L’initiative des deux gouvernements, ivoirien et ghanéen, semble manquer de planification et le risque d’un échec est très grand.

SUSPENSION DE L’EXPORTATION DU CACAO PAR LA CÔTE D’IVOIRE ET LE GHANA : UNE ISSUE INCERTAINE

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Le 11 juin 19, la Côte d’Ivoire et le Ghana, les deux principaux exportateurs de fèves de cacao ont annoncé la suspension de leurs exportations si les cours de ce produit restent en-dessous du plancher de 2600 $ (1 560 000 FCFA) la tonne.
Cette décision a été rendue publique conjointement par le Vice-Président de la République du Ghana et par le ministre de l’agriculture de la Côte d’Ivoire. Le 3 juillet prochain, les équipes techniques du Conseil Café Cacao (CCC), côté ivoirien, et le Cocoa Board, côté ghanéen, se retrouveront à Abidjan pour plancher sur les modalités pratiques de la mise en œuvre de cette mesure.

Il convient de rappeler que l’année dernière deux questions fâcheuses avaient mis à rude épreuve les relations de bon voisinage entre les deux pays. En effet, le conflit frontalier entre les deux pays au niveau du prolongement maritime de leur frontière commune s’était soldé par un échec total et amer pour le gouvernement Ivoirien. Ce dernier avait été le premier à ouvrir les hostilités en s’attaquant frontalement aux entreprises de droit ghanéen qui exploraient ou exploitaient le pétrole et le gaz dans cette partie des côtes maritimes revendiquée par les deux pays. Le régime ivoirien prenait ainsi à contre-pied la posture plus conciliante de son prédécesseur qui avait opté pour une approche diplomatique basée sur les négociations bilatérales entre les deux pays. Le Ghana n’avait pas d’autre choix que d’élever le conflit devant un tribunal arbitral. L’on se souvient que la décision arbitrale avait été sans appel pour la partie ivoirienne qui avait vu ses prétentions totalement rejetées par le tribunal. La Côte d’Ivoire avait perdu, en même temps, la totalité de ses ambitions sur les énormes réserves de pétrole et de gaz que regorgent les zones querellées, l’objet fondamental de ce conflit.

Dans la foulée, un malentendu s’était également révélé sur le prix d’achat du cacao aux paysans. En effet, alors que ce prix était fixé par le gouvernement ivoirien à 700 FCFA, il était de 900 FCFA du côté ghanéen. Le Chef de l’Etat ivoirien s’était déplacé en personne pour convaincre son homologue ghanéen d’aligner le prix d’achat du Ghana sur celui de la Côte d’Ivoire. Ce nivellement par le bas n’avait pas convaincu le Président Nana Akufo-Addo. L’amitié des deux hommes n’était pas suffisante pour contrebalancer l’une des promesses de campagne du Président Ghanéen. Ce dernier s’était engagé, pendant sa campagne victorieuse de 2016, à relever le prix d’achat du cacao aux paysans ghanéens. Or, avant sa prise de fonction, ce prix, tel que fixé par son prédécesseur, était déjà de 900 FCFA. A défaut de l’améliorer, il lui était difficile de le diminuer. Il ne pouvait prendre le risque de commencer la première campagne de cacao de son mandat par une telle décision sans se faire attaquer par une opinion ghanéenne très critique à l’égard de ses dirigeants. Le Ghana et la Côte d’Ivoire partagent une frontière de plusieurs centaines de kilomètres qui, en plus de traverser une zone de grande production cacaoyère, est très poreuse. Les paysans ivoiriens traversent allègrement et régulièrement la frontière pour vendre leur production au Ghana. Pour contrer cette contrebande qui affaiblit son économie, le gouvernement ivoirien a été obligé de mobiliser un grand nombre de forces police appuyées par des unités de l’armée. Finalement, les Chefs de l’Etat s’étaient retrouvés vers la fin du premier trimestre 2018 pour convenir d’une collaboration plus étroite sur cette question.

