Vers une collaboration fructueuse ?
Ou la mise à mort d’Affi en le mettant à nu….
COMMUNIQUE DU FRONT POPULAIRE IVOIRIEN SUITE À L’AUDIENCE ACCORDÉE PAR LE PRÉSIDENT DU FPI, LAURENT GBAGBO, À M. AFFI N’GUESSAN
1. A l’occasion de sa session extraordinaire du vendredi 17 janvier 2020, le Secrétariat Général a entendu le compte rendu de l’audience accordée par le Président Laurent Gbagbo, Président du Front Populaire Ivoirien, à Monsieur Affi N’guessan.
2. En effet, à la demande de Monsieur Affi N’guessan, le Président Laurent Gbagbo, Président du Front Populaire Ivoirien, l’a reçu le 3 janvier 2020, en présence du Secrétaire Général du Parti, le Docteur Assoa Adou.
3. Après les formalités protocolaires d’usage, le Secrétaire Général du Parti, le Docteur Assoa Adou et Monsieur Affi N’guessan, accompagné de Madame Brigitte Kouyo, ont eu des échanges sur la crise survenue depuis 2014 au sein du Front Populaire Ivoirien et la nécessité d’y mettre un terme.
4. Au cours de ces échanges, Monsieur Affi N’guessan a énoncé ses conditions de sortie de crise. Elles portent portent, entre autres, à la fois sur la vie du Parti et sur la prochaine élection présidentielle.
5. Concernant le Parti, Monsieur Affi N’guessan a demandé la tenue d’un Congrès unitaire qui devra reconduire le Président Laurent Gbagbo à la tête du Parti et le nommer 1er Vice-président assurant l’intérim avec les pleins pouvoirs.
6. Concernant l’élection présidentielle de 2020, Monsieur Affi N’guessan a demandé à être le colistier du Président Laurent Gbagbo, si celui-ci est désigné candidat du Front Populaire Ivoirien.
7. Vu les conditions posées par Monsieur Affi N’guessan, le Président Laurent Gbagbo a instruit le Secrétaire Général du Parti, le Docteur Assoa Adou, de mettre en place un groupe de travail à l’effet de poursuivre les discussions à Abidjan avec Monsieur Affi N’guessan.
8. Le Secrétariat Général salue et félicite le Président Laurent Gbagbo pour la hauteur d’esprit dont il a fait preuve.
Fait à Abidjan, le 19 janvier 2020
POUR LE SECRETARIAT GENERAL
Docteur ASSOA Adou
CE QUE JE PENSE APRÈS LE COMMUNIQUÉ DU FPI SUR LA RENCONTRE DE BRUXELLES
Même s’il y a de quoi se poser des questions, ne me demandez pas si on peut avoir confiance en Affi Nguessan parce que la question n’est pas de savoir si on a confiance en un homme ou pas mais plutôt comment on peut sortir d’une situation dans laquelle, en réalité, personne n’a gagné. L’aventure de la collaboration a été politiquement foireuse pour Pascal Affi N’guessan alors que de l’autre côté , au-delà des mobilisations plutôt réussies, le FPI auquel sont restés attachés les militants dans leur écrasante majorité n’a pas réussi à résoudre l’équation Affi. Il est gêné par une décision de justice certes contestable et contestée mais incontournable pour certains actes administratifs, et le choix de Ouattara de faire de ce dernier l’interlocuteur exclusif du régime est un problème supplémentaire
La capacité de nuisance de Pascal Affi N’guessan est donc énorme et illimitée dans le temps que Ouattara est au pouvoir, si rien n’est fait. Il détient les attributs et parle officiellement au nom du FPI, est associé aux « négociations » avec le pouvoir, reçoit des personnalités étrangères et voyage hors du pays où il est reçu en tant que président du FPI. Il a surtout, à travers le financement des partis politiques au titre duquel il perçoit des subventions au nom du FPI, les moyens pour durer dans une logique de défiance permanente alors que le FPI des militants n’a droit à aucune subvention, est obligé d’exister derrière des paravents comme la CNC, le Front Du Refus ou EDS. Et même si le rapport de force sur le terrain de la mobilisation lui est malgré tout largement favorable, il est ostracisé, isolé en tant que parti par les institutions qui ne reconnaissent que Pascal Affi Nguessan.
C’est donc fort de ce soutien que lui apporte Ouattara que l’ancien premier ministre du président Gbagbo a posé des conditions exorbitantes dans leur forme mais irréalisables dans le fond puisque pour avoir été président du FPI, Pascal Affi Nguessan est censé savoir qu’on ne peut rien imposer à un congrès. Cette condition où il demande « les pleins pouvoirs » est irréalisable parce qu’elle violerait les statuts du FPI car un vice-président non élu, choisi par le président, ne peut avoir les pleins pouvoirs, c’est-à-dire des pouvoirs que même le président n’a pas parce que le Fpi est un parti démocratique.
Un vice-président avec les pleins pouvoirs ! Est-ce à dire qu’il n’aurait aucun compte à rendre ni aux militants, ni même au président qui l’aura nommé ? Pascal Affi Nguessan veut-il vraiment l’unité ou essaierait-il de ruser avec le président Gbagbo et les militants du FPI en comptant sur un rejet de leur part pour ensuite se prévaloir de sa « bonne foi » et s’affranchir de l’autorité du président Gbagbo ? En tout cas, ses exigences pourraient le laisser penser mais il faut que tout soit fait pour que les militants se prononcent. Et il est fort peu probable, voire même improbable qu’après s’être rangés derrière le président Gbagbo à un congrès, ils mettent au-dessus de lui un vice-président tout puissant, plus puissant que le président. Affaire à suivre donc.
Alexis Gnagno