Non le Cameroun n’est pas la Côte d’Ivoire!

Hassane Magued, dans son article intitulé « Cameroun : Paul Biya, ce médicament périmé qui « soigne » le Camerounais ! » , souhaite visiblement une révolution – populaire ou militaire – au Cameroun. Si celle-ci peut être nécessaire en terre d’Eburnie, ce ne semble pas être la solution idoine au Cameroun. En effet, chaque pays à son histoire, ses réalités. Et évolue en fonction. Le Cameroun a son histoire et ses réalités. Ce qui est souhaitable en Côte d’Ivoire n’est pas forcément la panacée au Cameroun.

En terre d’Eburnie, après l’échec du coup d’état du 19 Sept. 2002, les assaillants se sont mués en rébellion avec l’aide des français. Le pays est partitionné. Les rebelles occupent près de 60% du territoire. Pendant 8 ans les rebelles pillent la zone sous leur contrôle. En 2011, avec l’aide de l’armée française et onusienne, les rebelles évincent le pouvoir dans zone gouvernementale par les armes. Depuis lors, ils règnent en maître sur tout le pays. Dans un tel cas une révolution armée peut être nécessaire.

Ancienne colonie allemand, après la première guerre mondiale, le Cameroun est partagé entre Anglais et Français. A l’indépendance, une partie du territoire anglophone se joint à la partie francophone du Cameroun. D’abord une fédération, le Cameroun devient un état unitaire.

A la démission du premier président du Cameroun, Paul Biya devint président du Cameroun. Un coup d’état contre lui connait un échec cuisant. Il est réélu à plusieurs reprises. L’armée du Cameroun est bien entrainée et lutte efficacement contre le terrorisme. Le Cameroun est la locomotive de l’Afrique centrale en face des deux Congo (le grand Congo belge y compris), du Gabon de la Centrafrique. Pourquoi une révolution armée ? Parce ce que le président a duré au pouvoir ? N’y a-t-il pas une autre solution ?

Par ailleurs, une longévité au pouvoir n’est pas forcément la meilleure des choses, mais elle a son utilité. Elle parait un drame parce qu’il n’y a pas d’alternance au sommet de l’Etat, elle peut entretenir la corruption, l’inégalité dans la répartition des richesses.
Mais cette longévité au pouvoir permet de consolider l’Etat en lui-même, ses institutions, ses frontières. Juste après l’indépendance, ces nouveaux Etats africains ayant hérité leurs frontières actuelles de la période coloniale, ont besoin d’un certain encrage des institutions étatiques.

Il faut remarquer que les peuples et sociétés africaines, il n’y a que quelque décennies, étaient constituées soit de petits royaumes, de peuples nomades, de peuples sédentaires avec plusieurs façons d’être organisés et gérés.

Dans les royaumes il y a la classe royale, les hommes libres et les esclaves dirigé tous par un roi. Dans une telle société, tout le monde n’a pas les mêmes droits naturellement et chacun connait son rôle.

Par contre chez d’autres peuples, la société est organisée en famille, en lignage. Il n’y a ni roi, ni homme libre, ni esclave. L’organisation, gestion et la direction d’une telle société est différente.

A la suite de la colonisation, ces sociétés se fondent en un seul ensemble et après les indépendances en un seul Etat dirigé par un président avec un gouvernement, une assemblée nationale, des tribunaux et des prisons. Il faut du temps pour que cette nouvelle manière de faire connaisse un encrage suffisant. Et il faut un homme pour le faire.

Si ce dernier a le courage de ne pas être asservie à ses soifs charnelles et arrive à utiliser quelque peu sa matière grise de la bonne manière, il y aura un bon système éducatif, un bon système de santé, la protection de la propriété la création de la richesse, l’intégrité territoriale.

On pourra toujours mieux faire, c’est in-dé-nia-ble. Mais pour mieux faire, lorsque celui qui dirige est affaibli physiquement et peut être aussi dans ses capacités de réflexion, ce n’est pas une révolution armée qui est la bonne solution.

C’est pour cela que le Président Laurent Gbagbo, malgré ses bonnes idées et la fatigue qui se faisait sentir chez feu Félix Houphouët Boigny, n’a jamais préféré la voie des armes quoique la France n’ait pas manqué à maintes reprises de lui en faire la proposition.

Dans certaines situations, l’arme détruit plus qu’elle ne fait du bien. Les rebelles à cour d’agent vendent tout. Après 15 000 morts en 2002 ils ont exploité abusivement le nord de la Cote d’Ivoire. En 2011 ils déclenchent la guerre : 20 000 morts.

Arrivé à Abidjan, outre les emprisonnements, les tortures, les exécutions extra judiciaires, ils ont surendetté l’Etat, vendu toutes les banques de l’Etat, vendu la Société de Transport Abidjanaise (Sotra), hypothéqué la cité administrative, la tour CCIA, et bien d’autres sites, vendu l’Hôtel Ivoire, et que sais-je encore !

Dans un tel cas une révolution armée peut être indiquée. Quand les hommes en armes ne réagissent pas, ce sont des lâches. Début avril 2011 aux heures chaudes, l’armée ivoirienne avait la chance unique au monde que tous les chefs rebelles (intellectuelles et matériels) aient été à Abidjan. Mieux, ils étaient tous confinés au Golfhôtel et à Abobo.

C’était une occasion idéale de mettre fin en quelques heures de combats à tous ces leaders rebelles avec le moins de dégâts collatéraux. Au pire des cas, l’on aurait pu tout au moins mettre leur tête à prix et il est clair que le résultat ne se serait pas fait attendre.

Mais que se passa-t-il ? La haute traitrise en action…

Une action militaire au Cameroun, dans ce pays frère ferait plus de mal que de bien. Les impérialistes et leur ordres de tueurs, rodent, cherchant quel pays ils pourraient mettre à sac. Il ne faut pas leur offrir le Cameroun.

Quoique avancé en âge, le président Biya et ses conseillers peuvent mettre leur intelligence en œuvre et épargner le pire au Cameroun. Il est certes important pour un dirigeant que pendant son règne il y ait paix et tranquillité. Mais il est encore plus important de faire en sorte qu’à son départ, la paix, la tranquillité et la prospérité soient de mise. Un tel dirigeant a plus de mérite.

Il peut décider de ne plus se présenter. Laisser d’autres personnes se présenter et peser de son poids pour que le verdict définitif soit respecté. Le nouveau président sera prié de ne pas avoir la mésintelligence d’Adama Barrow. Il pourra choisir de ne pas se laisser influencer par les vampires occidentaux et faire voter une loi d’amnistie pour Paul Biya et sa famille.

Le Cameroun vivra, et le mieux qu’il y avait à faire, le nouveau président pourra le faire.

Venyamin

(ce texte m’a été envoyé par son auteur)

Une pensée sur “Non le Cameroun n’est pas la Côte d’Ivoire!

  • 01/01/2017 à 04:00
    Permalink

    Coucou, Content pour ce petit résumé clair et concis. J’aime consulter vos textes captivants qui nous présentent toujours de bonnes idées

Commentaires fermés.