Une marche pour protester contre l’irresponsabilité pénale de l’assassin de Sarah Halimi
Depuis le départ, toute cette histoire est pourrie.
Le meurtre de cette femme de 65 ans est pourri, l’assassin est pourri, la non-intervention de la police, pourtant sur place avant le dénouement macabre, est pourrie, l’enquête est pourrie, les expertises des psychiatres sont salement pourries et la décision rendue le 14 Avril 2021 par la cour de cassation est pourrie. Toute cette affaire Sarah Halimi est pourrie, et fait renaître le sentiment que la Justice n’est qu’une illusion, un spectacle de prestidigitateurs déguisés en juges qui jouent avec les mots et interprètent les lois à leur guise en sortant de leur manche des concepts arbitraires à mille lieues de la logique.
Ancienne médecin puis directrice d’une crèche à la retraite, Sarah Halimi avait trois enfants et des petits enfants. Elle vivait dans la discrétion et l’humilité, et dormait cette nuit-là, quand le 4 avril 2017, monsieur Kobili Traore a pénétré chez elle par effraction. Il s’en est pris à elle à coups de poings, il l’a martyrisée, il a fracassé son visage en lui criant « tu vas payer »; et après avoir tenté de l’étouffer, l’assassin a jeté son corps par la fenêtre du haut du troisième étage. Dire que les flics étaient derrière la porte et qu’ils ne sont même pas entrés, sous prétexte queueuh… «il était peut-être armé… » «Euh… Si ça se trouve il avait une bombe… »
Tu parles, Charles, c’est ça oui, par principe on ne sait pas ce qui se passe derrière une porte… Je me souviens que j’avais rencontré l’un des policiers présents sur place cette nuit-là. Certes il ne faisait pas le fier, mais il s’offusquait cependant que l’opinion les eut traités de lâches, lui qui avait quelques mois plus tôt fait partie de ceux qui avaient marché dans les flaques de sang du Bataclan…. Il n’empêche que j’étais scotché par ses piètres arguments tentant de justifier cette non-intervention par la « prudence ». Non mais attends mec, si t’as plus les couilles pour aller sauver une vieille dame agressée chez elle par un satyre, alors que t’es plus d’une dizaine, armés et en gilets pare-balle de l’autre côté de la porte, eh mec, faut tout de suite changer de job…
crime tellement scandaleux, tellement horrible, tellement gratuit, tellement cruel, bête et méchant qu’on a refusé d’admettre qu’il ait pu être commis par un homme « raisonnable ».- Ouais… On est d’accord que c’est « moche », mais de là à parler d’un crime antisémite…
– Ben, l’assassin a quand même crié une dizaine de fois « Allahu Akbar », il y avait son islamisme radicalisé à la suite d’un précédent séjour en prison, il y avait sa fréquentation d’une mosquée salafiste, il y avait l’héroïsation de Daech à l’époque, et plus simplement les mauvaises relations que sa famille, habitant dans le même immeuble entretenait avec la victime : « insultes, crachats, une des filles Halimi traitée de « sale juive » par une des sœurs du suspect…
– Oh… Faut pas exagérer, ça ne prouve rien, vous voyez le mal partout… m’avait dit le commissaire, avant de s’enfermer dans cette posture pourtant si indéfendable qu’on avait été des milliers à manifester entre Nation et République… Alors puisqu’il semblait inconcevable qu’un homme « normal » commette un crime aussi inique, c’est qu’il devait y avoir une autre explication. Très vite la drogue est venue sur le tapis. Comme une « excuse », non, plutôt une « justification ». Ce n’était pas la faute du mec, mais c’était la « faute » du cannabis qu’il consommait régulièrement. Le responsable ce n’était pas l’assassin lui-même, mais le cannabis qui l’avait rendu fou. Trop de bouffées de cannabis l’avaient mené à cette « bouffée délirante » , et c’est elle qui l’avait amené à tuer le grand Satan.
Tu me diras, faut effectivement en tenir une sacrée couche pour imaginer que le Grand Satan ait pu choisir en guise d’enveloppe, celle de cette femme juive de 65 ans toute chétive… Après avoir prévenu sa famille en amont que ce serait « terminé » le soir même, il a pénétré chez elle en passant par le balcon. D’aucuns pourraient y voir une préméditation, mais que nenni, on découvre que les experts, les juges choisissent de ne prendre en compte que le moment lui-même de l’acte. Et vu que, presque stupéfait de son acte stupéfiant, Kobili Traoré reconnaît qu’il était tellement défoncé, qu’il ne comprend pas ce qu’il a fait, juste qu’il a entendu « les voix des démons » qui lui disaient de le faire…(entre parenthèses, les démons qui disent d’aller tuer le diable, c’est pas mal comme argument…) bref on pourrait penser que la consommation de drogue aurait un effet aggravant sur la condamnation, mais soudain on découvre que Non.