La décision de suspension des exportations du cacao apparait comme la concrétisation des engagements de collaboration que les deux pays ont pris. Cette collaboration mérite d’être applaudie et encouragée. Dans plusieurs de mes publications, je me suis toujours interrogé sur les raisons de ce manque de collaboration entre deux pays, voisins à la fois par la géographie, par l’histoire et la composition démographique. C’est pourquoi, tout en s’en félicitant, nous devons être critiques sur le fonctionnement de cette collaboration afin qu’elle ne fasse pas long feu comme le font souvent les initiatives africaines. Les deux pays doivent se montrer sérieux et résolument engagés sur l’harmonisation de leur politique commune de vente du cacao. Or, c’est justement au niveau de son caractère sérieux que l’annonce du 11 juin dernier inquiète. Elle a toutes les apparences d’un coup médiatique sensationnel tant sa mise en œuvre, dans le laps de temps qui reste à courir jusqu’au 1er octobre 2021, date de son effectivité, est très court. Trois raisons essentielles expliquent notre position. Elles sont d’ordre structurel, financier et économique.
Au plan structurel, la gestion et la commercialisation du cacao se font suivant deux organisations totalement différentes au Ghana et en Côte d’Ivoire. En Côte d’Ivoire, ce secteur a été totalement libéralisé. L’Etat garde un contrôle élastique sur cette filière bien qu’elle constitue la base de son économie. Pendant ce temps, le gouvernement ghanéen continue d’exercer un contrôle plus étroit sur son cacao. Le Ghana continue de rejeter toute idée de libéralisation de sa filière cacaoyère. Le Cocoa Board, l’organisme étatique chargé de la gestion du cacao ghanéen achète directement le cacao avec les paysans suivant le système de l’ancienne caisse de stabilisation ivoirienne. C’est auprès de cette structure que toutes les commandes des exportateurs agréés passent. Aucune multinationale n’est autorisée à aller acheter bord champ du cacao. La conséquence est que le prix que le gouvernement fixe à chaque début de campagne est respecté. Il n’est pas un prix indicatif mais un prix obligatoire puisque c’est l’Etat qui le fixe et c’est lui qui l’applique sur le terrain. En revanche, dans un contexte de libéralisation, le gouvernement ivoirien a très peu de moyens de coercition sur les acheteurs véreux ? de toutes les façons on ne peut reprocher, dans un système concurrentiel, à un acheteur habile de marchander son prix. C’est même le fondement de la libéralisation économique.

Le problème dans la commercialisation des produits de rentes est que les besoins des paysans (vendeurs) s’expriment tous au même moment. La campagne commence pendant la rentrée scolaire. Les besoins d’argent des paysans atteignent à ce moment leur sommet. En plus, ils ne sont pas maitres de la nature qui leur impose une période de récolte. La pression des besoins financiers et la période de récolte des produits coïncidant, les paysans deviennent fragiles vis-à-vis des acheteurs privés qui, il faut le rappeler, ne commettent aucune faute en marchandant le prix d’achat dans un contexte de libre-échange. C’est pourquoi, le prix annoncé au début de chaque campagne devient finalement un prix indicatif à la différence de ce qui se pratique au Ghana où l’Etat ne peut se dérober à son devoir de respecter le prix qu’il a lui-même fixé en tant qu’unique acheteur. C’est pourquoi, même si les deux pays décident de fixer un prix unique d’achat, il y a un risque que ce prix ne soit pas respecté sur le terrain, en Côte d’Ivoire, à cause des contingences ci-dessus relevées. Pire, dans le système de libéralisation, les stocks des produits échappent à l’Etat. Une fois acheté avec les paysans, le cacao devient la propriété des acheteurs qui sont en même temps les exportateurs. Sur quelle base juridique et même de bon sens l’Etat ivoirien s’opposerait à l’exportation d’un produit qui n’est pas le sien, surtout dans un système de vente anticipée. En effet, dans ce système, l’acheteur-exportateur agit en fonction de ses engagements pris un an avant en accord avec le CCC. Par conséquent, le risque qu’une mesure de suspension de l’exportation du cacao est plus élevé dans le contexte de libre-échange ivoirien que celui encore très centralisé du Ghana. On comprend que les deux pays veuillent contraindre les différents exportateurs à ne pas prendre d’engagements pour la campagne 2020-2021 sur la base de prix inférieur au plancher de 2600 $. L’arme est certes subtile mais très délicate dans son maniement car, économiquement, elle pourrait se retourner facilement contre les deux pays surtout que certains facteurs clés leur échappent.

