Edito : Duékoué, pour sa liberté et sa dignité !

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Doê-Kpé. C’est le nom originel de Duékoué. Et qui signifie «sur le dos de l’éléphant». Ce sont deux montagnes qui forment le dos d’un éléphant. C’est sur le sommet de la montagne qu’on voit plus loin. On a une vision claire et efficace. Et l’éléphant c’est la force. Malheureusement le dos de l’éléphant a pris un sacré coup. Un coup dur. Un coup qui fait mal. Un coup fatal. Heureusement qu’il y a des personnes de bonnes volonté qui ont décidé de restaurer la liberté et la dignité de cette ville. En décidant d’y organiser la Fête de la liberté, le Front populaire ivoirien remet les pendules à l’heure. Personne ne voulait rater cet événement historique. Ni pain ni de la sardine ni de sac de riz par personne ni d’espèces sonnantes et trébuchantes ni don de pagnes, les militants du Fpi, les démocrates, les personnes éprises de paix et de justice se retrouvent, dans un élan d’extraordinaire de mobilisation à Duékoué. En provenance des villes et hameaux de la Côte d’Ivoire. Il y en a qui sont même venus de l’extérieur. Et le confrère Saint-Claver Oula de dire : «Leur présence, ils la mettent à profit pour non seulement s’immerger dans la douleur des parents des victimes mais surtout ériger à un endroit précis et bien visible une «première pierre» qui amènera une stèle en leur mémoire. Sans déterminer la couleur politique et religieuse des martyrs, les hommes de Laurent Gbagbo ont affiché une ferme volonté de marquer d’une empreinte indélébile leur mémoire. C’est tout un symbole qui ouvre la voie au pardon sur la base de la reconnaissance de nombreux dommages à l’endroit d’un peuple. Le peuple Wê voué aux gémonies pour, dit-on, son soutien indéboulonnable à l’opposant historique de Félix Houphouët-Boigny».

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Derrière madame Gbagbo, on remarquera madame Kahé, l’épouse du ministre en exil; tous deux ont mis à la disposition du FPI leur résidence hôtelière, encore en cours de restauration, mais dont les magnifiques jardins et le préau ont permis d’accueillir et restaurer les convives

La plus grande gloire dans la vie ne réside pas dans le fait de ne jamais tomber, mais dans celui de se relever à chaque fois que nous tombons. Et la ville de Duékoué renaît de ses cendres. Des sanglots, des pleurs se conjuguent au passé. Malgré les morts, ils sont sortis nombreux. Désormais, la peur s’est éloignée du grand Ouest tétanisé depuis les massacres de 2011. C’est l’heure de la résurrection. Et de la restauration de cette ville martyre. Une ville qui a payé un lourd tribut à la crise postélectorale. Des dizaines de milliers de personnes ont été assassinées, consumées par le feu ou englouties dans les fosses de la haine de gens sans foi ni loi. La Fête de la liberté, un bel hommage à cette ville. Et à toutes les villes de l’Ouest. A Duékoué, l’on était dans la ferveur, la joie, la danse et le bonheur de se retrouver pour la Fête de la liberté. Et c’est le ministre Lazare Koffi Koffi qui a raison de dire : «Il nous faut les pleurer, pour leur manifester à la fois notre amour et notre reconnaissance pour ce qu’ils ont été pour nous et ce qu’ils ont fait pour le parti et le pays. Le faire, ce n’est point entretenir un quelconque esprit revanchard, mais rappeler à la mémoire collective la stupidité gratuite de certains agissements, l’arbitraire de certains actes dans les rapports humains. Ils sont allés à Duékoué pour magnifier la vie convaincus que ces morts nous interpellent et attendent d’être justifiés. Ces morts étant à leurs yeux des héros et des martyrs, c’est dans leur sang de héros et de martyrs que la graine de la vie doit pousser, c’est dans leur sang que la nouvelle Côte d’Ivoire doit prendre naissance, c’est dans leur sang que va jaillir leur espérance en une nation de justice et de liberté».

Duékoué a avalé toutes les couleuvres. Elle a vu des vertes. Elle a fui et porte une voile mystique. Loin du brouhaha politique. Sous le soleil, dans la solitude, elle a accepté la main tendue du Fpi. Sans haine ni rengaine. Et Duékoué n’a pas de haine. Duékoué n’a pas oublié. Mais Duékoué a pardonné. Et appelle à la réconciliation, au rassemblement des fils et filles de la Côte d’Ivoire, pour la construction d’une Nation de paix. Les masques ont exorcisé le mauvais sort jeté sur Duékoué. Une terre sacrifiée et brisée. Bonne lecture. Allons-y seulement. Haut les cœurs. La liberté vaincra. Que Dieu bénisse la Côte d’Ivoire. A la semaine prochaine. Inch’Allah !
Yacouba Gbané
Yacouba Gbané