la France au secours de l’Éducation nationale ivoirienne

Côte d’Ivoire : à Abidjan, la France va former plus de 10 000 enseignants d’Afrique

Et pour une fois la ministre Kandia Kamara s’exprimait dans un français sans fautes, probablement revu et corrigé pour les besoins de la parution dans un journal français !

Plus de la moitié des élèves de quinze pays d’Afrique francophone débutent leur scolarité dans le secondaire sans savoir ni écrire, ni lire.

L’entrée du lycée français Blaise-Pascal à Abidjan, en septembre 2008.
L’entrée du lycée français Blaise-Pascal à Abidjan, en septembre 2008. KAMBOU SIA / AFP

La France vient de créer à Abidjan un centre qui doit former en cinq ans plus de 10 000 enseignants de quinze pays d’Afrique subsaharienne francophone, où plus de la moitié des élèves débutent le secondaire sans savoir ni lire ni écrire.

Les autorités ivoiriennes ont inauguré la semaine dernière ce Centre de développement professionnel (CDP), saluant « une véritable aubaine ». « Compte tenu de la très grande proximité de nos systèmes scolaires, il nous a semblé important de créer ce CDP », explique Jean-Christophe Deberre, ancien directeur de la Mission laïque française, à l’initiative de ce projet. Il s’agit selon lui d’une « brique de plus dans la coopération entre la France et les pays d’Afrique francophone ».

Le CDP doit former le personnel de l’enseignement public français en Côte d’Ivoire et dans la sous-région, ainsi que ceux de l’enseignement privé. Le lycée international Jean-Mermoz à Abidjan, le plus grand établissement français du pays, abrite ses locaux.

Pendant une semaine, conférences, ateliers, journées portes ouvertes et tables rondes ont rassemblé plusieurs centaines de personnes, venues « s’informer et se former » aux métiers de l’éducation.

Relever le système éducatif

Le but est de former « en cinq ans plus de 10 000 enseignants et étudiants pour relever le défi de la qualité de l’enseignement », affirme François Clauzel, directeur du CDP. « Nous voulons mettre un terme à une vielle méthode qui consistait à réunir des enseignants, leur donner une formation théorique et les renvoyer dans leur classe », précise-t-il, promettant un suivi tout au long de leur carrière professionnelle.

La ministre ivoirienne de l’éducation, Kandia Camara, s’est réjouie de l’installation de ce centre « dans un environnement de plus en plus concurrentiel ». « (…) Ce centre innovant vient à point nommé pour combler des besoins pressants en matière d’ingénierie pédagogique, de formation initiale et de renforcement continu des capacités », a-t-elle souligné lors de la cérémonie inaugurale.

Le CDP doit permettre de relever le système éducatif des pays africains, de plus en plus critiqué pour la piètre qualité de ses acteurs et sa mauvaise gouvernance.

« Plus de la moitié (55 %) des élèves de quinze pays d’Afrique francophone débutent leur scolarité dans le secondaire sans savoir ni écrire, ni lire », souligne un récent rapport du Programme d’analyse des systèmes éducatifs (Pasec) des ministres de l’éducation d’Afrique francophone.

La qualité de la prestation des enseignants

« Ces élèves éprouvent des difficultés d’apprentissage (…) relativement importants dans le déchiffrage de l’écriture et la compréhension des mots », indique ce rapport financé notamment par l’Agence française de développement (AFD).

Une question récurrente en Côte d’Ivoire, essentielle à la fois pour les institutions et pour les parents d’élèves, est la qualité de l’enseignement et donc la qualité de la prestation des enseignants, selon un expert.

« Le facteur qui a le plus d’influence sur la réussite des élèves, c’est l’enseignant. Un bon enseignant, c’est celui qui va faire progresser très vite ses élèves », note Julie Higounet, responsable ingénierie formation à la Mission laïque française qui pilote le projet.

« Je souhaite vivement que ce Centre de développement professionnel nous aide à écrire ensemble de belles pages de l’histoire de notre école (…) », a poursuivi la ministre ivoirienne de l’éducation.

Pour Théodore Gnagna Zadi, à la tête d’une plate-forme qui regroupe une cinquantaine de syndicats du public et du privé, en majorité d’enseignants, « notre pays a commencé à régresser dans la qualité de l’enseignement : nos camarades ont besoin de cet instrument pour stopper l’hémorragie et relancer le système ».

Le Monde avec AFP