Petit rappel sur les relations PDCI/FPI

A la faveur des tensions actuelles entre le PDCI et le RDR, et compte tenu du fait que Henri Konan Bédié apparaît très remonté contre son allié du RHDP Alassane Ouattara, certains partisans du président Gbagbo se demandent s’il ne faut pas faire alliance avec le parti créé par Félix Houphouët-Boigny, et exhortent même à cela. Je voudrais dire ici ce que je pense de cette idée en commençant par faire un petit rappel historique.

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Le 15 avril 2013, Miaka Ouretto, alors président du FPI, appelait ses « Frères et sœurs du PDCI-RDA » à un sursaut national pour sauver le pays dans un message intitulé « Il n’est pas trop tard. » Un petit rappel de ses propos s’impose:

 » C’est la survie de notre Nation qui est en jeu. La propriété de son sol, la jouissance de ses richesses, par ses propres fils et filles, le devenir de sa gestion démocratique, et partant le développement du pays.

Le moment du grand sursaut national est venu. Resserrons nos rangs pour faire barrage aux prédateurs. Rassemblons-nous, pour défendre la Nation en péril. Nous n’avons que cette Patrie, alors défendons-là ensemble, au risque de disparaître tous ensemble, quand l’on nous demande de vivre ensemble chez nous, sans nous.« 

Tels étaient donc les mots utilisés par le président par intérim du FPI pour s’adressr au PDCI et donc aussi à son président.

Mais quelle a été la réponse du vieux parti ? Elle fut donnée par le porte-parole du président Bédié, le professeur Niamkey Koffi:

 » Le président Bédié n’est pas intéressé par l’appel du FPI. » dira-t-il avant d’ajouter :
 » Tout ce nous voyons en ce moment est tout à fait normal. Nous avons des divergences comme c’est toujours le cas dans la vie des hommes. Cela ne peut pas être autrement à cause du choc des ambitions. Mais dans ce genre de situation, il suffit de faire la meilleure appréciation des situations et apporter les arbitrages qu’il faut. A part cela, je ne vois pas ce qui peut altérer cette alliance. »

Ce fut donc un non catégorique, et pourtant, dans le même temps, les dirigeants du PDCI harcelaient Miaka Ouretto à qui ils disaient compter sur le même FPI avec lequel ils ne voulaient pas faire alliance. Miaka, excédé, fera ces confidences :

« Oui, il faut que je le dise ! Les responsables du Pdci m’appellent aujourd’hui et je n’en dors pas. Ils disent compter sur le Fpi. Les cadres m’appellent pour dire :  » Vous Fpi, faites tout, vraiment on compte sur vous pour dénoncer ce qui se passe ». Mais moi je leur réponds  » pourquoi m’appeler moi seul alors que vous êtes incapables quand vous vous réunissez de le dire en face de votre président ? Il faut dire à votre président que le FPI réclame des conditions d’élections justes et transparentes et que vous aussi vous le réclamez. Nous pensons que c’est fondé. Il faut le dire. Il ne faut pas seulement dire «c’est vers vous qu’on regarde». Vous regardez vers nous comment ? Parlez parce qu’il s’agit des problèmes de la Côte d’Ivoire. Et c’est ensemble que nous pouvons relever les grands défis qui sont ceux de notre pays »

Il ressort de ces confidences que le PDCI voulait seulement se servir du FPI pour faire aboutir ses revendications. Miaka Ouretto fut même invité au congrès du PDCI mais les choses ne bougeront pas d’un iota. Le PDCI accompagnera et soutiendra Ouattara jusqu’à ce qu’apparaissent aujourd’hui des divergences liées essentiellement à une promesse de pouvoir qui lui aurait été faite par un partenaire qui, désormais, semble vouloir s’accrocher à son fauteuil. A part cela, il n’y a pas aujourd’hui entre le PDCI et le RDR une divergence de fond, ni sur la vision des intérêts du pays, ni sur les multiples violations des droits de l’homme. En tout cas, si elle existe, cela reste un mystère pour tout observateur de la vie politique ivoirienne.

Dans ces conditions, le risque est grand de connaître à nouveau la déception de 2013 car le PDCI n’est pas encore arrivé au bout de son bras-de-fer avec Ouattara pour envisager une alliance avec le FPI. D’ailleurs, qui peut dire si ce parti n’espère pas secrètement que Ouattara revienne sur ses dispositions actuelles?

Il faut donc pour le moment laisser le PDCI aller jusqu’où il est prêt à aller avec Ouattara, avant d’envisager éventuellement une alliance qui puisse prendre véritablement en compte les intérêts du pays.
Voilà ce que je voulais dire] Hommage au passage au défunt camarade président Miaka Ouretto. Repose en Paix, digne fils de mère patrie.
Alexis Gnagno