Discours de clôture

COMMÉMORATION DE LA DATE DU 11 AVRIL 2011 A ACCRA

Mesdames et Messieurs,
Chers camarades,

Nous voici rassemblés ici à Accra, en ce 11 avril 2018.
11 avril, une date dont l’écho sonne comme une bombe sur nos têtes et dans nos oreilles !
11 avril, une date triste remplie de nos douleurs et de nos souffrances qui durent depuis sept ans maintenant.
Oui, mesdames et messieurs, lorsque, après ce jour fatidique du 11 avril 2011, les nombreux ivoiriens que nous sommes avons décidé de prendre le chemin de l’exil devant l’indicible barbarie qui venait de s’abattre sur notre chère nation, personne d’entre nous ne s’imaginait être encore en exil le 11 avril 2018.
Ni les analyses politiques les plus inspirées, ni les prophéties ne voyaient des ivoiriens en si grand nombre contraints de rester loin de la mère patrie 7 années plus tard.

Pourquoi le Bureau de la Coordination FPI en exil a-t-il décidé de cette journée de commémoration ?
Pour nous et pour la Côte d’Ivoire le 11 Avril 2011 n’est pas qu’une simple date comme toutes les autres. C’est un événement qui consacre l’aboutissement d’un long processus de reprise en main de la destinée de la Côte d’Ivoire par l’impérialisme pour mettre fin à la volonté d’indépendance et de souveraineté du peuple ivoirien. C’est donc aussi le début de la néo-colonisation de la Côte d’Ivoire au service des intérêts étrangers, notamment français.

11 Avril 2018, sept années après, permettez-moi de jeter un regard rétrospectif et de faire un état des lieux actuel de la situation afin d’en dégager les perspectives pour un avenir meilleur. Car toute situation est un enseignement si nous savons en tirer des leçons constructives pour l’homme, par l’homme et avec l’homme pour une société meilleure.

Notre rassemblement de ce jour vise donc les objectifs suivants.

1. Témoigner à la face du monde et de la fameuse communauté internationale que 7 ans après la crise post-électorale de 2010-2011, des Ivoiriens sont contraints à l’exil par le régime qu’elle a installé au pouvoir en Côte d’Ivoire.
2. Nous souvenir de cette période sombre de l’histoire de notre pays
3. Tirer les leçons de cette douloureuse expérience
4. Enfin dégager les perspectives d’avenir.

I – UNE JOURNÉE POUR NOUS FAIRE CONNAITRE
La situation des réfugiés ivoiriens est classée comme non prioritaire par les organisations internationales (HCR, PAM) et par les gouvernements des pays occidentaux.
Ainsi, selon le HCR Ghana, les bailleurs de fonds ne s’intéressent plus aux réfugiés ivoiriens et ont désormais les yeux et l’argent tournés vers la RDC, le Soudan, la Syrie, etc.
Le PAM, depuis septembre 2015 a interrompu son assistance en vivres. Et pourtant nous sommes entre 50.000 et 60.000 ivoiriens qui continuons de connaitre les difficultés de l’exil dont :
• 20.000 à 30.000 au Libéria
• 15.000 au Ghana
• 2.000 au Togo
• 2.000 au Bénin
Des nombreux autres ivoiriens dont le nombre n’est pas connu vivent leur exil au Maroc, en Algérie, en Tunisie, en Libye, en Mauritanie, en Guinée Conakry, au Mali et au Cameroun en ce qui concerne l’Afrique.
Hors du continent africain, on retrouve des réfugiés ivoiriens en France, au Royaume Uni, en Italie, aux États-Unis d’Amérique, au Canada et même en Australie.

