L’un des leaders des Gilets Jaunes, Eric Drouet, qui avait alors appelé à aller à l’Elysée suite à « l’invitation » de Macron, a appelé l’Acte VI à manifester à Montmartre. Il s’est fait arrêter hier … car la manifestation n’était pas autorisée. La presse reste sur le sujet d’une neutralité toute partisane, les organismes internationaux se taisent, les ONG de défense des droits de l’homme sont trop occupées et la CEDH est simplement absente. C’est vrai, ce n’est pas un Navalny pour s’opposer à Macron et défendre Drouet. Pour parodier La Fontaine, selon que vous serez atlantiste ou souverainiste, les jugements de cour vous rendrons blanc ou noir. Bref, Drouet ne défend pas la « bonne cause ». Il n’a que le peuple avec lui.
Eric Drouet a été interpellé par la police et placé en garde à vue hier à Paris, après avoir appelé à manifester à Montmartre, manifestation dont l’ampleur était de toute évidence une surprise pour le pouvoir, convaincu par sa propre fable, selon laquelle « les Gilets Jaunes, c’est fini« . Le monde réel a rattrapé le virtuel et il a fallu agir en urgence.
Son avocat parle de grossières manœuvres, après avoir trouvé un bout de bois dans son sac:
« Il s’agit d’une manœuvre grossière visant à le discréditer aux yeux de l’opinion publique pour le faire passer pour un vulgaire casseur qu’il n’a jamais été. […] Seul le motif politique explique l’arrestation ciblée, la garde à vue et le détournement de procédure dont est actuellement l’objet M. Drouet. Le seul vrai crime de M. Drouet est de revendiquer une hausse du SMIC ou des référendum d’initiative citoyenne. Et de continuer à les revendiquer par la manifestation, liberté constitutionnelle et figurant parmi les droits de l’homme et du citoyen », a-t-il poursuivi.
Il est difficile de trouver une quelconque réaction en faveur de cet opposant au régime de Macron, une condamnation à cette violation de la liberté de manifester. Rien du côté des grandes consciences de ce monde post-moderne, rien du côté des organismes de défense de ce monde post-moderne, rien du côté des juges garantissant le fonctionnement de ce monde post-moderne. BHL appelle à un soutien inconditionnel à Macron, le Parlement européen se tait, la CEDH détourne les yeux.
Quel dommage, ils étaient tellement beaux drapés dans leurs principes face à Poutine, en défense de Navalny, cet « opposant principal » à moins d’1% d’intentions de vote, qui obtient du vilain régime russe des autorisations de manifester, mais au dernier moment emmène ses gamins ailleurs.
Alors quelle est la différence? Surtout si c’est une question de principe … Car la CEDH l’a bien formulé dans son arrêt Navalny de novembre dernier.
Ainsi, Navany s’était adressé à la CEDH, car il estimait que la Russie avait porté atteinte à sa liberté de manifestation en l’interpellant et en le condamnant à une responsabilité administrative (et non pénale). Et l’on peut y lire le rappel par la CEDH d’une norme internationale, qui sera très intéressante pour le régime de Macron (point 50 de la décision):
Selon les normes internationales, lorsque le régime juridique interne prévoit une procédure de notification, celle-ci devrait avoir pour finalité de permettre aux autorités publiques de faciliter l’exercice du droit à la liberté de réunion. Le défaut de notification aux autorités d’un rassemblement ne le rend pas illégal et ne devrait pas servir de motif pour le disperser. (…)
Intéressant, vous ne trouvez pas?
Voici la déclaration de BFM sur l’interpellation de Drouet, dont la violence a choqué:
Revenons aux Gilets Jaunes. Ce samedi, ils se promenaient absolument pacifiquement, tant que la police n’a pas, malheureusement, été la source de provocations. Quelques provocateurs étaient dans leurs rangs, mais l’on en trouve dans toutes les manifestations. Or, il semblerait que le régime de Macron ait besoin de violence. Car sinon, comment justifier ces actions policières qu’il devient de plus en plus difficile de légitimer ?
Quelle est donc la différence entre Navalny et Drouet? Idéologique.
Navalny se bat contre l’Etat, Drouet et les Gilets Jaunes se battent pour sa restauration, pour la restauration des services publics, des frontières, des hôpitaux, de la sécurité (et pas uniquement sur les Champs Elysées). Navalny se bat pour la globalisation et l’internationale du business, Drouet veut du pouvoir d’achat pour les gens et le droit de vivre dignement, le droit des PMI PME de respirer.
Donc Navalny est soutenu par la « communauté internationale » ou l’internationale droit de l’hommiste et moqué par la population, quand Drouet est soutenu par les gens et oublié par les institutions.
Chaque système politique réagit face à une menace: Navalny, formé aux Etats-Unis, est une menace pour l’institution étatique en tant que telle et le peuple qui a déjà connu le chaos des années 90 n’a aucune envie d’y revenir; Droué, chauffeur routier de Melun, n’a jamais été appelé aux grandes fêtes globalistes d’opposition aux souverainistes à Washington, n’a pas été formé dans les programmes de Yale World Fellows, n’a pas des affaires d’escroquerie en cours suite à des années de business lucratif, il a une certaine vision de ce que le pays doit être, vision partagée par plus de 70% de la population. Et le danger pour le régime de Macron, tout comme pour le système atlantiste globaliste qu’il incarne, est justement là.