NOUVEAU PDCI VIENT DE FAIRE SON ENTRÉE AU PARLEMENT

Mon ami et frère Alexis Gagno le disait avec des mots simples mais pleins de sens. En réalité, ayant appelé au boycott, le seul résultat qui m’intéresserait c’est bien entendu le taux d’abstention.

Sur ce point là, je suis servi. Car selon les résultats de la miséreuse CEI, en dehors d’Abidjan, Bouaké, la deuxième ville du pays et même Yamoussoukro ont boudé l’élection législative dans le nouveau royaume de Ouattara 1 er.

Le refus des populations de ces deux villes emblématiques, considérées jusqu’ici comme fief du PDCI est symptomatique du malaise que les populations du centre-baoulé éprouvent à voir Bédié se rabaisser un peu plus chaque jour devant Ouattara jusqu’à se laisser phagocyter par lui.

Justement à Yamoussoukro (commune et sous-préfecture), les gagnants sont des indépendants sortis droit des entrailles du vieux parti. A Toumodi, une autre ville emblématique pour le PDCI, les deux élus sont des indépendants. L’un d’entre eux, Aloco Kouassi Arthur, un proche de Charles Konan Banny, l’a emporté devant le candidat du RHDP, le ministre Alla Kouadio Rémi.

Mais un autre constat, que je ne saurai passer sous silence, a attiré mon attention. En effet, de mémoire d’acteur politique, jamais je n’ai vu autant d’indépendants se faire élire lors d’une élection comme c’es le cas cette année. 75 indépendants. C’est le nombre d’élus sans bannière politque.

L’image contient peut-être : 2 personnes, personnes debout et costume

 Les chiffres de la CEI (http://abidjan.net/…/legislati…/2016/resultats/resultats.asp ) montrent que les véritables concurrents du RHDP (PDCI-RDR) sont les indépendants. Les résultats provisoires indiquent que 75 des 254 candidats déclarés élus à ce jour sont des indépendants. Plus de 80 % de ceux-ci viennent directement du PDCI. Tous se sont présentés en indépendant parce qu’ils contestent la manière dictatoriale avec laquelle de Henri Konan Bédié prend les décisions au PDCI sans consulter personne. Et pour avoir contesté le pouvoir omnipotent que Bédié essaie de se donner, ces indépendants ont tous écopé de sanctions punitives allant jusqu’à la révocation de certains de toute responsabilité au sein du PDCI de Houphouët Boigny.

Mais rien n’y fit. Même à Daoukro, son village, Bédié a essué une cuisant defaite. En effet, non seulement la population a boudé l’élection (le taux de participation tournerait autour de 40 %), mais Niamien N’Goran, son candidat a été battu par un indépendant.

Ce raz-de-marée des indépendants du PDCI combiné avec le fait de la forte abstention dans des zones où il a remporté le premier tour de la présidentielle de 2010 montre que le leadersheap de Bédié est contesté. Sa propension à mettre le PDCI sous tutelle du RDR est remise en cause.

Bédié doit tirer les conséquences de son échec. Soit il change de ligne et se démarque de Ouattara et du RDR, soit il persiste dans son intransigeance et les autres lui font la guerre ouvertement et l’éjecte de la tête du PDCI. Ou alors, il le laisse faire sa fusion avec le RDR, et les autres constitue non seulement leur propre groupe parlementaire, mais ils récupèrent le PDCI original.

Dans l’un ou l’autre des cas, le risque d’une confrontation entre les alliés du camp anti-Gbagbo est inevitable.

Le Rouge Tanoh

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