Au niveau économique, plus de 80% des stocks du cacao se trouvent déjà dans les pays acheteurs dans les mains des négociants ou des chocolatiers. Pour le premier trimestre 2019, ce stock s’évaluait à environ 5 millions de tonnes. Soit plus d’une fois et demie la production annuelle des deux pays. Avec le système de vente par anticipation, les négociants ont déjà acheté une bonne partie de la récolte de la campagne qui va s’ouvrir le premier octobre 2019. Ces achats vont venir en augmentation des stocks résiduels de la campagne en cours qui se trouvent dans les silos des négociants. Informés de la décision des deux plus grands pays producteurs, ce sont ces négociants qui, en gérant avec parcimonie leurs stocks, vont créer une pénurie sur le marché afin d’engranger, au bout de compte, le maximum de plus-value. Nous rentrons dans l’ère de la haute spéculation. En définitive, c’est la barre de chocolat produite en France, en Angleterre, en Suisse ou aux Etats Unis qui va revenir plus chère. Donc la plus-value dégagée par la politique de suspension viendra augmenter les gains des chocolatiers et restera, de ce fait, dans les pays acheteurs. N’oublions surtout pas que la TVA est assise sur la valeur-ajoutée. Plus celle-ci est forte plus son produit est élevé. Donc celle-ci ne sera plus les 15 milliards de dollars qui font jalouser les deux gouvernements, mais encore plus. A supposer que la menace ivoiro-ghanéenne soit considérée comme sérieuse par les acteurs sur le marché international, il y a très peu de chance que l’effet sur les cours du cacao soit de longue durée. En effet, du fait du système de vente par anticipation, 80% de la production de la campagne 2019-2020 a été vendue aux cours actuels (2018-2019). Donc une éventuelle embellie des cours suite à une panique du marché, née de l’annonce des deux grands producteurs, aura très peu d’effets sur la rémunération des paysans, si tel est vraiment l’objectif premier de la décision de suspension des exportations des fèves de cacao. Le cours référentiel CAF (moyenne pondérée des ventes à terme et des ventes spots), qui sert de base à la fixation du prix d’achat imposé aux paysans, n’aura pas substantiellement changé au point d’impacter positivement celui-ci. Tout au plus, le CCC peut espérer engranger une importante plus-value consécutive aux reversements que les exportateurs lui feraient du fait de l’écart positif entre le prix référentiel d’achat et le prix réel d’enlèvement. Mais, ce ne sont là que de simples spéculations, ce d’autant plus que le marché est resté imperturbable. Au contraire, les 5 dernières séances de cotation à la bourse de Londres se sont soldées par une perte de 0,81%. Pourquoi une telle annonce, venant des deux plus grands producteurs de cacao, ne fait pas paniquer le marché. Parce que tout le monde sait que nous avons déjà mangé notre blé en herbes et que nous ne disposons pas la capacité financière pour mener ce combat à son terme.
