Cpi : Les témoignages qui confirment l’innocence de Gbagbo

Le procès du Président Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé est en cours depuis le 28 janvier 2016. La première phase de ce procès historique et unique au monde qui a vu défiler 82 témoins présentés par le Bureau du procureur dirigé par la Gambienne Fatou Bensouda a duré 2 ans. A travers ces témoignages, l’équipe de Bensouda devait produire les preuves irréfutables qui démontrent avec précision que c’est bel et bien Laurent Gbagbo et son co-accusé qui ont planifié et faire tuer des 7 femmes d’Abobo lors de la marche du 3 mars 2011. L’Accusation devait en suite démontrer que c’est grâce à un «plan commun» mis en place par Laurent Gbagbo que les Fds auraient lancer des obus sur le marché Siaka Koné d’Abobo le 17 mars 2011. L’Accusation avait également à apporter la preuve indiscutable que c’est également dans le cadre d’«un plan commun» organisé par Laurent Gbagbo qu’il y a eu mort d’hommes à Cocody lors de la marche sur la Rti en décembre 2010 et à Yopougon en 2012. Pourtant à aucun moment, ni les témoins civils (composés à des militants du Rdr), ni les experts, ni les Généraux n’ont pu apporter la moindre preuve de faits incriminés pouvant établir la culpabilité des accusés (Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé).

Le démenti des Généraux

Parmi ces témoins de l’Accusation, tout le monde attendait la déposition des Généraux, qui sont sensé, en réalité, être les «auteurs principaux» des crimes dont Laurent Gbagbo et Blé Goudé seraient les «co-auteurs». Etant les donneurs d’ordre aux soldats sur le théâtre des opérations, leurs témoignages étaient très capitaux dans ce procès. Mais à la fin, ils ont purement démenti les accusations de Bensouda. Faisant s’écrouler ainsi tous les espoirs de l’Accusation.  A propos de la supposé tuerie des 7 femmes d’Abobo, le Général Philippe Mangou, qui était le premier responsable des Fds au moment des faits est formel. «Nos hommes n’étaient pas concernés», avait-il martelé à la barre lors de sa déposition le jeudi 28 septembre 2017. Dans la même veine, le Général Detho Letho ne dit pas autre chose. Pour l’ancien Commandant des opérations à Abidjan au moment des faits, il n’est pas possible que ce soit les Fds qui aient tué ces femmes. «Nos éléments ne sont pas sortis du camp commando, ils ne pouvaient pas le faire. Il n’a été question que ce soient des éléments des Fds qui soient partis sur le lieu de la marche. Je peux l’affirmer aujourd’hui, que nos éléments étaient tous au camp commando d’Abobo. Et personne ne pouvait sortir de là. Le 3 mars, aucun élément, que ce soit de façon isolé, ne pouvait être sur le lieu à Abobo», a soutenu de façon catégorique Detho Letho. Sur le bombardement du marché Siaka Koné d’Abobo, il a été prouvé qu’il y a eu du faux encore. «L’Opération des nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci) a dépêché jeudi après-midi, une patrouille robuste accompagnée d’experts des droits de l’homme pour s’enquérir de la situation à Abobo où il avait été fait état de tirs à l’arme lourde sur le marché local. L’équipe sur place a pu observer que des forces armées du camp du président Gbagbo ont tiré au moins six projectiles sur le marché et ses environs causant la mort de 25 à 30 personnes et faisant entre 40 et 60 blessés…». Tel est le communiqué produit par l’Onuci le 17 mars 2011, jour du prétendu bombardement du marché Siaka Koné d’Abobo. Le lendemain (vendredi 18 mars 2011), l’Onuci revient à la charge et écrit : «L’examen par l’Opération des nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci) des projectiles tirés jeudi après-midi au marché d’Abobo et dans ses environs lui permet de confirmer qu’il s’agissait d’obus de mortiers de 81 mm. Les forces de sécurité du camp du Président Gbagbo ont tiré les obus à partir d’un camp militaire faisant une centaine de victimes (tués et blessés confondus)…». Ce qui étonnant dans l’affaire, c’est que Bensouda parle d’obus de 120mm alors que les experts de l’Onuci évoquent les obus de 81mm. Selon les Généraux-témoins à charge et donc censé confondre les accusés, c’est tout le contraire. Pour le Général Mangou, il est impossible d’utiliser des mortiers en plein milieu urbain. «Si on le faisait, je ne pense pas qu’Abobo serait ce qu’il est aujourd’hui», affirme-t-il. Relativement à ce bombardement du marché Siaka Koné, le Général Detho Letho soutient qu’il est impossible, d’un point de vue technique, que ce bombardement ait eu lieu. Pour lui, un mortier de 60 mm n’aurait pas atteint le marché Siaka Koné, vu la configuration architecturale d’Abobo. Selon lui, «un tel bombardement aurait laissé des trous de marque dans le marché».

Quant les experts de Bensouda la désavouent

Le témoignage des experts dans ce procès était très important pour l’Accusation. Car si les faits allégués étaient vrais, ces experts devaient les relever leurs rapports. Mais là encore, il n’y avait rien de nouveau sous le soleil. Puisque ces experts attendus ne sont pas allés dans le sens de l’Accusation. Désavouant ainsi leur mandant. En effet, n’ayant pas pu obtenir d’éléments convaincants, pouvant faire condamner Laurent Gbagbo et Blé Goué, l’Accusation s’appuyer sur les experts. Luis Mattheus est expert en criminalistique. Il est surtout spécialisé dans le traitement des images et vidéos. Sur les faits liés au présumé assassinat des femmes d’Abobo, lors de la marche du 3 mars 2011. Il devait dire si la vidéo portant sur cette marche a été manipulée ou pas. «Cette vidéo est différentes de la vidéo que j’ai authentifiée. Il faut suivre la même image. Ça peut être corruptible parce que cette vidéo ne donne pas une meilleure image des évènements qui s’y déroule. C’est pour cela que j’ai dit à la Chambre qu’afin de comprendre les évènements, il est important de visionner les deux fichiers vidéo…», avait indiqué le témoin. L’expert a admis des erreurs dans le travail qui a été fait, notamment dans les numérotations des échantillons. Par exemple, alors qu’une partie du rapport du Nfi sur les analyses affirme que la victime 1 était de sexe masculin, l’Adn de la dent qui serait de cette victime indique qu’il s’agit plutôt d’une femme. «Nous avons fait des tests pour déterminer s’il y avait des traces de sang. Nous avons vu des taches suspectes sur le t-shirt, et nous avons donc effectué des tests pour déterminer si c’était du sang. Après nos analyses, tous les tests étaient négatifs…». Avait conclu cet expert. «L’état du t-shirt est impeccable, surtout à la lumière du fait qu’il a été enterré il y a de nombreuses années. L’état du t-shirt exclut toute usure ou déchirure…», avait soutenu Atte Kloosterman. En ce qui concerne Charles Finch (l’expert en engins explosifs), il a soutenu qu’il n’y avait aucune trace de cratère d’obus sur le site du marché Siaka Koné. «Merci monsieur le témoin, nous allons passer ensuite au sujet numéro 2 mais j’ai un petit éclaircissement à vous demander. Avez-vous vu aussi un deuxième site sur ce marché ce jour-là, le marché de Siaka Koné?» Comme on le voit, aucun des experts sur lesquels Bensouda comptait pour convaincre les juges sur la culpabilité des accusés, les ont plutôt innocentés.

F.B, LeTempsinfo.com