On dénombre parmi ces réfugiés de hautes personnalités, anciens collaborateurs du président Laurent Gbagbo :
• 15 ministres
• 03 ambassadeurs
• 06 directeurs généraux de l’administration et d’entreprises publiques
• 04 Présidents de Conseil d’Administration d’entreprises et d’Institutions publiques
• 01 député
• 01 maire
• 01 conseiller économique et social
• Une cinquantaine de directeurs centraux et membres de cabinets ministériels
• Des hommes de Dieu
• Des membres de la famille du Président Laurent Gbagbo

Ces exilés, en plus des difficultés existentielles sont l’objet d’un harcèlement permanent de la part du régime ivoirien :
De nombreux mandats internationaux à leur encontre
Des enlèvements (Moïse Lida Kouassi, Charles Blé Goudé, Jean Noël Abéhi, Jean Yves Dibopieu)
Des tentatives d’enlèvement
* Justin Koné Katinan qui, avec cinq tentatives, en détient le record : deux fois au Cameroun, trois fois au Ghana
* Ahoua Don Mello au Cameroun
* Emile Guiriéoulou au Ghana
Certains de nos camarades qui ont décidé volontairement de mettre fin à leur exil ont été mis aux arrêts à leur arrivée en Côte d’Ivoire, jugés de façon expéditive et condamnés à de lourdes peines de prison : Hubert Oulaye, Assoa Adou. Plus chanceux, le ministre Lia Bi a pu s’éclipser à temps pour retrouver le chemin bien connu de lui de l’exil au Ghana ; ce qui nous vaut d’ailleurs le « plaisir » de le voir présider aujourd’hui le comité d’organisation de la présente cérémonie de commémoration. Comme on dit « à quelque chose, malheur est bon » !
Des réfugiés rapatriés par le HCR ont été assassinés à leur retour notamment à l’ouest par des hommes armés qui occupent leurs terres.
Nombre de nos frères et sœurs sont, hélas, décédés en exil. Ils sont plus de 300 en ce qui concerne le Libéria, le Ghana, le Togo et le Bénin. Parmi les plus connus, on peut citer :
1. Le Ministre d’Etat Paul Antoine Bohoun Bouabré
2. Le Maire Gnan Raymond
3. Le Maire Diagou Gomont Jean Baptiste
4. Le Député Déhé Gnahou Gilbert
5. Le Député Mamadou Ben Soumahoro
6. Le Commissaire Gnahoua Kabila
7. Le Colonel Ahouman
8. Le Colonel Kolaï Bertin
9. Atsé Jean Claude de la JPDCI
10. Félix Winlé, chargé de mission du Président Laurent Gbagbo
11. Pouho Richard, un cadre de Toulépleu
12. Djakiss, de la JFPI
13. Le Conseiller économique Désiré Porquet, décédé trois mois après son retour au pays.
Voilà donc la réalité des réfugiés et exilés ivoiriens que l’on veut cacher. Il est donc de notre devoir de dénoncer cette omerta qui est mise sur notre sort.

II – UNE JOURNÉE DE SOUVENIR
Dans l’histoire de la Côte d’Ivoire moderne, la date du 11 avril 2011 restera comme une date incontournable. De même qu’au Ghana, le 24 février 1966, jour du coup d’Etat militaire qui a renversé le Président Kwame Nkrumah, est désormais consacré comme « SHAME DAY », c’est-à-dire « LA JOURNÉE DE LA HONTE », demain, dans la Côte d’ivoire nouvelle, le 11 avril 2011, sera déclaré « LA JOURNÉE DE L’IMPOSTURE ».

En attendant ce moment, nous devons chaque année en faire une journée du souvenir. Car un peuple qui oublie son histoire est un peuple sans âme. Nous ne devons donc jamais oublier que ce 11 avril 2011, les forces impérialistes avec à leur tête la France se sont coalisées avec leurs valets locaux pour étouffer la démocratie ivoirienne et briser momentanément l’espoir d’un peuple décidé à prendre son destin en main et à s’assumer comme l’égal des autres peuples du monde dans la fraternité et le respect mutuel.

