Grève des Fonctionnaires: ce qui ne peut être négocié

 LA QUESTION CENTRALE QUI MOTIVE LA GRÉVE DES FONCTIONNAIRES

Les fonctionnaires et agents de l’Etat de Côte d’Ivoire sont en grève depuis le 9 janvier 2017. Outre la revendication du paiement, par l’Etat, du stock des arriérés de salaires auquel le gouvernement veut se soustraire, la question de la retraite est sans aucun doute l’un des points que les fonctionnaires et agents de l’Etat considèrent comme non négociables. Pour la bonne compréhension, par les Ivoiriens, des enjeux de cette question relative à la pension de retraite, il nous faut donner quelques explications complémentaires au sujet des points clés qui constituent encore la pomme de discorde entre le gouvernement et les fonctionnaires à travers la plate-forme syndicale.

Indiquons tout d’abord que l’ordonnance 2012 – 303 du 04 avril 2012 portant réforme des pensions civiles, remet en cause 3 points essentiels :

– La valeur du taux d’annuité liquidable ;
– La valeur de l’indice ou du salaire de référence ;
– Les questions annexes liées à la famille du retraité (la date de jouissance de la pension de réversion et la bonification pour famille nombreuse 😉.

Notre exposé se limitera volontairement aux deux premiers points qui déterminent la valeur de base mensuelle de la pension.
La valeur de la pension peut être calculée par la formule suivante: Vp = Na x Ta x Sr (1)
Vp : Valeur mensuelle de la pension
Na : Nombre d’années effectuées
Ta : Taux d’annuité liquidable
Sr : Salaire de référence

Pour bien comprendre ce que perdent les fonctionnaires qui doivent jouir de leur pension de retraite, avec l’application de la nouvelle ordonnance, faisons une comparaison entre l’ancienne loi et cette ordonnance de 2012 qui la remplace, en appliquant la formule ci-dessus.

Sous l’ancienne loi, si nous prenons un fonctionnaire qui a effectué 30 années de service, et qui a terminé sa carrière avec un salaire de référence de 500 000 CFA, nous pouvons calculer aisément la valeur mensuelle de sa pension en appliquant la formule (1).

Pour Ta = 2 %, Na = 30 Sr = 500 000

Vp = (2 x 30 x 500 000 )/100 = 300 000 CFA

Alors que sous l’ancienne loi, le salaire de référence est le dernier salaire du fonctionnaire au terme de sa carrière, sous l’ordonnance de 2012, le salaire de référence est plutôt la moyenne des salaires des 5 dernières années. Ce qui veut dire que, pour ce fonctionnaire, le salaire de référence va se situer dans le meilleur des cas entre 450 000 CFA et 500 000 CFA.

Si nous appliquons 450 000 CFA comme salaire de référence, alors la valeur mensuelle de la pension sera de :
Vp= (1,75 x 30 x 450 000)/100 = 236 250 CFA

Vous comprenez que ce fonctionnaire qui espérait avoir une pension mensuelle de 300 000 CFA, se retrouve finalement avec 236 250 CFA, soit un manque à gagner de 63 750 CFA, soit une réduction de 21, 25 %, c’est-à-dire qu’il perd plus de 1/5 de sa pension, ce qui correspond à deux mois et demi de salaire tous les ans.(tableau en annexe).

En conclusion : La question de la retraite, au-delà de tous les commentaires tendancieux, pose un réel problème social. Les chiffres que nous venons de donner indiquent que les deux questions centrales sont d’une part, la définition du salaire (ou de l’indice) de référence de base, et d’autre part, le taux d’annuités liquidables. Face à ces questions, les concessions relatives à la jouissance immédiate de la pension de réversion et la bonification pour famille nombreuse apparaissent comme des moyens de distraire les fonctionnaires. L’essentiel est ailleurs, c’est-à-dire au niveau de la pension de retraite dont les effets intéressent directement ou indirectement aussi bien les fonctionnaires à la retraite, ceux en activité que les Ivoiriens en quête d’un premier emploi à la fonction publique ivoirienne.

Les fonctionnaires et agents de l’état sont donc en lutte pour une cause juste. Camarades, restons vigilants, sereins et déterminés.

POUR L’incassable Synares.
Le scrétaire général par intérim
GLIN LEON.

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Memel Lafoi