À l’arrivée on ne saura jamais; Kobili Traoré ne sera pas jugé, puisqu’il a été reconnu « pénalement irresponsable ». Ce refus public de conduire cet infâme tourmenteur sur le banc d’un tribunal afin de donner au pays l’exemple de ce qui est intolérable, cette décision honteuse est inadmissible, un déni qui blesse non seulement la communauté juive, mais au-delà de l’incompréhension qu’elle génère, cette offense aux valeurs morales républicaines humilie la conscience de la France laïque toute entière.
CharlElie Couture
Environ quinze mille personnes s’étaient déplacées place du Trocadéro devant le parvis des Droits de l’Homme ce dimanche pour manifester contre la décision de la cour de cassation qui entérinait la décision de justice tendant à considérer Kobili Traoré l’assassin de Sarah Halimi comme irresponsable.
Après, les témoignages vidéos de certaines personnalités, projetés sur un écran, après une minute de silence pour la policière égorgée hier à Rambouillet, les gens ont entendu les discours de Jonathan Behar, organisateur de ce rassemblement tentant de galvaniser les foules, puis celui stratège de l’avocat maître Szpiner maire du 16ème arrondissement, puis celui de Muriel Ouaknine-Melki avocat de la famille lucide et clairvoyante, et enfin le long exposé de William Attal frère de la victime, habité comme au premier jour par cette douleur qui ne se taira jamais.
Ils ont appelé à la révision du procès, citant le témoignage de nouvelles personnes à verser au dossier ainsi qu’ont été redit des informations sur les vices de forme et incohérences de l’enquête…
Il faisait beau. L’ambiance était révoltée certes, mais une révolte plus intérieure que spectaculaire, une révolte essentiellement causée par l’incompréhension de la décision de ce non-procès qui arrange un certain nombre de personnes dont les expertises arbitraires n’ont naître que le chaos. Il y avait tellement de monde que je n’ai pas pu atteindre ceux qui m’avaient invité, ni même retrouver ceux avec qui j’avais rendez-vous.
Il faut dire qu’avec les masques c’est un peu difficile de se faire une idée sur qui était qui. Au milieu du sérieux de l’événement je me rappelle de cette annonce venant de l’une des organisatrices visiblement inquiète qui demande : « Y a-t-il un médecin ? Y a-t il un médecin… » Alors je me tourne vers la personne qui m’accompagne et je lui dis : On croirait que c’est un gag… Demander ici, s’il y a un médecin…Attention au mouvement de foule… C’est pas dit qu’il y a un max de maçons, ou d’égoutiers, mais des médecins… Il faudrait surtout préciser quelle spécialité elle a besoin…».
Parfois des harangues fusaient en scansion quand tel ou tel nom était cité, mais majoritairement les gens qui s’étaient déplacés étaient venu chercher une forme de réconfort au sein du collectif, pour partager leur inquiétude de se sentir comme des « exclus de la loi », celle qui est sensée les protéger au même titre que tout citoyen.
Et puis, les enfants sur les épaules ou dans des poussettes, ou les couples âgés se tenant par la main, sont repartis comme ils étaient venus, sagement, sans casser de voiture ni incendier des poubelles. Dans l’espoir que les juges entendent le message qui leur est adressé, sans adopter la posture hautaine du mépris ignorant. Il n’y a pas de honte à se tromper, mais seuls les cons qui ne changent pas d’avis.
CharlElie Couture
Michel Onfray
En ce qui concerne le meurtre en 2017 de Sarah Halimi, 65 ans, la Cour de cassation a confirmé le 14 avril l’impossibilité de juger le meurtrier, compte tenu de l’abolition de son discernement lors des faits imputable à sa consommation de stupéfiants. «On a juste peur de gens qui ont décidé qu’ils ne respecteraient plus la loi. A qui on dit : vous le pouvez, vous êtes en banlieue, vous êtes musulmans, vous avez fumé des pétards, etc.», a commenté le créateur de la revue Front Populaire. «Ce n’est pas un fou, c’est quelqu’un dont on dit qu’il a eu une bouffée délirante consécutive à un pétard […] Il y a juste un moment donné où cela s’appelle de l’antisémitisme et des moments où les bouffées délirantes font faire aux gens ce qu’ils ne feraient pas s’ils n’avaient pas l’aide, soit de l’alcool, soit du cannabis. Je ne pense pas que cela ait rendu ce garçon antisémite, je pense qu’il l’était déjà précédemment», a développé l’essayiste.
RT France :