L’obstacle financier sera certainement le plus difficile à surmonter par le Ghana et, surtout, par la Côte d’Ivoire pour sortir victorieux du combat qu’ils viennent de lancer. Nous ne cessons de le dire, et nous ne sommes plus seuls à le dire, la situation financière de la Côte d’Ivoire est inquiétante. Des voix moins politiquement marquées dénoncent la mauvaise gouvernance de l’Etat. La dernière publication du banquier Jean-Claude Nda AMETCHI confirme cette réalité que le gouvernement tente de cacher aux populations. La faiblesse structurelle de l’économie ivoirienne se ressent au niveau de son budget dont le déficit chronique est financé par la dette et le recours aux soutiens extérieurs. Dans sa dernière livraison, la Lettre du Continent révèle que le Gouvernement ivoirien attend avec frilosité que l’AFD lui décaisse environ 250 millions Euro dans le cadre du C2D. Le gouvernement vient de lancer un nouvel emprunt obligataire après celui raté du mois dernier. La structure de l’économie ivoirienne rend difficile la mission des administrations fiscales qui peinent, malgré tous leurs efforts, à mobiliser les recettes fiscales pour soutenir efficacement le budget. Les recettes fiscales ne représentent même pas 17% du PIB. Directement et indirectement, le cacao représente plus du tiers des recettes fiscales. En ce qui concerne les réserves en devises, elles sont alimentées pour l’essentiel par l’exportation du cacao qui fait plus de 40% des recettes d’exportation du pays. Dans ces conditions, comment le gouvernement s’y prendrait pour trouver les recettes pour combler le manque-à-gagner énorme qui résulterait inévitablement du gel de ses exportations de son cacao. Où trouvera-t-il les ressources nécessaires pour continuer d’acheter le cacao aux planteurs ? Avec une production annuelle de 2 millions cent tonnes, L’Etat, qui devra se substituer en la circonstance aux acheteurs, devra mobiliser la somme de 1470 milliards de FCFA pour collecter toute la production au prix actuel de 700 FCFA. A supposer que l’achat se fasse, où le gouvernement entend-t-il entreposer la production de toute une année sans la détériorer ? Le Cacao est certes important dans l’économie ghanéenne, mais pas dans les mêmes proportions que celle de la Côte d’Ivoire. Le Ghana, qui vient de détrôner l’Afrique du Sud dans l’exportation de l’or, a une économie plus diversifiée. L’impact budgétaire d’un gel des exportations du cacao sera de faible ampleur au niveau ghanéen. C’est la Côte d’Ivoire qui doit faire des efforts herculéens pour faire prospérer cette décision. Or les acteurs internationaux du commerce du cacao savent plus que quiconque les faiblesses des finances ivoiriennes. C’est pourquoi ils gardent toute la sérénité malgré l’annonce de cette décision de gel des exportations du cacao. Ils savent qu’en 1988, le Président Houphouët, qui avait pourtant une très bonne connaissance de la question, avait engagé ce combat et l’avait perdu. Ce fut d’ailleurs son dernier combat.
Pourtant, avec une meilleure planification et des choix économiques suffisamment élaborés, la Côte d’Ivoire aurait pu se donner les moyens de mener ce combat qui est juste dans son objectif. Nous ne cesserons de le dire, l’utilisation par le gouvernement ivoirien des acquis du PPTE a été un gâchis de sorte qu’ils ont eu très peu d’impact sur l’économie ivoirienne. Les choix économiques hasardeux, qui accordent la priorité au décoratif, ne pouvaient pas donner une assise solide à l’économie du pays. Il est clair que la décision de suspendre les exportations du cacao afin d’en accroître les gains au niveau des deux pays n’a pas été planifiée. Elle ne participe pas d’une politique de développement suffisamment pensée. Autrement, le gouvernement ivoirien aurait tiré profit des acquis du PPTE pour se donner les moyens logistiques, techniques et financiers pour changer en profondeur son économie cacaoyère afin de se préparer, en conséquence, au combat qu’il vient d’engager. Ne pouvant pas gagner le combat de la suspension des exportations, il reste au deux pays d’être très ingénieux dans leur approche pour porter la lutte ailleurs. Il faut la porter sur le terrain de la transformation in situ du cacao. Les deux pays peuvent agir de concert en imposant un quota et un niveau de transformation sur place à chaque exportateur. Soit L’exportateur accepte, soit il supporte une surtaxe fiscale dont le produit sera affecté à soutenir les industriels qui investiront dans la transformation sur place du cacao. Ainsi, au lieu de placer tous les exportateurs et tous les acteurs du marché international sous la menace d’une sanction collective qu’induirait une suspension des exportations, l’on les placerait plutôt en position de concurrence. Les deux pays en resteraient alors les maitres du jeu.