Non, chers frères et sœurs, nous ne devons jamais oublier l’humiliation qui a été faite au vaillant peuple de Côte d’Ivoire qui ce jour-là a été tétanisé par les images choquantes de l’arrestation et du transfert à l’Hôtel du Golf au cri de « Allah Akbar » de son Président bien aimé, Laurent Gbagbo, images que les bourreaux passaient en boucle avec une délectation morbide sur leurs chaînes de télévision propagandistes. En voyant ces images, résonnaient en moi ces paroles du Président Laurent Gbagbo en réponse aux questions d’un journaliste de LCI le 5 avril 2011 : « Aujourd’hui, la France est directement entrée en guerre contre nous ».
Au cours de cette même interview, le Président a répondu à plusieurs reprises au journaliste qui le questionnait « ILS N’ONT PAS GAGNÉ ». Et le 5 décembre 2011, à La Haye, il a encore dit : « LA QUESTION EST DE SAVOIR QUI A GAGNÉ LES ÉLECTIONS DE 2010 CAR C’EST CELUI QUI N’A PAS GAGNÉ QUI A CRÉE LES TROUBLES ». Camarades, c’est aussi une vérité dont ne devons jamais nous départir. Car, en effet, « ILS N’ONT PAS GAGNÉ !!! ».
Non, chers camarades, même si elles sont dures et justement parce qu’elles sont dures, nous ne devons jamais oublier les images de la Première Dame Simone Gbagbo maltraitée, injuriée de façon grossière, par des rebelles enivrés par leur haine et aussi par l’alcool volé à la résidence présidentielle.

Nous ne devons jamais oublier Désiré Tagro, la mâchoire fracassée à coups de kalachnikov, ensanglanté et abandonné avant de rendre l’âme vidé de son sang sans assistance.
Nous devons avoir en mémoire le sort du Colonel Gohourou Babri Hilaire, abattu par des snipers depuis la résidence de l’ambassadeur de France ni ces milliers de jeunes massacrés devant la résidence du Président et ces étudiants exterminés sur le campus de Cocody.

Nous avons connu en Côte d’Ivoire une guerre à l’issue de laquelle, les vainqueurs n’ont jamais montré aucun prisonnier de guerre. La conclusion à tirer de cet état de fait est que tous ceux qui ont été faits prisonniers en avril 2011 ont tous été exécutés. Cela aussi, nous ne devons pas l’oublier.
Les victimes d’Anonkoua Kouté et les mille Wê tués deux semaines plus tôt les 28 et 29 mars 2011 au quartier carrefour de Duékoué et dans le village de Niambly, ainsi que ceux de Nahibly et d’Adébem méritent que leurs souvenirs ne s’évanouissent jamais en nous.

A ces morts de 2010-2011, nous devons associer la mémoire de ceux tombés en 2002 : Emile Boga Doudou, les Colonels Dagrou Loula, Dalliy Oblé et Yodé, le Général Robert Guéï, Marcellin Yacé, les gendarmes de Bouaké, les danseuses d’Adjanou de Sakassou et tous les anonymes tués dans leurs villages.

III – LES LEÇONS A TIRER
Depuis le 11 avril 2011, avec la chute du gouvernement du Président Laurent Gbagbo, la Côte d’Ivoire, notre pays connait la fin brutale non seulement d’un régime mais également l’arrêt de plusieurs acquis :
• La fin d’un processus de développement bien pensé
• La fin de la démocratie
• La fin d’un processus d’indépendance et de souveraineté nationales
• La fin de la liberté d’expression et de mouvement
• La fin de l’harmonie entre les peuples et de la cohésion sociale
Une bourgeoisie compradore, avec à sa tête, le couple présidentiel, au service des intérêts étrangers, s’est installée au pouvoir et s’adonne avec ses maîtres au pillage des ressources du pays de façon outrancière. Les scandales de tout genre se suivent et se ressemblent dans l’impunité la plus totale.

Ainsi ce coup d’arrêt du 11 avril 2011 marque le début du retour à une politique à laquelle le Président Laurent Gbagbo s’attelait patiemment et méthodiquement à mettre fin :
• La promotion de la médiocrité avec le « rattrapage ethnique »
• La soumission à l’impérialisme : tous les acquis pour nous prendre en charge en tant qu’africains et affirmer notre souveraineté sont totalement anéantis.

