Toussaint : et votre mort, vous le voulez comment, en poudre ou en bouteille ?
Je vous le disais hier, cette époque est formidable qui nous apporte chaque matin, à l’heure du café et de l’ami Ricoré, son lot de nouvelles plus époustouflifiantes les unes que les autres.
Celle d’aujourd’hui provoque d’ailleurs dans ma cervelle un étrange carambolage. Depuis plusieurs jours, je regarde sur les murs du métro une affiche qui propose « un calendrier de l’Avent avec des bières ». (Une belle idée, non ? Pour être franche, je m’étonne qu’on n’ait pas encore songé à en faire avec des préservatifs, mais je ne désespère pas…)
En fait, ce sont les mots qui se télescopent : la bière, le liquide… Car imaginez-vous que nos amis américains viennent d’autoriser un nouveau mode d’inhumation : la liquéfaction. La mise en bière du liquide, en somme.
Ces gens-là sont pleins d’imagination quand il s’agit de leurs morts, chose qui se comprend aisément dans un pays où l’on se flingue à tout va. Pour se faire une idée : depuis le début de l’année 2017, 11.650 personnes ont été tuées par balle aux États-Unis (sans compter les suicides), et 273 fusillades de masse s’y sont produites. Et donc, disais-je, les options pour envoyer l’être cher sur les sentiers de l’éternité sont plus nombreuses et plus variées que sur notre Vieux Continent.
Au pays de la technologie rayonnante, on peut bien sûr se faire bêtement enterrer ou incinérer comme chez nous, mais aussi se faire cryogéniser (congeler) en attendant un futur rédempteur, se faire carboniser pour devenir un joli diamant synthétique que la veuve noire portera à son doigt et, c’est tout nouveau en Californie, se faire liquéfier.
C’est, explique le New York Times, la technique de l’hydrolyse alcaline : « Le corps est plongé dans un bain chimique alcalin (de l’eau additionnée d’hydroxyde de sodium, d’hydroxyde de potassium ou une combinaison des deux) et, au bout de 3 à 16 heures (selon les machines et le volume du corps), les protéines, le sang et la graisse sont dissous. » Notez, c’est gentil de donner la recette. Ça peut toujours servir.
Ça vous dégoûte ? Moi aussi. On a tort, car « de nombreuses personnes se tournent vers la liquéfaction lorsqu’elles rédigent un contrat de prévention obsèques en raison de son coût plus modéré et de son côté “écolo”. » Et si c’est écolo, hein…
Il paraît que cela consomme peu d’énergie et ne dégage aucune fumée, contrairement à la crémation classique. Pour ma part, j’ai la faiblesse de penser que le plus écolo est encore l’inhumation à l’ancienne, c’est-à-dire l’enterrement. D’autant que je ne suis pas persuadée que les asticots apprécient l’hydrolyse alcaline, mélange d’hydroxyde de potassium et d’hydroxyde de sodium…
Cela dit, en glaçon, en poudre ou en bouteille, les morts sont morts. Alors, honorez-les, et que votre affection les accompagne dans la paix du Seigneur. C’est tout ce qu’on vous/leur souhaite.
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