RHDP: Le coup de Jarnac de Bédié
La comédie a assez duré. Fatigué de jouer le jeu au marché de dupes, Bédié a rompu les amarres en mettant les points sur les «i». Afin de mettre un terme aux spéculations et que nul n’en ignore.
Cette déclaration du 19 avril 2018, Henri Konan Bédié l’a voulue solennelle. Il a pris la parole devant la presse nationale et internationale et il a choisi de s’adresser aux investisseurs ou bailleurs de fonds, aux hommes politiques d’ici et d’ailleurs et à ses alliés au sein du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP, coalition au pouvoir).
Le siège du PDCI-RDA a été secoué par deux manifestations antagonistes.
Alors, pour être bien entendu et très bien compris, il n’a plus voulu cultiver l’ambiguïté après la signature de l’accord politique, non daté, portant sur le parti unifié. Il a ignoré royalement la langue de bois. Pour lever toute équivoque. Henri Konan Bédié a mis donc les pieds dans le plat. Sans s’embarrasser de fioritures.
D’abord, il a tenu à rassurer les partenaires au développement «qui ont fait confiance à notre pays». Contrairement à la rhétorique catastrophiste véhiculée ces derniers jours par des pro-RHDP, il n’y aura pas de problèmes mettant la stabilité du pays en péril si les alliés devaient aller en ordre dispersé aux élections.
«L’existence juridique des partis politiques composant le RHDP n’est pas remise en cause par le déclenchement du processus de création du parti unifié. Cela veut dire que le PDCI-RDA, le RDR, l’UDPCI, le MFA, l’UPCI ne sont pas dissouts. Leurs instances non plus ne sont dissoutes. Ces partis, tout en gardant leur autonomie continuent d’exister et de fonctionner au sein du RHDP», expliquait déjà Kobenan Kouassi Adjoumani, militant du PDCI-RDA et porte-parole du RHDP, le 18 février 2016.
Enfin, la décision de Bédié est arrêtée et irrévocable: qu’il pleuve, vente ou neige, le PDCI-RDA aura un candidat en 2020 à l’élection présidentielle. Avec ou sans la caution des alliés du RHDP.
Bédié évolue ainsi sur trois tableaux. Primo, il joue avec les nerfs d’Alassane Ouattara; ce dernier, ayant la montre à l’effet de parvenir à la naissance du parti unifié avant 2020, Bédié lui oppose le temps et l’émancipation du PDCI-RDA.
Tertio, aux cadres du parti qui œuvrent et manœuvrent activement, sous la poussée du Pouvoir RDR, à l’implosion du PDCI-RDA de l’intérieur, il laisse ainsi le choix de se soumettre ou se démettre.
Car si le PDCI-RDA, qui s’est sacrifié pour le compte du RDR et de son candidat Ouattara en 2010 et 2015, échouait à obtenir le soutien des autres formations à la candidature unique d’un de ses militants en 2020, la démocratie, selon Bédié, triompherait. Au nom de la plate-forme politique conclue le 18 mai 2005 à Paris.
«Pour l’élection présidentielle, proposait-elle, le RHDP reconnaît à chaque parti le droit de présenter son candidat au premier tour. Cependant, les Partis du RHDP s’engagent à soutenir, au second tour, le candidat arrivé en tête des Partis signataires de la Plate-forme».
Or, tel n’est pas l’avis d’Alassane Ouattara. A sa sortie de l’Élysée, ce 20 avril 2018, il a déclaré, ne s’avouant pas vaincu: « Tout le monde pourra être candidat, et on choisira au sein du RHDP. »
Le RHDP est mort, vive le RHDP.
F. M. B.; le journal de ferro