Nous devons donc prendre conscience de la volonté de la France de ne pas laisser la Côte d’Ivoire s’autodéterminer et de continuer de la maintenir dans son pré-carré dont elle constitue le fleuron.
Il est bon que nous ne perdions pas de vue les motivations de la France depuis qu’elle a mis pied en Côte d’Ivoire depuis près de 200 ans.
En effet, quand elle prend pied en Côte d’Ivoire en 1842 avec la mission française d’implantation confiée à Bouët- Willaumez par le roi Louis-Philippe Ier, la France assigne deux objectifs à cette mission :
• Faire de la Côte d’Ivoire une zone d’appui stratégique pour faire échec à l’implantation anglaise en Côte d’Or ;
• Établir des relations commerciales avec les chefs locaux
Ces objectifs n’ont jamais changé pour la France. Ce sont les méthodes qui évoluent pour s’adapter au temps et aux circonstances. C’est ce que le Président Laurent Gbagbo a appelé « le réajustement de la politique coloniale » de la France.
Ainsi quand en 1893, la France décide de faire de la Côte d’Ivoire une colonie indépendante détachée des Rivières du Sud, elle y organise des missions d’exploration tous azimuts pour délimiter la colonie, connaître les peuples qui l’habitent, découvrir ses richesses afin de mieux l’exploiter.

En 1944, le général De Gaulle organise les états généraux de la colonisation à Brazzaville, la fameuse « conférence de Brazzaville » dans un contexte particulier. La France au sortir de la Guerre est exsangue et économiquement faible. Elle est soumise au Plan Marshall donc sous domination américaine pour sa reconstruction.
C’est pour contourner cette domination ou du moins en atténuer les effets que De Gaulle organise les états généraux pour faire le point des richesses de son empire colonial en Afrique.

Par ailleurs, la seconde guerre avait modifié sensiblement le regard des africains sur la France et les français. En effet, les africains enrôlés dans l’armée française pour combattre l’Allemagne ont pu s’apercevoir que ces « Blancs » qu’ils croyaient invincibles au vu de leurs victoires sur les armées africaines lors de la pénétration coloniale ne l’étaient pas.

Au combat, certains soldats africains avaient souvent montré plus de courage et de bravoure que les Blancs.

Pour toutes ces raisons, la France avait besoin d’anticiper sur les choses à savoir concilier son besoin d’exploiter les richesses de ses colonies et l’éveil inévitable des consciences africaines.

La conférence de Brazzaville était donc mue pour les intérêts de la France et non par une volonté de décolonisation dans l’intérêt des africains. Ce n’était donc d’un « réajustement de politique coloniale ».

Le deuxième réajustement de politique coloniale va s’opérer en juin 1956 avec la « loi Gaston Deferre ou loi cadre » suite à la défaite militaire de la France à Dien Bien Phu au Vietnam en 1954 et le mauvais exemple que cela pouvait constituer dans les colonies d’Afriques.
En effet, en 1954 débute la guerre d’Algérie, le Maroc prend son indépendance en 1955 suivie de la Tunisie en 1956. Il fallait donc maîtriser le reste de l’empire colonial constitué des pays d’Afrique noire.
En 1958, avec la poussée grandissante des nationalismes africains, la France décide une nouvelle fois de réajuster sa politique coloniale en inventant « la communauté française » en 1958. Celle-ci fera long feu au grand dam de Félix Houphouët-Boigny qui déclarera, face à l’échec de ce mariage que la « fiancée a été laissée sur le parvis de la cathédrale avec ses fleurs fanées dans les bras ».
En 1960, la France se résout à accorder une indépendance sous contrôle à ses colonies en guise de réajustement de sa politique coloniale.
Les programmes d’ajustement structurels des années 1980 avec le FMI, le discours de La Baule de François Mitterrand en 1989, l’initiative PPTE et les contrats de désendettement actuels, le rapport Védrine, etc. font tous parties des instruments de cette politique de réajustement coloniale de la France.