En ce qui concerne l’amélioration des revenus des planteurs, les deux pays peuvent et doivent se battre pour instaurer une taxe indirecte spéciale au niveau international avec l’appui des organisations de la société civile qui restent des acteurs influents de la politique dans les pays acheteurs. L’idée consisterait, par exemple, à produire des films sur les conditions de travail et de vie des producteurs de cacao afin de les mettre en rapport avec l’énorme bénéfice que tirent les chocolatiers et les autres industries qui dérivent du cacao. Il faut noter que 75% des 100 milliards $ sont gardés par ceux-ci (chocolatiers et autres industries dérivées). L’onde de choc que provoqueraient ces images seront les plus grands avocats des pays producteurs. Cette taxe fonctionnerait à peu près suivant le mécanisme de la TVA qui se répercutera dans la chaine jusqu’à atteindre les consommateurs finaux de chocolat qui demeure, après tout, un produit de luxe. Elle sera donc une sorte de taxe de solidarité aux paysans, qui se partagent moins de 6% du produit de l’industrie cacaoyère dans son ensemble dans l’état actuel des choses. L’idée serait que l’exportateur paie la taxe directement sur un compte spécial dont le produit sera destiné exclusivement à l’amélioration des conditions et du cadre de vie des planteurs. Ce compte devra être géré dans la plus grande transparence afin d’éviter que les gouvernements ne s’en accaparent et le détournent de son objectif exclusif. C’est pourquoi, le conseil de gestion de ce compte doit comprendre tous les acteurs y compris les représentants des exportateurs agissant pour le compte de tous les autres acteurs qui se trouvent en aval jusqu’aux industriels. Le produit de cette taxe peut servir, par exemple, à la réalisation de logements sociaux en milieu rural. Ces logements seront vendus à crédit aux paysans sur une longue période d’amortissement à un taux très résiduel. C’est le meilleur schéma de lutte contre la pauvreté endémique qui prévaut dans le milieu des paysans ainsi que les conditions de vie exécrables qui l’accompagne. La taxe payée par l’exportateur sera répercutée successivement sur les acteurs qui opèrent dans la chaine jusqu’au consommateur final du chocolat. Imaginons une taxe de 20 centimes $ (au cours de 600 FCFA) par kg de cacao produit en Côte d’Ivoire. Le produit de la taxe sur 2 millions de tonnes sera théoriquement de 240 milliards de FCFA (400 millions $). Cette somme représente une goutte d’eau dans l’immense mer des gains des chocolatiers et autres industriels. Personne ne peut contester que les paysans puissent tirer profit direct du commerce de ce qu’ils produisent avec peine. Une telle somme annuellement acquise peut servir à une banque nationale créée pour servir, entre autres cette cause, pour mobiliser sur le marché des capitaux, les moyens de financer tous les projets liés au développement du monde rural. Il y a quelques années, le gouvernement ghanéen avait utilisé les réserves du « Coaco Board » pour financer un vaste programme d’ouverture et de réfection des routes dans la zone productrice du cacao. Ce programme, connu sous le nom de « Cocoa roads », permet aujourd’hui une meilleure évacuation du cacao des zones de production vers les zones de stockage.
Des idées existent pour changer le cours des choses. Ce que dénoncent, à juste titre, les pays producteurs du cacao est, en fait, toute la gouvernance économique mondiale. Celle-ci repose sur la spécialisation des acteurs économiques. La division du travail est une constance du capitalisme. L’on oublie souvent que l’économie féodale, l’économie esclavagiste puis coloniale et le néo-libéralisme représentent chacune l’avatar de la précédente. C’est la même économie qui ne fait que s’adapter aux contingences de chaque moment. Il faut une dose de courage et d’ingéniosité pour combattre ce système qui prospère sur l’exploitation du plus faible sans considération raciale ou religieuse. C’est pourquoi il faut éviter les décisions hâtives, non suffisamment élaborées ni planifiées. Parce que chaque fois que ces décisions échouent, elles renforcent la position dominante de la classe exploitante. L’initiative des deux gouvernements, ivoirien et ghanéen, semble manquer de planification et le risque d’un échec est très grand. Mais j’aimerais tellement me tromper parce que, dans le fond, leurs prétentions sont plus que justifiées.
Le Ministre Justin Katinan KONE.
Porte-Parole du Président Laurent GBAGBO,
Vice-Président du FPI chargé de l’économie et de la Finance internationale
Premier Vice-Président de EDS chargé de la politique générale.
Justin Katinan Kone