« Aujourd’hui, on voit où en est le procès »

Entretien de  Guy LABERTIT, lors de la manifestation de la diaspora togolaise à Paris/Bastille, Il est revenu sur l’incarcération arbitraire de Laurent Gbagbo à La Haye.

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Monsieur Guy Labertit, il n’y pas longtemps des médias français ont sorti des dossiers concernant la détention de votre ami Laurent Gbagbo que certains jugent arbitraire. Qu’en est-il aujourd’hui après ces révélations qui menacent la crédibilité de la Cour?
Je suis membre du Parti socialiste et adjoint au maire de la première ville du Val de Marne, Vitry. Ce n’est pas en tant qu’ami de Laurent Gbagbo que j’interviens, mais en tant qu’analyste de la situation. Je constate d’abord que ce ne sont pas les médias français qui ont sorti des choses mais c’est à la charte européenne que les pratiques du procureur Ocampo à la CPI ont été mises à la lumière. A savoir ces trafics financiers avec ses comptes offshores et aussi les conditions dans lesquelles, il a fait procéder à l’arrestation du président Gbagbo en violant, d’ailleurs, tous les principes du droit international avec le soutien diplomatique de la France à l’époque. Je crois que c’est ça qui a été révélé.
Aujourd’hui, on voit où en est le procès. On voit que depuis maintenant deux ans, les témoins à charge du procureur ont fini pratiquement de défiler et qu’il n’y a pas une seule charge qui a été retenue pouvant conduire à une condamnation pénale du président Gbagbo. Je considère donc qu’aujourd’hui tout le travail que nous avons fait pour dénoncer les conditions de son arrestation et tout ce qui s’était passé se trouvent parfaitement justifié. Je dis hélas, pour lui, puisqu’il est enfermé injustement depuis six ans et demi. On a eu à faire un grand battage médiatique. Mais, au fond, quand on est devant la justice, devant un procès on se rend compte qu’il n’y a aucune charge. Pourtant, tous les témoins à charge ont défilé à la Haye.

Malgré tout, sa demande de liberté provisoire est toujours rejeté, et il est maintenu en détention . Que compte faire l’Union européenne et la France ?
Je ne suis pas habilité à parler de ce que fera l’Union européenne ou même la France. Ce que je sais en tous cas, c’est que les plus hauts responsables d’Europe et de France, y compris le Président Emmanuel Macron sont parfaitement au fait de cette situation, et c’est à eux de faire leur choix politique. Je crois que le développement des faits, le regard de l’histoire montre que les positions que j’ai défendues depuis pas mal d’années, se trouvent confortées par la réalité et la vérité. C’est tout ce que je puis dire. Maintenant, que les responsables politiques au plus haut niveau prennent eux-mêmes leur responsabilité. Je sais aussi que certains chefs d’Etats d’Afrique ont clairement exposé leur gêne vis-à-vis de cette Cpi. D’ailleurs, l’Union africaine, globalement, a pris une décision de délibération disant qu’il fallait s’en retirer.
Chaque Etat devant prendre ses responsabilités, ça c’est une chose. Deuxièmement, au niveau des puissances européennes et notamment de la France, qui a quand même contribué à la création de cette situation, il est temps que les nouvelles autorités, puisqu’on parle d’un monde nouveau, prennent leur responsabilité sinon, on pourrait être tenté de croire qu’au fond, c’est la même politique dans de vieilles marmites qui est exécutée par des gens qui se présentent comme étant d’un monde nouveau.

Propos recueillis par Paulin Gessler à Paris.
communiqué par Serge Koffi