IV- QUE FAIRE ?
Les constats ci-dessus nous inclinent à déduire que la clé de notre développement passe par « la coupure du cordon ombilical » avec l’ancienne puissance coloniale, la France, et l’affirmation de notre souveraineté comme l’a déclaré le 28 mars 2017 le président guinéen Alpha Condé lors de la Conférence Internationale sur l’Émergence en Afrique à Abidjan.
La France, comme nous l’avons dit plus haut est présente en Côte d’Ivoire depuis 1842 c’est-à-dire depuis 176 ans. Cette présence n’a profité qu’à la France. Il est temps que cela prenne fin.
Le rapport Védrine révèle que « l’Afrique est l’avenir de la France ». Et Félix Houphouët-Boigny se plaisait souvent à dire « Qui tient l’Afrique, tient le monde ».
Qu’avons-nous donc à gagner à assurer l’avenir de la France au détriment de celui de nos pays, de notre jeunesse, et des générations futures ? Pourquoi devons-nous continuer d’être « tenus » par d’autres afin de leur permettre de dominer le monde ?
Dans son ouvrage intitulé « Côte d’Ivoire, l’énigme des 3000 morts – La France au cœur du génocide ivoirien », Lazare Koffi Koffi nous donne une réponse pertinente. L’auteur écrit « Pourquoi la France est-elle la seule nation en Europe à avoir et à entretenir encore, anachroniquement, en ce XXIe siècle, un empire colonial en Afrique ? Pourquoi n’arrive-t-elle pas à se défaire de son carré africain malgré les proclamations des indépendances des États de l’Afrique francophone ? Pourquoi n’arrive-t-elle pas à faire sa mue pour devenir une grande puissance sans arrimer à elle des colonies ?
Réponse : La France veut qu’on la considère comme une grande puissance. Or, son économie est de loin inférieure à celle de l’État de Californie aux États-Unis. Conclusion, sans l’Afrique, la France deviendrait une puissance de troisième rang. C’est une vérité admise et largement partagée désormais par tous les Français. Au sein de l’Union européenne, elle serait derrière la Grèce, l’Italie et l’Espagne et sa voix ne serait plus audible à l’Onu. La France tient tête à l’Allemagne et peut faire passer ses vues grâce au poids économique que représente son empire colonial africain constitué de quinze États aux ressources minières, énergétiques et agricoles importantes qu’elle contrôle ».

Mesdames et Messieurs,
Dans le renouveau et la refondation de notre pays la Côte d’Ivoire, nous les exilés devons prendre notre part, toute notre part.
Ces sept années passées dans l’attente d’un retour dans notre pays, n’ont pas toujours été faciles. L’exil est certes difficile mais il nous permet aussi de découvrir de nouvelles expériences et de nous enrichir des forces de nos pays d’accueil et d’apprendre de leurs faiblesses pour les confronter aux nôtres.
A ce stade de mon propos, je voudrais saluer tous les camarades qui dans cet exil ont abattu un travail remarquable pour produire de nombreux ouvrages traitant de divers sujets.
Dans ce domaine, la palme revient à notre ami, le ministre Lazare Koffi Koffi que je voudrais féliciter pour son abondante et fertile bibliographie constituée de 12 œuvres majeures en sept ans : ouvrages d’histoire, recueils de poèmes, romans, etc. Quelle inspiration ! Bravo monsieur le ministre.
Mes félicitations vont également au Professeur Félix Tano, qui, avec les Professeurs Hubert Oulaye et Raymond Koudou Késsié, à la tête d’une équipe pluridisciplinaire d’universitaires et d’hommes politiques a apporté avec brio la contradiction au Procureur de la CPI et au groupe d’experts de l’ONU avec quatre livres. Merci Professeur et que puisse en souffrir ta modestie.

Le Ministre Koné Katinan avec deux productions déjà sur le marché et une troisième en gestation, nous a apporté des idées novatrices en nous invitant à avoir « l’audace de la rupture ». Merci Katinan de sauver l’honneur des Tagbana (paroles d’un Wê).
La liste n’est pas exhaustive car plusieurs autres exilés ont écrit des ouvrages qui vont seront présentés tout l’heure.

Camarades, mesdames, messieurs,
L’exil est un pèlerinage d’où nous devons repartir enrichis à tous points de vue : intellectuel, spirituel, matériel. Pour cela nous devons avoir et garder une conscience claire des enjeux qui se présentent devant nous.
Nous avons le devoir de rester fidèle au combat du Président Laurent Gbagbo, combat pour lequel, il se trouve aujourd’hui otage de l’impérialisme.
Le meilleur hommage que nous pouvons lui rendre est de resserrer nos rangs autour de lui, de lutter pour sa libération selon nos capacités là où nous nous trouvons.
Taisons nos egos personnels pour être à la hauteur des sacrifices que consent notre Chef pour notre cause commune. Pour cela, nous devons développer certaines qualités qui répondent inévitablement aux exigences de la Côte d’Ivoire nouvelle que nous appelons de tous nos vœux. Ce sont : l’humilité, la patience, la persévérance, l’ouverture d’esprit, l’entente, l’amour et l’amitié, le patriotisme, etc.
Restons unis et vigilants et éveillés. Ne nous laissons pas distraire ni endormir par des considérations futiles. Cela nous évitera le sort de Zakwato que décrit le journaliste écrivain Azo Vauguy dans son œuvre littéraire « Zakwato, pour que ma terre ne dorme jamais ».
En effet, Zakwato, un guerrier, est commis à la tache de sentinelle de son village et posté en embuscade pour signaler l’arrivée des ennemis éventuels. Après avoir longtemps veillé, ses paupières flanchent et il finit par s’endormir. Pendant qu’il dormait, il ne voit pas arriver les ennemis qui surprennent son village et déciment les habitants. A son réveil, il constate la catastrophe. Il se rend alors chez un forgeron et se fait arracher les paupières pour ne plus jamais avoir à dormir. Zakwato !

Je voudrais aussi nous inviter à nous référer au livre de l’Exode dans la Bible. A un moment donné dans la traversée du désert et devant les difficultés, certains israélites avaient commencé à regretter leur vie d’esclaves en Egypte sous le prétexte que là-bas au moins ils avaient à manger, même si pharaon les maltraitait. Plus grave, alors que Moïse, leur leader qui les a sortis d’Egypte, s’était retiré sur la montagne à la rencontre de Dieu pour recevoir de lui les lois devant les guider, le peuple s’est impatienté et demandé à Aaron de leur fabriquer un dieu visible qui marcherait devant eux car ils ne savent pas si Moïse allait revenir. Celui-ci va leur fabriquer un veau d’or qu’ils se sont mis à l’adorer provoquant la colère de Dieu et celle de Moïse à son retour.
Faisons donc attention chers camarades, ne nous fabriquons pas de veaux d’or et détournons-nous tous ces veaux d’or qui pullulent en ce moment en Côte d’Ivoire et qui veulent nous séduire. Ils ne nous mèneront nulle part sinon à la perdition. Restons fidèles, car Moïse va revenir et ce sera très bientôt. Evitons de subir son courroux ou même d’avoir à fuir son regard quand il descendra de la montagne !

Je voudrais nous exhorter à n’avoir d’autre préoccupation que celle de méditer sur les souffrances actuelles de notre peuple et à nous engager dans la lutte pour sa libération totale du joug de l’impérialisme internationale et de ses suppôts locaux.
Pour terminer mon propos, qu’il me soit permis, en guise d’appel, de paraphraser le chant des partisans, l’hymne des Résistants français pendant l’occupation de la France par l’Allemagne nazie.

« Patriote, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines ?
Patriote, entends-tu les cris sourds du pays qu’on enchaîne ?
Patriotes ivoiriens, c’est l’alarme.
Levons-nous au prix du sang et malgré les larmes.
C’est nous qui devons briser les barreaux des prisons pour nos frères.
Il y a des pays où les gens au creux des lits font des rêves.
Ici, nous, vois-tu, nous on marche et on nous tue …
Ici chacun doit savoir ce qu’il veut et ce qu’il fait quand il se lève.
Demain la victoire éclatera au grand soleil sur les routes.
Chantez, Patriotes, dans la nuit la Liberté nous écoute… »

Je vous remercie et vous convie à la prochaine commémoration à Abidjan en 2019.

DANS LA LUTTE ET DANS L’ESPOIR, NOUS VAINCRONS !!!

Fait à Accra, le mercredi 11 avril 2018
Emile GUIRIEOULOU
Président de la Coordination FPI en exil
communiqué par Lazare Koffi Koffi